Le Maroc obtient gain de cause quant à la méthodologie adoptée par la Banque mondiale pour le classement Doing Business. L'occasion, pour Le Soir échos, de recueillir les explications de Brahim Qermane, chargé de mission auprès du chef du gouvernement au sein du Comité national de l'environnement des affaires (CNEA), sur le rôle de cette entité et son nouveau plan d'action, qu'il nous dévoile. Après plusieurs réclamations du gouvernement marocain quant à la méthodologie adoptée par la Banque mondiale (BM) pour l'établissement du classement publié dans le rapport annuel Doing Business, le Maroc obtient gain de cause. Cette réussite n'est pas due à une modification quelconque de la méthodologie de la BM mais plutôt à l'effort de communication consenti par le Royaume auprès de cet organisme mondial. Les propos de Nizar Baraka, ministre chargé des Affaires économiques et générales, sont absolument clairs à ce sujet. À l'occasion d'une conférence annonçant les résultats du rapport, le ministre a expliqué que ce «bond dans le classement découle tout d'abord d'un changement d'approche. Celle-ci est passée de la contestation à l'action. Mais aussi en adoptant une logique de ciblage pour l'amélioration du climat des affaires». En marge de cette conférence, Brahim Qermane, chargé de mission auprès du premier ministre au sein du Comité national de l'environnement des affaires (CNEA), revient, pour Le Soir échos, sur la fonction de ce comité dans l'amélioration du classement. Quel a été le rôle du CNEA dans l'amélioration du classement du Maroc ? Si le Maroc a gagné aujourd'hui 21 places jusqu'à devenir le meilleur réformateur au niveau mondial dans le domaine des affaires, c'est grâce à deux éléments. En premier, il existe une infaillible volonté politique de s'inscrire dans une logique d'action pour s'assurer de l'impact immédiat des réformes sur la vie du citoyen, de l'entrepreneur et de l'investisseur, qu'il soit marocain ou étranger. En second lieu, il faut souligner le nouveau paradigme qui régit la gouvernance des réformes au Maroc. Le CNEA fonctionne selon un partenariat public /privé avancé, qui dépasse le cadre habituel du dialogue mixte, pour encourager une étroite collaboration et responsabiliser l'ensemble des promoteurs de la réforme. Ainsi, grâce à l'implication directe du secteur privé, nous sommes en mesure d'identifier précisément les contraintes liées au climat des affaires et d'y répondre de manière pragmatique. Au cours de l'année dernière, le gouvernement a contesté la méthodologie adoptée par la BM. Croyez-vous que l'amélioration du classement est tributaire d'un changement de méthode ? La méthodologie appliquée par la BM est commune aux 183 nations du classement Doing Business. C'est cette approche indépendante et neutre qui permet d'établir ce benchmark mondial, concernant le climat des affaires, devenu une référence pour les investisseurs internationaux. Le résultat du Maroc est la conséquence directe des réformes menées par le gouvernement. Il faut également reconnaître les vertus de la démarche participative mise en place par le CNEA qui associe les secteurs public et privé dans le processus de réformes. L'appropriation de ces réformes par le privé a permis assurément une meilleure communication avec les évaluateurs de la Société financière internationale (SFI). Par ailleurs, une délégation issue des secteurs public et privé a été mandatée au siège de la Banque mondiale pour expliciter et promouvoir les nouvelles réformes mises en œuvre au Maroc. Il est, en effet, impératif dans une conjoncture économique internationale tourmentée, de faire connaître à nos partenaires les réformes déployées par le gouvernement pour se hisser au niveau des meilleures normes internationales en matière de climat des affaires. Le CNEA est composé de membres issus du public et donc d'élus, ainsi que des membres provenant du secteur privé. Selon vous, quel sera l'impact d'une modification de la composition du gouvernement ? Il est évident que le CNEA a bénéficié depuis sa création du soutien inconditionnel du chef du gouvernement et du leadership de son président opérationnel, le ministre des Affaires économiques et générales. Cependant, le Comité, qui est aujourd'hui ancré dans le paysage institutionnel marocain, tire sa légitimité du travail accompli par ses membres qu'ils proviennent du public ou du privé, et par les équipes du secrétariat permanent, composées de spécialistes des affaires avec une expérience internationale et une compréhension des contraintes de l'entrepreneur et de l'investisseur. Par ailleurs, il faut rappeler que l'amélioration de l'environnement des affaires s'inscrit dans la continuité et la durée. Je suis confiant dans la dynamique réformatrice qui anime le Maroc, seul capable de relever le défi de la compétitivité et du développement économique et social. In fine, le CNEA est probablement le reflet de l'ambition économique et de la volonté politique du gouvernement, quel qu'il soit. Quels sont les chantiers sur lesquels le CNEA compte travailler au cours de l'année prochaine ? Le plan d'action 2011-2012 comporte plusieurs chantiers qui s'inscrivent dans une logique de continuité des réformes. Il s'agira donc de poursuivre la simplification des procédures administratives à travers la dématérialisation et la mise en ligne de nombreuses formalités relatives à l'entreprise. Nous avons introduit de nouvelles thématiques complexes, à l'instar de l'accès au foncier, qui requiert la refonte des procédures d'instruction, d'autorisation et d'enregistrement. Nous nous attelons également au chantier de la régionalisation pour accompagner l'esprit de notre nouvelle Constitution et mettre en application les nouvelles attributions de nos régions et de nos territoires. Ainsi nous étudions la mise en place des Crea – Comités régionaux de l'environnement des affaires – pour mesurer les réalités vernaculaires de chaque territoire. Le principe de subsidiarité appelle une gouvernance locale des réformes sans occulter la nécessaire harmonisation des procédures et la coordination des politiques économiques au niveau national. Nous voulons offrir à l'entrepreneur et à l'investisseur un traitement homogène et cohérent, qu'il s'adresse à Casablanca, Oujda ou Tanger. Enfin, le CNEA poursuivra la réforme judiciaire, notamment en matière de règlement des litiges commerciaux grâce à la promotion de l'arbitrage et de la médiation comme modes alternatifs de résolution des conflits.