Entre 2004 et 2013, seules trois années boursières ont clôturé dans le sens inverse au mois de janvier. Pour le reste, la tendance annuelle reflétait toujours celle du premier mois de l'année. Pourquoi ce phénomène et quelle crédibilité faut-il lui accorder ? Plusieurs phénomènes cycliques régissent la Bourse. La baisse estivale en est la plus connue, d'où le célèbre adage : «Sell in may and go away». Traduisez par «vendre en mai pour passer de meilleures vacances», car entre mai et août la Bourse a tendance à entrer dans une léthargie quasi certaine. Un phénomène qui, en plus d'être expliqué par la période des congés, s'explique aussi par le détachement des dividendes qui provoque une baisse mécanique des cours. Mais le phénomène cyclique le plus étrange et énigmatique dans le comportement des cours boursiers est de loin l'effet janvier. Janvier, en effet, est le mois où les valeurs boursières, notamment les petites capitalisations, réalisent les gains les plus appréciables de toute l'année, si hausse il y a. Au Maroc, c'était le cas en 2006 et 2007 où la Bourse a réalisé plus de 10% de ces gains annuels durant le mois de janvier. En 2011 aussi, la baisse du mois de janvier a représenté quasiment la moitié de la baisse annuelle de l'indice. Reconstitution des portefeuilles Mais que se passe-t-il de si particulier dans le comportement des investisseurs et dans le rapport entre l'offre et la demande pour que janvier soit si déterminant dans la tendance annuelle ? La première des raisons est d'ordre fiscal. Les investisseurs, institutionnels ou individuels, se débarrassent des valeurs qui ont subi une dépréciation lors du mois de décembre pour constater des moins-values et optimiser leurs résultats. En retour, on peut présumer que ces actions afficheront de meilleures performances que l'ensemble du marché dans les quelques semaines de janvier qui marquent le début de la nouvelle année. Pourquoi ? Parce que, après ce coup de balai qui voit la liquidité des fonds augmenter en fin d'année, les gestionnaires réinvestiraient, immédiatement en janvier, les sommes perçues à la fin de l'année précédente, d'où une augmentation de la demande en titres boursiers en janvier, et l'augmentation des cours qui l'accompagne. Outre les raisons fiscales, ce phénomène saisonnier peut être expliqué par l'arrivée de cash sur le marché. Généralement, pour profiter des stratégies des OPCVM, beaucoup de particuliers souscrivent pendant les premiers jours de l'année, surtout lorsqu'ils souhaitent garder leurs parts sur l'année. Cela facilite le suivi de la performance. Ensuite, il faut dire que cette période représente généralement celle de primes dans le secteur privé, surtout chez les banquiers, chose qui favorise également l'accroissement des liquidités sur le marché. Ainsi, sur les 10 dernières années, 7 ont vu des mois de janvier haussiers et à chaque fois que le contraire s'est réalisé (2011 et 2013), la bourse a fini l'année dans le rouge. Seule l'année 2009 déroge à cette règle avec un mois de janvier haussier et une année baissière. A noter qu'en 2008, année de pic pour la BVC, le mois de janvier haussier a cédé la place à une année baissière. C'était l'unique fois. Quelle crédibilité donner à ces statistiques ? La faiblesse de l'échantillon (10 observations) ne permet pas de tirer des conclusions viables sur la réalité de l'effet janvier au Maroc. Aussi, les probabilités d'assister à un flux d'informations fondamentales d'ordre capital pendant les mois qui suivent sont toujours importantes. 2008, avec la crise financière internationale ou 2011, avec le printemps arabe, en sont les parfaits exemples. A noter toutefois que ces probabilités atteignent des proportions de 80% sur des marchés à fort historique comme les Etats-Unis, pays où cet effet janvier a été mis en avant la première fois. Mais une chose est sûre concernant le marché boursier marocain : la période entre novembre et avril est historiquement plus rentable que celle entre mai et août. C'est donc sur la première partie de l'année qu'il faut chercher le plus d'opportunités.