L'inflation semble toujours tenace, ce qui laisse envisager un nouveau relèvement du taux directeur lors de la prochaine réunion du Conseil trimestriel de Bank Al-Maghrib, indique BMCE Capital Global Research (BKGR). Après CDG Capital Insight, c'est au tour de BKGR de se livrer au jeu des pronostics concernant la décision de politique monétaire qui sera prise lors du prochain conseil de BAM, dont la réunion est prévue mardi 21 mars. Le département recherche de la banque d'affaires table également sur une nouvelle hausse du taux directeur, dans une fourchette comprise entre 25 et +50 pbs. «Face à un environnement international toujours instable et à une persistance des tensions inflationnistes, la banque centrale devrait poursuivre son action volontariste contre le renchérissement des prix afin de maintenir le pouvoir d'achat de la population sans pour autant freiner la croissance de l'économie du Royaume», souligne BKGR dans une note datée de ce jeudi 16 mars. D'après la même source, même s'il est encore précoce de juger de l'efficacité de la hausse du taux directeur de +100 pbs opérée en 2022, «l'inflation semble toujours tenace et atteint un niveau historiquement élevé en janvier 2023, ce qui laisse envisager par les investisseurs un nouveau relèvement du taux directeur». Après une progression de +1,4% en 2021, l'indice des prix à la consommation (IPC) marocain a connu une très forte accélération en 2022 pour se fixer à +6,6%, soit sa plus forte hausse depuis 30 ans, rappelle BKGR, qui note qu'en 2023, l'inflation a poursuivi son accélération en s'établissant à +8,9% à fin janvier. Pour les biens alimentaires, la hausse des prix serait liée à des problématiques circonstancielles particulièrement pour les légumineuses et les fruits qui devraient s'estomper dès le début du printemps avec l'arrivée des récoltes suite à la bonne pluviométrie enregistrée, indique le bureau de recherche. BKGR évoque également l'impact «non négligeable» des politiques monétaires des banques centrales internationales. Le nouveau durcissement de la politique monétaire de BAM pourrait être favorisé «par l'orientation actuelle des banques centrales américaine et européenne qui se sont engagées fermement dans un virage «faucon» depuis plusieurs mois et qui, selon toute vraisemblance, devraient relever leur taux directeur de +50 pbs dans les prochains jours». Le bureau de recherche rappelle également que le FMI avait annoncé prévoir pour le Maroc de nouvelles hausses du taux directeur si l'inflation ne converge pas à court terme vers les projections de Bank Al-Maghrib (+3,9% en 2023 et +4,2% 2024). Prémices d'une bonne année agricole en 2023 Au chapitre des prévisions macroéconomiques pour l'année 2023, BKGR dresse un tableau plutôt positif. Outre le «redressement» des finances publiques, l'économie nationale devrait profiter des fortes précipitations enregistrées en ce début d'année, annonciatrices d'une campagne agricole «normative». Le retour de conditions climatiques habituelles devrait fortement participer à l'accélération du potentiel de l'économie marocaine dont le PIB devrait croître de +3,1% en 2023 selon les dernières estimations de la Banque mondiale. Cette accélération de l'activité économique du Royaume découlerait ainsi, d'une part, de la progression de +9% de la valeur ajoutée agricole (contre -15% en 2022) et, d'autre part, de la décélération de celle non agricole à +2,5% en 2023 contre +3,2% une année auparavant, «impactée notamment par le recul de la consommation interne dans un contexte inflationniste, couplé à la baisse de la demande extérieure adressée au Maroc». «Dans l'attente de la confirmation de la bonne année agricole qui se profile, notamment avec les pluies de fin mars et début avril, nous maintenons notre scénario économique, intégrant dans sa composante centrale une hausse du PIB de +2,9% en 2023», concluent les économistes de BMCE Capital Global Research.