Réda Taoujni, président de l'ASM, estime que le retour d'Aminatou Haidar est un grand échec pour la diplomatie marocaine. ALM : Après 30 jours de grève de la faim, le Maroc a permis le retour d'Aminatou à Laâyoune. Qu'en pensez-vous? Réda Taoujni : Je pense qu'il s'agit en fait d'un grand échec de la diplomatie marocaine. Malgré le fait que ce retour de la séparatiste a sapé un projet des services de renseignements algériens, je pense que si on avait géré ce dossier de manière plus professionnelle, on n'allait pas tomber dans le piège des adversaires de notre intégrité territoriale. Le ministre des Affaires étrangères assume l'entière responsabilité dans cette affaire qui a mis à mal les Marocains. Je vous rappelle qu'au moment où Aminatou Haidar avait refusé de remplir les formalités à l'aéroport de Laâyoune, ce ministère avait informé les ministres des Affaires étrangères des autres Etats que le Maroc a expulsé Aminatou Haidar alors que ce n'est nullement le cas. Si ce ministre avait bien expliqué aux autres pays ce qui s'est réellement passé, nous ne serions nullement à ce stade. En plus durant la crise, les ambassadeurs du Maroc à l'étranger ne savaient quoi dire de l'affaire. Le Maroc a été mis à mal devant la suprématie algérienne et devant la suprématie de la société civile pro-Polisario. ça fait plus de dix ans que je me bats pour que le Maroc adopte une politique plus adaptée pour renforcer son lobby dans l'affaire du Sahara. Mais malheureusement, la médiocrité se poursuit. Le ministre des Affaires étrangères doit démissionner de ses fonctions. Que fallait-il donc faire, selon vous, dans ce dossier? Il n'est nul besoin de rappeler qu'Aminatou Haidar a insulté un officier de police marocain. Aminatou Haidar a jeté son passeport marocain devant le procureur du Roi à l'aéroport de Laâyoune. Cette séparatiste a renoncé d'elle-même à sa nationalité marocaine. Elle a en plus choisi volontairement de retourner aux Îles Canaries. Le problème c'est que le Maroc n'a pas bien expliqué cet état de choses à la communauté internationale. Ce qui va se passer dans les jours à venir est encore pire. Au lendemain de son arrivée au Maroc, la renégate est montée au créneau pour affirmer qu'elle n'a pas cédé au Maroc et qu'elle poursuivra son combat au service de l'Algérie contre le Maroc. Désormais, les autorités marocaines sont dans l'embarras. Elles ne sauront quoi faire contre cette séparatiste à la solde de l'Algérie. Si elles la mettent en prison ça sera un problème et c'est d'ailleurs ce qu'elle cherche. Si elles la laissent faire ce qu'elle veut au nom de la liberté d'expression c'est un autre problème. Le problème est réel. Pensez-vous donc que le retour d'Aminatou Haidar est une victoire de la diplomatie algérienne? Je dis que la diplomatie algérienne doit être une référence pour son homologue marocaine ne serait-ce qu'en ce qui concerne le dossier du Sahara. Nous voulons une diplomatie très forte qui défend notre position. Le rôle du ministère des Affaires étrangères et celui des ambassades marocaines à l'étranger sont à revoir de manière radicale. L'affaire du Sahara est une affaire vitale pour les Marocains. Qu'allait-il arriver au pire des cas? Que la séparatiste Aminatou Haidar meurt. Et alors? Des milliers de braves soldats marocains ont perdu leur vie au champ de bataille pour défendre la marocanité du Sahara. Aminatou Haidar est actuellement sur le territoire marocain. Que faut-il faire d'elle? Aminatou Haidar est actuellement en convalescence chez elle. Une fois rétablie, cette séparatiste va certainement refaire des siennes. Que tout cela cesse! Aminatou Haidar doit faire son choix. Soit elle est marocaine, et qu'elle sache donc que la citoyenneté la met devant des devoirs à respecter. Soit qu'elle n'est pas marocaine, et c'est le cas d'ailleurs, et que les autorités algériennes lui délivrent, ainsi, un passeport et qu'elle aille à Tindouf. Il n'y a pas de position médiane. Il faut mettre cette renégate devant sa responsabilité. On nous dit aujourd'hui que l'Espagne a reconnu pour la première fois l'applicabilité des lois marocaines sur le territoire du Sahara. Je vous promets qu'il ne s'agit là que d'une manœuvre de l'Espagne pour se débarrasser de la séparatiste. Les dirigeants des partis politiques marocains ont déclaré le contraire de ce que vous dites au lendemain du retour d'Aminatou Haidar. Que répondez-vous à cela? C'est très simple à expliquer. Certains partis politiques marocains ont des positions opportunistes. Au départ, ils disaient une chose et après ils ont changé carrément de discours. Ceci dénote du fait que ces partis n'ont pas des positions de principe. Ce sont en quelque sorte des béni-oui-oui. Le militantisme de certains partis politiques marocains, si militantisme il y a, sert tout simplement les intérêts personnels de leurs dirigeants. Il leur manque énormément la fibre nationaliste.