Le séminaire sur le marché de l'emploi maghrébin, organisé par le cercle des jeunes économistes, a démarré hier à l'hôtel Tour Hassan de Rabat. À cet effet, plusieurs participants (experts des marchés du travail) d'Algérie, du Maroc et de Tunisie ont confronté leurs analyses sur la structure et les tendances marquantes de l'emploi dans l'espace maghrébin. Les premières réflexions émises dans le cadre de ce séminaire, qui devrait se poursuivre jusqu'au vendredi 29 Janvier, montrent que les grands défis auxquels le Maghreb aura à faire face sont essentiellement similaires dans les trois pays que sont l'Algérie, le Maroc et la Tunisie. Les experts ont d'abord émis le constat selon lequel, de façon générale, le besoin en matière d'emploi est grandissant et peine à être résorbé, quoique ces pays connaissent une bonne croissance économique. Parmi les grandes tendances, une arrivée de plus en plus massive des femmes sur le marché du travail est également constatée dans l'ensemble des pays. Chômage quand tu nous tiens ! Le taux d'activité des femmes est, aujourd'hui, de 15,1% en Algérie, 26,6% au Maroc et 25% en Tunisie. Néanmoins, le chômage continue à frapper de façon beaucoup plus importante la population des femmes et des jeunes. Ainsi que l'a souligné Habib El Malki, président du Centre marocain de conjoncture (CMC), «les jeunes en quête de première expérience s'insèrent difficilement sur le marché, ce qui démontre également que la croissance économique actuelle n'est pas forcément synonyme de création d'emplois». S'agissant du chômage des femmes, il est de 17,4% en Algérie, 9,8% au Maroc et 17,9% en Tunisie, ce qui fait du Maroc le pays maghrébin où la discrimination de genre est la moins importante. Autre paradoxe du marché de travail, estiment les experts présents au séminaire, c'est qu'aujourd'hui, les sans diplômes et les faiblement diplômés s'insèrent plus facilement que les détenteurs de diplômes d'études supérieures. Mais, selon Mohamed Bensaid, professeur à l'Université Mohamed V de Rabat, cela est surtout dû à l'inadéquation entre certains types de diplômes et les besoins du marché de l'emploi. À côté de ces réalités, une grande disparité intra-régionale est aussi constatée dans l'ensemble des pays. Toutefois, si tous les défis en matière d'emploi sont identiques dans l'espace maghrébin, comme l'indique Habib El Malki, il n'en reste pas moins que les solutions préconisées ont, jusque-là, été nationales. Les séminaristes espèrent donc que leur réflexion commune sera une impulsion de plus pour qu'émerge une approche régionale.