Depuis 2004 et l'adoption de la capitalisation flottante dans le calcul des indices, le MASI a connu des mois de décembre en hausse 6 fois sur 9. Et pour cause, les marquages de cours de fin d'année et l'effet janvier qui reviennent chaque année. Retour sur un phénomène récurrent dont les investisseurs particuliers peuvent également tirer profit. Généralement présentée comme la période où les institutionnels effectuent leur nettoyage fiscal et commercial, la période des allers-retours peut également être mise à profit par les petits porteurs pour les mêmes raisons ou tout simplement pour libérer du cash et rafraîchir leurs portefeuilles d'action afin de mieux entamer l'exercice suivant. Il faut dire que l'avantage statistique des mois de décembre tourne en faveur de la hausse avec 66% des mois de décembre en hausse depuis 2004. En effet, en se référant à l'historique des cours, seules les années 2008 et 2012 ont connu des mois de décembre baissiers. Durant ces deux années, les acteurs qui initient habituellement les rallyes de fin d'année étaient eux-mêmes positionnés à la vente. Hormis ces années-là et l'année 2005, qui a connu un mois de décembre stable, les autres cxercices ont vu les cours de Bourse s'apprécier considérablement pendant cette période. L'issue du phénomène semble difficile à prédire, mais son existence n'est plus à démontrer. La logique derrière les allers-retours Les opérations de fin d'année commencent tout d'abord par les allers-retours. Cette pratique consiste, pour un investisseur, à vendre puis à racheter presque au même moment et au même cours des actions de son portefeuille. Pour les investisseurs institutionnels, l'avantage est double : constater des moins-values rattachées à l'exercice fiscal en cours pour réduire l'impôt. Ensuite, constater un nouveau prix de revient, plus bas, pour les actions de leurs portefeuilles. Pour un investisseur particulier, cette opération n'est pas toujours évidente à réaliser car il doit trouver une contrepartie sur le marché pour réaliser son aller-retour. Cela était possible lors des années phares où les sociétés de Bourse pouvaient se porter contrepartie et encaisser des commissions sur l'aller-retour. Aujourd'hui en manque de cash, elles sont moins disposées à offrir ce service. Pour un gérant de fonds, l'opération est plus simple car l'aller-retour s'effectuera entre deux ou plusieurs fonds qu'il gère. Tout ce qui sera demandé à son ou à ses courtiers est de maintenir les cours à des niveaux lui permettant de réaliser l'opération. La période des allers-retours est généralement caractérisée par une hausse importante des volumes de transactions et des cours boursiers qui stagnent, voire qui baissent. C'est d'ailleurs ce que nous avons constaté durant ce mois de novembre où les opérations de reclassements ont commencé plus tôt que prévu, engendrant des volumes importants qui ont dépassé le milliard de dirhams lors de la séance du 27 novembre. Une fois les allers-retours terminés, les fonds d'investissements se retrouvent avec des prix de revient des plus bas possibles, voire proches des plus bas annuels pour certaines valeurs. C'est alors que commence le «window dressing» ou l'habillage des cours. Cette opération a un but purement commercial : les gérants de fonds produisent, en effet, des reportings périodiques sur la composition de leurs portefeuilles à l'intention de leurs clients. Cela peut être trimestriel, semestriel ou encore annuel. Il semblerait, toutefois, que le compte-rendu des opérations, transmis en fin d'année, soit plus attentivement observé que les reportings intermédiaires. Les investisseurs sont alors en mesure d'examiner les informations transmises par les gérants et de prendre leurs décisions d'investissement. Les objectifs du fonds, la stratégie, les commissions, la performance adossée au risque ou les plus grandes détentions y figurent. La performance réalisée constitue une information décisive pour les investisseurs, mais elle est croisée avec l'analyse de la composition du portefeuille qui est également un indicateur permettant de juger des compétences des gérants. Puisque la révélation des titres détenus intervient généralement une, deux, voire quatre fois par an, le gérant est conscient que le reporting fera l'objet d'une attention particulière des investisseurs. Le gérant sait notamment, que si les éléments communiqués ne correspondent pas à leurs attentes, les investisseurs risquent de retirer leurs fonds. Il va donc chercher à faire apparaître son portefeuille sous l'angle le plus convaincant ou le plus rassurant possible, en mettant en valeur les lignes du portefeuille les plus attractives, et en dissimulant celles qui le sont moins. C'est précisément ce type de pratiques que l'on connaît sous le terme d'habillage de portefeuille. Le «window dressing» tend donc à se produire juste avant les périodes de divulgation de la composition du portefeuille aux investisseurs finaux, mais les remaniements de titres détenus par le fonds n'ont pas pour objectif d'en modifier la performance d'ensemble, ce ne sont que des «maquillages». Performances des grands fonds La performance d'ensemble, quant à elle, sera positivement impactée par les marquages de cours qui est la deuxième étape du «window dressing». Ici, les investisseurs institutionnels vont booster les prix des actions, artificiellement, pour afficher des plus-values latentes au 31 décembre. Selon un courtier de la place, «cela peut commencer à n'importe quel moment du mois de décembre. Les gérants se retirent de la vente sur toutes les grosses capitalisations et initient des achats agressifs généralement en clôture pour soutenir les cours. Au 31 décembre, les performances des plus grands fonds sont nettement améliorées. Dès lors, ils présentent à leurs prospects et à leur hiérarchie des performances supérieures à leur benchmark». Les investisseurs particuliers peuvent tirer avantage de cette période en se positionnant à la vente dans les fourchettes hautes des plages de cours des derniers mois. Notre gérant explique le principe : «Pour profiter de ces opérations, les particuliers peuvent se positionner à la vente sur une partie ou la totalité des titres de leurs portefeuilles. Surtout les lignes composées des grandes capitalisations. Ainsi, lorsque les institutionnels se mettent à marquer les cours de clôture, les positions sont dénouées à des prix relativement intéressants». Une pratique qui permet d'alléger les portefeuilles des particuliers et libérer du cash qui sera exploité la saison prochaine. BMCE CGI, ATL : les stars de l'habillage Ce sont généralement les mêmes actions qui sont ciblées par les habillages des cours chaque année. Dans la tendance baissière actuelle du marché, les investisseurs peuvent en profiter pour se désengager parfois à des prix inespérés. On retrouve en tête de liste, l'action BMCE qui, comme par magie, retrouve un cours de Bourse entre 240 et 260 DH chaque dernière semaine du mois de décembre. CGI et Atlanta bénéficient également de ce phénomène. En attendant, les opérateurs profitent du calme ambiant pour faire leurs premiers allers-retours. A l'heure où nous mettions sous presse, des ventes-achats de grandes quantités s'observaient déjà sur Maroc Telecom, Addoha et Attijariwafa bank.