Depuis deux semaines, le ciment produit par la filiale locale du groupe Addoha à Douala est disponible sur le marché. C'est depuis la semaine du 17 au 23 février derniers que les premiers sacs de ciment sortant de l'usine de Ciment de l'Afrique (CIMAF) de Douala sont disponibles sur le marché camerounais, en particulier dans les principales villes que sont Douala, Yaoundé et Bafoussam. Le tout nouveau directeur général de CIMAF Cameroun, le Français Patrick David indique cependant que la quantité mise sur le marché au cours de cette première semaine est assez modeste en attendant que l'usine atteigne son rythme de croisière. «Notre broyeur est opérationnel depuis le mardi 18 février 2014. Vous savez, quand on met un broyeur en marche, on doit s'assurer qu'il fonctionne normalement», explique-t-il avant d'ajouter que «le premier essai s'est déroulé sans problème». Qu'à cela ne tienne, l'on sait que CIMAF Cameroun est construite pour produire 500.000 tonnes de ciment par an, avec la possibilité de doubler cette production si les circonstances venaient à le permettre. Patrick David s'exprimait au cours d'une visite de presse organisée le jeudi 27 février 2014 par l'entreprise pour confirmer le démarrage effectif de ses activités. À cette occasion, Jaouad Ouaazzan, le directeur d'usine a indiqué que cette structure dispose pour ses débuts de deux ensacheuses d'une capacité horaire de 120t chacune. «Elle a également deux silos permettant de faire des stockages intermédiaires et de veiller à ce qu'il n'y ait pas de rupture de stocks», a-t-il ajouté. L'on a également appris que ladite usine occupe 6 hectares (ha) sur les 10 ha de terrain mis à la disposition de cette filiale du groupe Addoha par l'Etat du Cameroun, et qu'elle emploie actuellement quelque 200 personnes, soit 80 en emplois directs et 120 en emplois indirects. Des caractéristiques qui rejoignent celles qui avaient déjà été communiquées le 18 décembre 2013 lorsque les responsables de la société avaient organisé une conférence-débat avec les professionnels camerounais du secteur des BTP, en tant que principaux participants, histoire de recueillir au préalable les préoccupations des utilisateurs du ciment avant l'entrée en service de l'usine. Au cours de ces échanges, CIMAF Cameroun avait indiqué qu'elle avait fait construire sur la rive gauche du Wouri un entrepôt où les clients pourront se ravitailler, évitant ainsi de perdre du temps dans la traversée de l'unique pont du Wouri caractérisé par de célèbres embouteillages, qui risquent d'ailleurs de s'aggraver avec la construction en cours du deuxième pont à quelques mètres du premier. «Jusqu'à ce que les travaux de construction du second pont sur le Wouri s'achèvent, cet entrepôt sera là pour faciliter les transactions et éviter à nos clients de traverser systématiquement le pont et ses embouteillages pour se ravitailler», avait indiqué à ce sujet un cadre de la cimenterie lors de ces échanges. Retardée par une viabilisation du sol finalement plus longue que prévue, l'entrée en service de CIMAF Cameroun va porter la capacité de production de ciment dans le pays à environ deux millions de tonnes par an, car le marché est déjà occupé par Cimencam (Cimenterie du Cameroun), filiale du français Lafarge, qui, avec ses deux usines de Douala et Figuil, produit environ 1,5 million de tonnes par an. Cette production totale devrait même passer très bientôt à trois millions de tonnes dès l'entrée en service de l'usine de Dangote Cement, qui est actuellement en phase de finition à Douala et qui produira un million de tonnes dans un premier temps. Par ailleurs, d'autres cimenteries sont en construction ou en projet. Cimencam entend construire sa troisième usine à Nomayos près de Yaoundé, tandis que deux autres usines sont annoncées à Limbé dans le sud-ouest du pays, sur la côte atlantique. Tous ces projets sont nés à la faveur du lancement de nombreux grands chantiers routiers, énergétiques et immobiliers qui, selon le ministère de l'Industrie, vont porter la demande en ciment à 8 millions de tonnes d'ici 2016. Baisse des prix attendue Thierry Ekouti, Dir.pub-Le Quotidien de l'Economie (Cameroun) Fin du monopole de Cimencam, filiale du français Lafarge. Depuis la mi-février et l'entrée en service du marocain CIMAF, il y a deux cimentiers et trois usines. D'ici peu, le nigérian Dangote Cement va démarrer son usine de Douala. De bonnes nouvelles pour le secteur. D'une part, la stabilité des prix, à défaut de leur baisse par le développement de la concurrence qui arrive enfin sur le marché. Jeudi dernier, lors du lancement de l'usine de Douala, les responsables de CIMAF ont indiqué que le prix du sac de ciment de 50 kg à la sortie de cette usine est de 4.289 FCFA (8,6 dollars), soit moins que le prix pratiqué par la concurrence, qui est d'environ 4.500 FCFA (9 dollars). Et l'on s'attend à de nouvelles baisses avec l'arrivée de Dangote Cement. D'autre part, l'on espère la disparition du problème de pénurie qui fait les bonnes affaires des détaillants. En de tels moments, l'on a par exemple signalé des commerçants vendant le sac de ciment de 50 kg à 8.500 FCFA (17 dollars). C'est ici que les pouvoirs publics sont interpellés pour jouer pleinement leur rôle et faire respecter les prix homologués. Enfin, l'on s'attend à ce que cessent ces importations massives de ciment, pas toujours de bonne qualité et pas toujours aux normes camerounaises, qui inondent les marchés depuis que la crise du ciment a commencé. C'est dire si l'entrée en fonction de cette nouvelle cimenterie apportera plus que les 500.000 tonnes qu'elle produira par an...