Les actions en faveur de l'amélioration du climat des affaires repartent de plus belle. Après une période de flottement, due principalement au changement de gouvernement, le Maroc reprend son baton de pèlerin pour offrir un meilleur environnement aux investisseurs nationaux et étrangers. Une première réunion du ministre des Affaires générales et de la gouvernance, Najib Boulif, a eu lieu il y a quelques jours avec les membres du Comité national de l'environnement des affaires (CNEA) ainsi que des représentants du secteur privé. Selon les premiers échos, cette réunion a servi à dresser les priorités qui doivent être mises en valeur, en prélude à une prochaine réunion, devant selon nos sources se tenir durant les premières semaines du mois de mai, avec le chef de gouvernement. C'est cette rencontre qui permettra d'arrêter le plan d'action final pour la période 2012/2013. La grande nouveauté de cette feuille de route serait la mise en place de mesures permettant de baser l'approche marocaine sur le principe de la régionalisation. «L'objectif est de se rapprocher davantage des attentes des régions et ne plus rester concentré sur l'axe Casablanca-Rabat», explique-t-on auprès du CNEA. Administratif et juridique en tête de liste Cela fait logiquement suite aux orientations de la nouvelle Constitution qui instaure le principe de régionalisation avancée et qui s'impose par le fait que l'ensemble des régions du Maroc n'ont pas les mêmes besoins que ceux de l'axe, plutôt développé, de Casa-Rabat. Plus globalement, «les réalisations faites jusque-là se doivent d'être renforcées à travers des efforts dans le sens d'une plus grande harmonisation des procédures administratives liées à l'investissement, d'une part, et à l'amélioration de leur transparence, d'autre part», note-t-on auprès du gouvernement. Le plan d'action qui sera arrêté avec le chef de l'Exécutif devrait ainsi traiter des mesures à même d'améliorer le climat des affaires via l'actualisation du cadre juridique, l'amélioration des procédures administratives. Dans ce sens, parmi les mesures promises par l'Exécutif figurent l'amélioration du cadre foncier et du renforcement de l'application de la législation relative, notamment, à la propriété intellectuelle ainsi que la promotion de la médiation et de l'arbitrage comme modes de règlement des différends entre les investisseurs étrangers et l'Etat. L'Exécutif semble également placer la coordination institutionnelle en tête de ces priorités. C'est notamment le cas dans le domaine de la promotion de l'investissement où l'Etat devrait mettre en place des mécanismes permettant de coordonner les actions de l'AMDI et celles des CRI. Rappelons à ce titre que le porte-parole du gouvernement a annoncé la semaine dernière une prochaine refonte du cadre légal de l'AMDI. Le ministère de l'Intérieur a déjà lancé un appel d'offres pour sélectionner un accompagnateur pour la réforme des CRI [Cf lesechos.ma]. Le volet réglementaire devrait par ailleurs inclure le développement des partenariats public-privé. Ce point fait déjà l'objet d'un projet de loi en cours d'élaboration qui devrait, entre autres, permettre l'élargissement du champ d'action des PPP et une meilleure évaluation de leur impact. Ne pas rester le nez collé sur les classements Cela dit, le nouveau plan d'actions 2012-2013 sera surtout une occasion de se pencher plus concrètement sur les problématiques des entreprises marocaines. D'ailleurs, propose Brahim Qermane, chargé de mission auprès du chef de gouvernement au sein du Comité national de l'environnement des affaires : «Ce qu'il faut surtout retenir c'est que les mesures à mettre en place devront, en premier lieu répondre aux réalités du terrain dont souffrent essentiellement les entreprises marocaines». En d'autres termes, bien que les efforts initiés en matière d'amélioration du climat des affaires sont considérés comme une priorité pour améliorer l'attrait des investisseurs étrangers, il ne faut plus rester concentré sur les moyens à même d'améliorer le classement du Maroc dans les différents rapports internationaux, notamment le Doing Business, mais surtout commencer par répondre aux problématiques que vivent au quotidien les entreprises marocaines. Parmi celles-ci, figure en effet l'accès au financement. «Dans le domaine de l'accompagnement des PME, les défis à relever portent, notamment, sur l'amélioration de l'accès au financement à travers le renforcement du système des garanties et l'éducation financière des entreprises ainsi que sur la promotion de l'innovation», fait-on savoir auprès du gouvernement. C'est une conséquence des recommandations adressées dans ce sens par l'OCDE en 2011. En attendant la réforme de la justice Le capital humain constitue une dimension importante dont l'impact sur le climat des affaires est multiple. L'Exécutif semble en avoir conscience en prévoyant le renforcement des efforts de coordination et de synergie entre les politiques d'éducation, de formation et d'emploi. Cela rend nécessaire le renforcement de l'apprentissage et de la formation en cours d'emploi ainsi que le développement des compétences en adéquation avec les besoins des entreprises et des métiers mondiaux du Maroc. Une fois que l'ensemble des mesures annoncées seront mises en place, il restera au gouvernement de mettre en œuvre sa réforme de la justice. Ce sera là certainement le chantier le plus complexe à concrétiser et dont le retard continuera à pénaliser le Royaume, particulièrement en termes d'attrait pour les investisseurs étrangers.