77% des 742 internautes qui ont répondu au sondage online de Flm sont d'accord avec l'adage boursier de Sell in may and go away. 23% des internautes sont toutefois en désaccord avec cette affirmation. Comme la langue de cet adage l'indique, cette saisonnalité est d'origine anglo-saxonne. En effet, à la City, les aristocrates et banquiers préféraient quitter la ville de Londres pendant les premières chaleurs. Aussi, les banquiers américains, prenaient aussi des vacances entre le Memorial Day et le Labor Day (mai et septembre). À l'ère moderne, les traders et les gérants préfèrent toujours prendre les vacances pendant l'été, prenant le soin de ne pas laisser des positions ouvertes. Aussi, sur les marchés occidentaux, les résultats annuels de l'année n-1 et ceux du premier trimestre de l'année n, sont déjà connus avant le mois de mai. Ainsi, les arbitrages et les ajustements de positions ou de recommandations, sont déjà connus. Déjà, selon Investopedia, depuis 1950, le Dow Jones affiche une performance moyenne de seulement 0,3% entre mai et octobre contre 7,5% entre novembre et avril. Au Maroc, pour ce mois de mai 2017, au 24 du mois, la variation affichée du MASI est de -0,4%. En 2016, le mois de mai a connu une baisse de 2,2% du MASI contre 2,3% en mai 2015. En effet, au Maroc, les investisseurs ont aussi tendance à ajuster leurs portefeuilles et positions entre le mois de novembre et le mois d'avril inclus. En particulier, en année normale, au mois de novembre, les contours de la loi de Finances sont connus, notamment au niveau de la fiscalité et de l'impact attendu sur la courbe des taux. Aussi, en avril, les résultats annuels sont connus et analysés avec un ajustement des prévisions pour l'année en cours. De plus, nous pouvons y ajouter le vase communicant des investisseurs anglo-saxons qui peuvent adopter le même comportement sur les marchés émergents ou frontières que celui réalisé sur leurs bourses domestiques. D'ailleurs, la révision trimestrielle du MSCI se passe au mois de mai où souvent les décisions radicales sont prises. Toutefois, dans l'absolu, la martingale existe rarement en finance car l'évolution des cours en Bourse est la somme de décisions individuelles prises selon différents critères. Ces critères peuvent aller de l'analyse fondamentale au chartisme en passant par l'analyse comportementale voire l'implémentation de contraintes externes au niveau de la liquidité. Aussi, la psychologie collective peut aboutir au phénomène de prédiction auto-réalisatrice. C'est notamment le cas quand un style de gestion devient à la mode. Farid Mezouar DG de FL Market Les Inspirations ECO : Que pensez-vous de la saisonnalité en Bourse ? Farid Mezouar : Naturellement, la saisonnalité existe, notamment vu le calendrier de communication financière des sociétés cotées ou de l'agenda d'annonce des chiffres macro-économiques. Toutefois, l'efficience relative des marchés fait que chaque saisonnalité repérée par les investisseurs est souvent lissée car ces derniers ne se privent pas d'exploiter ce biais. Le meilleur exemple au Maroc est celui des vendredis et des VL hebdos des OPCVM actions où la hausse des cours n'est plus systématique. Comment gérer la saisonnalité en Bourse ? L'idéal est d'avoir en tête un portefeuille type basé sur une analyse fondamentale des sociétés cotées, alimentée par un scénario macroéconomique de base. L'horizon d'investissement idéal est celui du moyen-terme avec un œil sur le moyen et long termes pour certaines valeurs qui présentent des opportunités réelles. Le court terme et les saisonnalités potentielles sont autant d'occasion d'implémenter le portefeuille souhaité. Un mouvement vendeur est souvent l'occasion rêvée pour bâtir des positions sur le moyen terme.