La Commission nationale de l'environnement des affaires (CNEA) a tenu un colloque introductif sur ses missions et ses actions futures jeudi dernier à Casablanca. Au menu, identifier et mettre en œuvre les lignes de forces permettant d'assainir le climat des affaires au Maroc. Cette rencontre a été présidée par Nizar Baraka, secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre chargé des Affaires économiques et générales. «C'est une initiative du gouvernement pour consolider les acquis en matière de modernisation et poursuivre notre action pour favoriser l'investissement au Maroc», s'exprime Nizar Baraka. Mais comment fonctionnera cette commission ad hoc? Elle est constituée de trois organes, à savoir les groupes de travail chargés de préparer les projets de réforme, les équipes projets responsables de leurs mises en œuvre, et le comité technique de préparation et de suivi technique. Des réunions sont prévues chaque trimestre pour coordonner l'action future de la commission. La CNEA aura pour ligne d'action l'amélioration de manière durable et transparente du climat économique et juridique des affaires au Maroc. Elle décline son action en s'attelant en premier lieu à quatre objectifs prioritaires. La célérité, cette grande absente La CGEM, associée à cette dynamique, apporte dans ce sens sa force de proposition sur la table. Cependant, Mohamed Horani, président de la Confédération patronale, pense qu'une approche duale aurait dû être préconisée. «On doit partir de ce qui se pratique au sein des entreprises et dans le monde des affaires pour ensuite procéder à une formalisation de ces pratiques», explique-t-il. «Une telle approche aurait eu plus de sens car elle correspond davantage à la réalité de l'environnement des affaires», lance Horani. En somme, c'est d'une approche scientifique que la CGEM veut parler. Basée sur la théorie de l'essai et de l'erreur, cette approche est celle utilisée par la majorité des pays anglophones, notamment les USA. L'argument du patron de la CGEM est défendable dans la mesure où la CNEA entend mener ses rectifications sans aucun pouvoir décisionnel. Elle aura recours aux canaux légaux traditionnels pour faire adopter les amendements qu'elle recommandera. Ce qui hypothèque sérieusement sa vitesse d'action. Fathallah Sijilmassi, directeur général de l'Agence marocaine de développement des investissements (AMDI), pense que l'environnement post-crise que vit l'UE est propice. «Nous devons cependant agir vite, voire intégrer la vitesse comme paramètre de compétitivité», pense le DG de l'AMDI. En effet, le phénomène d'attraction du marché directeur sur les entreprises, notamment françaises et espagnoles, joue en notre faveur. En outre, la CNEA doit intervenir rapidement sur les facteurs d'ancrage national en matière de tradition juridique opaque et multi procédurale. Autrement, le vent risque de tourner. Nota bene La CNEA a fixé douze chapeaux d'action qui constitueront l'ensemble de ses domaines d'intervention. De plus, elle a assorti chaque réforme d'indicateurs chiffrés. Ceux-ci permettront de vérifier et l'avancement et l'impact de ces actions prioritaires. Ce qui semble réjouir quelque peu Mats Karlson, directeur Maghreb au sein de la Banque mondiale :«Nous sommes satisfaits de cette démarche, spécialement la mise en place d'indicateurs et de tableaux de bord», déclare-t-il dans son mot de conclusion. Reste la mise en application qui ne sera pas une tâche facile, à moins de s'y mettre tous. «Message in the bottle». Nizar Baraka,Ministre des Affaires économiques et générales Les Echos : Comment la CNEA envisage-t-elle de procéder pour identifier les dysfonctionnements qui touchent le climat des affaires ? Nizar Baraka : La Commission nationale de l'environnement des affaires va s'atteler à un travail de simplification de certaines procédures complexes. Pour cela, nous avons associé à cette démarche le maximum d'experts. Notre but est de faire un repérage exhaustif des différents dysfonctionnements et de proposer un ensemble de mesures concrètes. Comment allez- vous concrétiser le partenariat public-privé au sein de la CNEA ? Nous allons auparavant capitaliser les réalisations effectuées par les acteurs institutionnels. Dans cette optique, nous avons opté au sein de la Commission nationale de l'environnement des affaires pour la transversalité des approches et l'instauration d'une transparence entre les pouvoirs publics et le secteur privé. Aujourd'hui, nous pouvons mesurer l'engouement affiché par les opérateurs du terrain vis-à-vis de cette démarche. Et nous sommes à l'écoute de leurs propositions et suggestions. Concrètement ou sera appliqué l'action de la CNEA ? La CNEA se positionne dans une logique de concertation entrepreneuriale, parce que nous voulons agir sur les lois qui apporteront une plus-value tangible sur le terrain. Nous sommes au fait du déphasage qui existe entre la réalité du terrain et les attentes des investisseurs. Objectivement, nous allons réguler et réglementer l'environnement des affaires à travers des mesures peu procédurales. Nous nous attribuons un rôle de contrôle sur les abus administratifs, en mettant en oeuvre une écoute active des doléances des investisseurs et des entrepreneurs.