Le coût des dégâts du séisme est estimé à 106 milliards de dirhams. Suivez La Vie éco sur Telegram Depuis vendredi soir, le Royaume pleure ses morts après le plus puissant tremblement de terre de son histoire. Une véritable course contre la montre s'est engagée pour venir en aide aux sinistrés. Pour l'heure, le ministère de l'Intérieur a déploré la mort de plus de 2.900 personnes et environ 2.500 blessés. Au-delà de l'aspect humanitaire se pose également la question des conséquences économiques de cette catastrophe. «La région de Marrakech-Tensift Al Haouz dispose d'une superficie de 31.160 km2 et plus de 3,5 millions d'habitants. C'est le cœur de l'industrie touristique qui contribue à 7% du PIB du Maroc, soit plus de 84 milliards de dirhams. À elle seule, Marrakech, le joyau du tourisme, concentre en moyenne 10 millions de nuitées par an pour une contribution au PIB de la région qui dépasse 8,5%», affirme l'économiste Abdelghani Youmni. Selon l'Institut d'études géologiques des Etats-Unis, les pertes économiques liées au séisme représenteront, dans le pire des scénarios, 8% du Produit intérieur brut (PIB) du pays. Cela signifie que le coût des dégâts du séisme est estimé à 106 milliards de dirhams. Face à cette évaluation de l'organisme américain, l'expert déclare qu'il n'est pas encore possible à l'heure actuelle d'estimer avec une grande précision les dégâts occasionnés par le séisme. «Le gouvernement travaille actuellement sur l'évaluation des effets, des besoins et des choix et coûts de la reconstruction. Le séisme a certes frappé une des artères principales du cœur du tourisme au Maroc, mais l'industrie est indemne contrairement au tremblement de terre qui a frappé et paralysé les usines turques en 1999 et en 2023». L'économiste précise par ailleurs que l'évaluation des pertes économiques réalisée par l'Institut américain semble cohérente. «Elle englobe toutes pertes matérielles en termes d'immobilier, bétails, production agricole, recettes touristiques, revenus du travail et aussi reconstruction et réhabilitation des sites culturels et historiques, plus de 27 sur les 48 que compte le pays ». «Le Maroc a entrepris des efforts énormes pour le désenclavement des zones rurales et des villages et petites villes dans les montagnes. Beaucoup d'infrastructures routières ont été endommagées, de même que les milliers de logements que l'Etat va devoir s'engager à reconstruire rapidement pour éviter le syndrome de Haïti et celui de Beyrouth», assène Youmni. Quel impact sur le tourisme ? Après des années Covid difficiles, les professionnels du secteur avaient retrouvé le sourire ces derniers mois. Culminant à 6,5 millions, le nombre d'arrivées de touristes étrangers au Maroc au premier semestre était en hausse de 92% par rapport à la même période en 2022, relève l'Observatoire du tourisme marocain. Avec des recettes en hausse de 69%, à 47,9 milliards de dirhams. Le Maroc s'attendait à accueillir cette année plus de 13,5 millions de touristes étrangers. Mais le séisme pourrait remettre en cause ces prévisions. «La renommée mondiale de Marrakech, sa dimension de ville internationale ouverte sur le monde, son histoire séculaire et l'hospitalité inconditionnelle de ses habitants, feront que la vie reprendra aussi vite son cours», rassure Youmni. «D'ici décembre 2023, un ralentissement n'est pas impossible, car certains médias et des réseaux sociaux se focalisent sur Marrakech, énorme erreur. La ville n'a absolument pas été touchée, à part la Medina et le Mellah. Les autorités de la ville et l'Etat marocain sont en mesure d'effacer les traces du séisme dans la ville et de permettre une rapide reprise de l'activité économique, surtout touristique et artisanale, qui couvre plus de 70% des revenus de la ville et des recettes fiscales de la région», indique l'expert.