À cette question, la majorité des internautes de Flm sondés ont répondu par l'affirmative. 83% des 672 internautes ayant répondu au sondage online de Flm estiment que la performance boursière de 2016 est justifiée. À l'opposé, 17% des sondés trouvent cette hausse des indices exagérée. En effet, au 27 décembre 2016 (date de clôture du sondage), le MASI a affiché une performance, depuis le début de l'année, de 30,5%. En décembre, la performance boursière a été de 9,7%. Ceux qui trouvent cette performance justifiée ont probablement raison car la Bourse a bénéficié d'un contexte favorable. Tout d'abord, la Bourse sortait de 5 années de crise avec une baisse cumulée du MASI, au 31 décembre 2015, de plus de 33% par rapport au pic de janvier 2011. Aussi, la masse bénéficiaire au premier semestre de 2016 (hors Alliances et Samir) a augmenté de 7,7%, confirmant ainsi l'inversion de la courbe des bénéfices obtenue en 2015. De même, les dernières OPV ont été une réussite, à l'instar de Total Maroc ou de Marsa Maroc, qui ont affiché une hausse des résultats semestriels, en 2016, de respectivement 170% et 27,8%. Ainsi, Total Maroc et Marsa Maroc affichent, au 27 décembre 2016, des performances annuelles respectives de 105,3% et 80%. Sur un autre registre, les opérations capitalistiques ont dynamisé le marché, comme la fusion de Lafarge et Holcim, l'annonce de la cession d'une partie du capital de Wafa Assurance par Attijariwafa ou plus récemment la fusion-absorption de Sucrafor par Cosumar. Surtout, à chaque opération capitalistique, la dynamique est donnée par les informations annoncées dans la note d'information, permettant aux investisseurs de saisir la dimension des grands groupes cotés. De même, la tendance globalement baissière des taux après la baisse du taux directeur ainsi que le niveau absolu bas (un 5 ans à 2,7%) a certainement contribué à la tonicité du marché actions. Surtout, cette baisse a eu lieu parallèlement au recul du déficit budgétaire, qui a réduit l'effet d'éviction exercé par le Trésor. Enfin, l'imminence du passage du dirham au taux de change flexible en 2017, a pu inciter les résidents à se tourner vers les actifs boursiers. En effet, un tel passage pourrait se traduire par une dépréciation du dirham vu le déficit commercial important de plus de 160 MMDH en 11 mois. L'anticipation d'une telle dépréciation est doublement positive pour la Bourse. Tout d'abord, les actifs boursiers sont la meilleure protection contre la dépréciation pour les résidents, comme le montre la Bourse égyptienne dont la hausse a sensiblement limité l'impact de la forte dépréciation de la livre égyptienne. Ensuite, les entreprises profitent de la dépréciation du dirham car elle impacte la hausse du prix des inputs quasi-immédiatement et profitant de la compétitivité à l'export. Pour ceux qui trouvent la hausse du MASI exagérée, le P/E (price earning ratio ou ratio cours sur bénéfices, qui jauge de la cherté de la place) estimé pour 2016 d'un peu plus de 20 fois peut calmer les ardeurs d'investissement. Toutefois, malgré la hausse du MASI, ce dernier n'a pas encore retrouvé son niveau de janvier 2011, duquel il est éloigné de près de 13%. Farid Mezouar DG de FL Market Les Inspirations ECO : La reprise boursière est-elle exagérée ? Farid Mezouar : Certaines valeurs ont probablement sur-profité de la tendance haussière du marché, les bonnes nouvelles étant sur-vendues. Toutefois, au niveau global, le jugement est plus nuancé car la Bourse a déjà connu des ratios de valorisation élevés avec des P/E frôlant les 23 fois. En effet, au Maroc, en dehors de la petite fenêtre offerte aux OPCVM ou aux assurances, les résidents ne peuvent investir à l'étranger, ce qui limite l'arbitrage. Aussi, en environnement peu inflationniste, les investisseurs peuvent accepter des rendements nominaux plus faibles. Que faire pour 2017 ? Je conseille davantage le Stock Picking. D'ailleurs, notre portefeuille conseillé à Flm a surperformé le MASI de plus de 16 points de pourcentage en 2016. En effet, indépendamment de la tendance du marché, nous conseillons une méthodologie inspirée de la philosophie de Benjamin Graham. Plusieurs filtres doivent être appliqués aux sociétés cotées dont le premier est la pertinence du modèle économique. Par la suite, les ratios de valorisation retenus seront ceux basés sur les agrégats financiers normatifs ou récurrents. Par ailleurs, la tendance globale sera certainement positive, notamment grâce à la reprise de croissance économique qui devrait franchir le cap des 4% en 2017. l