Dans le cadre de ses rendez-vous scientifiques annuels, l'ESIG Casablanca a organisé, vendredi dernier, un colloque consacré à la question de la responsabilité sociale de l'entreprise, abordée sous le prisme du «management responsable» et son rôle dans la «création de valeur» dans l'entreprise. Suivant la définition retenue par le comité scientifique, deux conceptions différentes de la valeur seraient en jeu, la «valeur actionnariale» d'une part, qui serait le produit d'une «vision homogène du management, et fondée sur la logique du marché financier», aujourd'hui «contestable et incompatible avec l'influence (...) des parties prenantes et de l'opinion publique» (rémunération exagérée des patrons, par exemple), et d'autre part, la «valeur partenariale», comme conséquence du «passage d'une vision moniste et restrictive centrée sur la relation dirigeant-actionnaire à une logique pluraliste et systémique de l'organisation». Par la prise en compte de cette nécessité, le colloque se donnait ainsi comme objectif final de savoir «dans quelle mesure l'adoption des politiques de RSE est à même d'insuffler une vision partenariale compatible avec un objectif de création de valeur, et susceptible de jeter les bases d'un modèle de management responsable». La RSE, une question de gouvernance. Dépouillée de la mainmise de la finance sur la gouvernance d'entreprise, la RSE prend tout son sens dès lors que les facteurs humain et environnemental sont implémentés à la grille de lecture de l'organisation de l'entreprise, dans sa relation avec les différentes parties prenantes. Ainsi, comme le résume Pierre Gensse, professeur des universités IAE de Nice Sophia Antipolis, la mise en place d'une démarche RSE dépend fondamentalement de la typologie de la firme. Pour une gouvernance d'entreprise de type «domestique», où la firme est «non financiarisée», la RSE est plutôt «paternaliste», alors que pour une organisation «technocratique», où en revanche la firme est «faiblement financiarisée», la RSE revêt un caractère «négocié». Il n'y a que pour les organisations «fordiennes», hautement «financiarisées» que la RSE serait «limitée», voire illusoire, selon Gensse.