58% des 653 internautes ayant participé à la consultation online de Flm ont indiqué croire en la saisonnalité des performances en Bourse. A contrario, ils sont 42% à ne pas croire en l'existence de ce phénomène. En effet, l'historique de la Bourse de Casablanca, après la réforme des années 90, a été jalonnée de certains phénomènes saisonniers dont certains ont disparu quand d'autres survivent encore. Ainsi, le vendredi était synonyme de hausse des cours vu sa coïncidence avec le calcul des VL des OPCVM actions. De même, le Window Dressing était censé pousser les cours à la hausse, fin juin et fin décembre. Enfin, ramadan et août étaient souvent des mois de pause vu la période de congés. Toutefois, la majorité de ces phénomènes ont été lissés car les boursicoteurs les avaient repérés pour en profiter, ce qui a renchéri le coût du Window Dressing par exemple, réduisant son attractivité. C'est dans ce contexte que la saisonnalité qui semble persister est celle de la version marocaine du Sell in May and go away. En effet, en l'absence de possibilité de shorter le marché actions, l'investisseur ne peut profiter d'un mouvement baissier, à moins d'y programmer l'implémentation de son portefeuille. Ainsi, entre le 27 avril et le 15 mai, le MASI a cédé 4,3%, ce qui a ramené la performance 2018 YtD de 5,4% à 0,89%. Il s'agit donc d'une baisse récurrente en cette période car, en mai 2017, le MASI avait déjà corrigé de 0,5% contre 2,2% en 2016 et 2,3% en mai 2015. En particulier, les investisseurs ont souvent tendance à ajuster leurs portefeuilles et positions entre le mois de novembre et le mois d'avril inclus. Surtout, en avril, les résultats annuels sont connus et analysés avec un ajustement des prévisions pour l'année en cours. De plus, cette année, cette saisonnalité a été notamment alimentée par la défiance envers les immobilières, la crainte des effets de l'IFRS 9 sur les banques ainsi que la campagne de boycott de certains produits de grande consommation. Aussi, pour cette version marocaine du Sell in May and go away, nous pouvons rajouter le vase communicant des investisseurs anglo-saxons. En effet, historiquement, à la City, les aristocrates et banquiers préféraient quitter la ville de Londres pendant les premières chaleurs. De ce fait, les banquiers américains prenaient aussi des vacances entre le Memorial Day et le Labor Day (mai et septembre). À l'ère moderne, les traders et les gérants préfèrent toujours prendre les vacances pendant l'été, prenant le soin de ne pas laisser de positions ouvertes. Aussi, sur les marchés occidentaux, les résultats annuels de l'année n-1 et les indicateurs opérationnels du premier trimestre de l'année n sont connus avant le mois de mai. Ainsi, les arbitrages et les ajustements de positions ou de recommandations sont déjà connus. D'ailleurs, selon Investopedia, depuis 1950, le Dow Jones affiche une performance moyenne de seulement 0,3% entre mai et octobre contre 7,5% entre novembre et avril. Notons enfin qu'en juin 2017, 77% des 742 internautes qui avaient répondu à la consultation online de Flm étaient d'accord avec l'adage boursier de Sell in May and go away. Farid Mezouar DG de FL Market La saisonnalité existe-t-elle en Bourse? La saisonnalité existe car les gérants et les institutionnels ont souvent des contraintes calendaires qui imposent l'implémentation durant certaines périodes ainsi que l'extériorisation des plus-values. La communication des réalisations des sociétés ainsi que la publication de la loi de Finances à certaines dates rythment l'évolution de la Bourse. Si les acheteurs sentent que les vendeurs veulent profiter de cette saisonnalité, ils auront tendance à changer de timing d'implémentation. Pourquoi mai est-il un mois souvent à la baisse ? C'est une tendance mondiale qui se transmet par le canal des investisseurs étrangers présents au Maroc, surtout quand la liquidité est faible. Aussi, souvent, c'est la période d'année la plus creuse en newsflow positif car les résultats annuels sont déjà digérés et les prochaines annonces ne sont attendues qu'en septembre. De plus, pour 2018, les prises de bénéfices sont légitimes après plus de deux ans de hausse des cours. l