75% des mois de décembre finissent en hausse depuis 2004. Allers-retours, habillages et marquages des cours, des phénomènes récurrents. Depuis 2004 et l'adoption de la capitalisation flottante dans le calcul des indices, le Masi, baromètre de toutes les actions cotées, a connu des mois de décembre en hausse 6 fois sur 8. De même, les mois de janvier ont connu des performances positives 6 fois sur 8 et pour cause, les marquages de cours de fin d'année et l'effet janvier qui reviennent chaque année. Retour sur un phénomène récurrent dont les investisseurs peuvent tirer profit. En se référant à l'historique des cours, seule l'année 2008 a connu un mois de décembre suivi d'un mois de janvier tous les deux baissiers. Durant cette année de panique, les acteurs qui initiaient habituellement les rallyes de fin d'année étaient eux-mêmes positionnés à la vente. L'heure était en effet au désengagement du marché des actions. Hormis cette année-là et 2005, qui a connu un mois de décembre stable, les autres années ont vu les cours de Bourse s'apprécier considérablement. Les opérations de fin d'année commencent tout d'abord par les allers-retours. Cette pratique consiste, pour un investisseur, à vendre puis à racheter presque au même moment et au même cours des actions de son portefeuille. Pour les investisseurs institutionnels, l'avantage est double : constater des moins-values rattachées à l'exercice fiscal en cours pour réduire l'impôt et constater un nouveau prix de revient, plus bas, pour les actions de leurs portefeuilles. Pour un investisseur particulier, cette opération n'est pas toujours évidente à réaliser, car il doit trouver une contrepartie sur le marché pour réaliser son aller-retour. Cela était possible lors des années phares où les sociétés de Bourse pouvaient se porter contrepartie et encaisser des commissions sur l'aller-retour. Aujourd'hui en manque de cash, elles sont moins disposées à offrir ce service. Pour un gérant de fonds, l'opération est plus simple car l'aller-retour s'effectuera entre deux ou plusieurs fonds qu'il gère. Tout ce qui sera demandé à son ou ses courtiers est de maintenir les cours à des niveaux lui permettant de réaliser l'opération. La période des allers-retours est généralement caractérisée par une hausse importante des volumes de transactions et des cours boursiers qui stagnent, voire baissent. Une fois les allers-retours terminés, les fonds d'investissements se retrouvent avec des prix de revient proches des plus bas annuels. C'est alors que commence le Window dressing ou l'habillage des cours. Cette opération a un but purement commercial. Les gérants de fonds produisent en effet des reportings périodiques sur la composition de leurs portefeuilles à l'intention de leurs clients. Cela peut être trimestriel, semestriel ou encore annuel. Il semblerait toutefois que le compte-rendu des opérations transmis en fin d'année soit plus attentivement observé que les reportings intermédiaires. Les investisseurs sont alors en mesure d'examiner les informations transmises par les gérants et de prendre leurs décisions d'investissement. Les objectifs du fonds, la stratégie, les commissions, la performance adossée au risque où les plus grandes détentions figurent. La performance réalisée constitue une information décisive pour les investisseurs, mais elle est croisée avec l'analyse de la composition du portefeuille qui est également un indicateur permettant de juger des compétences des gérants. Puisque la révélation des titres détenus intervient généralement une, deux, voire quatre fois par an, le gérant est conscient que le reporting fera l'objet d'une attention particulière des investisseurs. Il sait notamment que si les éléments communiqués ne correspondent pas à leurs attentes, les investisseurs risquent de retirer leurs fonds. Il va donc chercher à faire apparaître son portefeuille sous l'angle le plus convaincant ou rassurant possible, en mettant en valeur les lignes du portefeuille les plus attractives, et en «dissimulant» celles qui le sont moins. C'est précisément ce type de pratiques que l'on connaît sous le terme d'habillage de portefeuille. Le window dressing tend donc à se produire juste avant les périodes de divulgation de la composition du portefeuille aux investisseurs finaux, mais les remaniements de titres détenus par le fonds n'ont pas pour objectif d'en modifier la performance d'ensemble. Cette dernière, quant à elle, sera positivement impactée par le marquage de cours qui est la deuxième étape du window dressing. Ici, les investisseurs institutionnels vont booster les prix des actions artificiellement pour afficher des plus values-latentes au 31 décembre. Selon un courtier de la place, «cela peut commencer à n'importe quel moment du mois de décembre. Les gérants se retirent de la vente sur toutes les grosses capitalisations et initient des achats agressifs généralement en clôture, pour soutenir les cours. Au 31 décembre, les performances des plus grands fonds sont nettement améliorées. Dès lors, ils présentent à leurs prospects et à leur hiérarchie des performances supérieures à leur benchmark et se font gentiment taper sur l'épaule». Les stars de l'habillage Ce sont généralement les mêmes actions qui sont ciblées par les habillages des cours chaque année. Dans la tendance baissière actuelle du marché, les investisseurs peuvent en profiter pour se désengager, des fois à des prix inespérés. Par exemple, l'action BMCE a coté plusieurs fois entre 240 et 260 DH la dernière semaine du mois de décembre. Selon notre courtier, «l'action s'est beaucoup traitée sous 200 DH cette année et rien n'oblige les gérants à la ramener jusqu'à 240 DH le 31 décembre, mais cela est totalement imprévisible. On en doute chaque année, mais l'histoire tend à se répéter». CGI et Atlanta bénéficient également de ce phénomène. La première s'est appréciée de 18% la dernière semaine de décembre 2011 et la deuxième de plus de 8%. En attendant, les opérateurs profitent du calme ambiant pour faire leurs premiers allers-retours. A l'heure où nous mettions sous presse, des ventes-achats de grandes quantités s'observaient sur Samir et Centrale laitière.