Alors qu'elle entre bientôt en phase de production, la filiale du groupe Addoha a envoyé une vingtaine de techniciens en formation dans ses cimenteries de Beni Mellal et Ben Ahmed. Aquelques semaines du lancement de la phase de production, l'usine camerounaise de Ciment de l'Afrique (CIMAF) prépase ses ressources humaines. Une vingtaibe de jeunes techniciens camerounais, âgés de 25 à 30 ans et titulaires d'au moins un Brevet de technicien supérieur (BTS), viennent de boucler un stage de formation dans les unités industrielles du groupe au Maroc. «Dans la construction et l'exploitation de l'usine, nous avons besoin de compétences dans différentes spécialités», justifie un cadre de l'entreprise. Pour arriver à la sélection des 20 heureux élus, les responsables de l'entreprise se sont rapprochés de l'administration des institutions d'enseignement supérieur concernées. Les meilleurs étudiants des spécialités cibles ont alors été invités à un entretien avec la direction de CIMAF qui a arrêté la liste finale des promus. «Nous avons voulu volontairement recruter des jeunes n'ayant aucune expérience professionnelle afin de pouvoir les «mouler» à notre convenance», explique une source dans l'entreprise. À leur arrivée au Maroc, ils ont été répartis en deux groupes : l'un à l'usine de Ben Ahmed et l'autre à l'usine de Beni Mellal, deux structures du groupe Addoha. La direction de CIMAF Cameroun indique que dans ces deux sites, ils ont reçu «la formation et l'encadrement adéquats pour faire de CIMAF Cameroun une entreprise garante des normes de qualité, d'engagement et de perfectionnement dans le travail». Un jugement que les intéressés corroborent. «En tant qu'électromécanicien, je suivais en alternance une formation d'opérateur ou «room controler» et une formation de technicien de production ou d'opérateur sur site», témoigne par exemple Alain Joël Kouna Obama, électromécanicien recruté alors qu'il était inscrit dans la filière «génie industriel et maintenance» à l'Institut universitaire de technologie (IUT) de Douala. Revenant sur la consistance de sa formation, il explique : «Comme opérateur, la formation consistait à suivre la conduite de l'atelier de broyage. Quant au technicien de production, il est en quelque sorte l'œil de l'opérateur de la salle de contrôle. Il doit faire des rondes sur site, détecter des anomalies et faire un reporting». Dieudonné Atigmeni vient pour sa part de la filière chimie à la faculté des sciences de l'université de Douala. Il a été formé comme opérateur de laboratoire à l'usine de Béni Mellal. Pour lui, la formation était «impeccable». «Les Marocains ont partagé avec nous tout ce qu'ils avaient comme expérience. Ainsi, le processus de fabrication du ciment a été appris et maîtrisé, de l'extraction de la matière première jusqu'à l'ensachage, étant donné que la formation a eu lieu dans une usine complète». À leur retour au Cameroun, ces jeunes ont directement intégré les effectifs de CIMAF Cameroun, qui emploie actuellement une importante main d'œuvre locale. Selon un membre de la direction de l'entreprise, l'usine dont la construction est en phase de finition, emploie pour l'instant une quarantaine de personnes en emplois directs (dont 4 Marocains) et plus de 200 autres en sous-traitance.Lancés le 19 mai 2012 par Philémon Yang (Premier ministre du Cameroun) et Anas Sefrioui (président du groupe Addoha), l'usine CIMAF de Douala est un investissement de près de 40 millions de dollars pour une production de 500.000 tonnes de ciment par an, extensible plus tard à un million de tonnes. À Douala, cette usine en construction est située à un jet de pierre du chantier du nigérian Dangote Cement qui, pour sa part, entend produire un million de tonnes dans un premier temps avant d'atteindre 1,5 million de tonnes ultérieurement. Ces deux nouvelles venues trouvent sur le marché Cimencam (Cimenterie du Cameroun - filiale du français Lafarge), l'unique producteur actuel, qui, avec une production de 1,6 million de tonnes, ne pourra plus satisfaire la demande estimée à 8 millions de tonnes dès 2015. Thierry Ekouti, Dir.pub-Le Quotidien de l'Economie (Cameroun) Réponse du berger à la bergère Le Gabon et la Guinée équatoriale ont enfin accepté d'ouvrir leurs frontières pour une libre circulation des biens et des personnes. Forts de cette nouvelle donne, les chefs d'Etats et de gouvernement de la Cemac (Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale), réunis en juillet dernier à Libreville (Gabon), avaient fixé à janvier 2014 l'entrée en vigueur de cette libre circulation en Afrique centrale. Mais, le naturel revient au galop. La Guinée annoncer qu'elle n'est plus disposée à appliquer cette mesure. Inutile de dire que cette information provoque une vive réaction de déception de la part des populations des autres pays, et en particulier des Camerounais. Toutefois, certains ont oublié que la décision des autorités équato-guinéennes pourrait être considérée comme une réponse du berger à la bergère. Notamment au Cameroun qui a choisi de ratifier les accords de partenariat économique avec l'Union européenne, afin de permettre l'entrée en franchise de produits occidentaux sur le marché camerounais. Le pays du président Teodoro Obiang Nguema redoute les effets néfastes de cette décision du Cameroun, qui pourrait se traduire par une arrivée massive sur son territoire de produits européens entrés en franchise par le Cameroun. Dans ce cas, ce revirement ne serait-il pas légitime ?