Alors que se profile le dernier Conseil de Bank Al-Maghrib de l'année 2022, les analystes de BMCE Capital Global Research ont livré leur prévision concernant l'évolution du taux directeur. Pour eux, un statu quo n'est pas à exclure. Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib (BAM) procédera-t-il à une nouvelle hausse du taux directeur mardi prochain ? Si un consensus autour d'une hausse semble se dégager auprès des investisseurs, les analystes de BKGR semblent, eux, plus nuancés. En effet, pour le département recherche de la banque d'affaires casablancaise, BAM devra procéder à un arbitrage entre statu quo et rehaussement du taux directeur de +25 pbs. « Dans un contexte toujours instable aussi bien à l'échelle nationale qu'internationale, la banque centrale est tenue de trouver un juste équilibre dans ses décisions afin d'apaiser les pressions inflationnistes qui ne cessent de croître tout en maintenant la dynamique nécessaire à la croissance de l'économie du Royaume », souligne BKGR dans une note d'analyse (« Flash Strategy ») publiée cette semaine. Analysant le contexte dans lequel évolue l'économie national, les analystes de BKGR rappellent d'emblée que la croissance est attendue en « nette » ralentissement en 2022, indiquant que BAM a revu à la baisse ses prévisions de croissance à +0,8% pour cette année. Et d'ajouter : «De notre côté, nous avions également procédé à une revue à la baisse de nos estimations de croissance à +0,9%, sous l'effet des répercussions de la mauvaise campagne agricole 2021-2022 sur le PIB agricole et la poursuite de la flambée des cours des matières premières et de l'énergie». Dans le même temps, l'inflation, qualifiée de «galopante» (8,1% en octobre) est principalement importée. Mais «la poursuite de la contamination des prix des biens non échangeables ou ceux qui ne font pas l'objet du commerce avec l'extérieur (logements, services, transports, etc.) devrait continuer d'inquiéter particulièrement la Banque centrale», estime-t-on. La recherche de BMCE Capital note, par ailleurs, une amélioration des finances publiques marquées par un allégement du déficit budgétaire ; une quasi-stabilité des conditions de financements de l'économie (crédit bancaire) ; ainsi qu'une hausse des taux primaires engendrant un renchérissement des conditions de financement du Trésor. Dans ce contexte, et compte tenu de la poursuite du trend inflationniste depuis son dernier Conseil, «la Banque Centrale devrait poursuivre le resserrement de sa politique monétaire même si au demeurant l'impact de la révision du taux directeur de fin septembre sur les niveaux de prix n'est pour le moment ni visible ni évaluable pour le moment», indique BKGR. De même, ajoute-t-on, et afin d'éviter la dépréciation du dirham face aux principales devises du panier, «BAM pourrait être amené à suivre le ton faucon des banques homologues notamment la BCE». Cela étant, poursuit la même source, et au vu de l'origine majoritairement importée de l'inflation nationale et du délai d'action nécessaire à une politique monétaire pour agir sur l'économie réelle, «les premiers signes d'atténuation des prix ne devraient pas faire leur apparition avant plusieurs mois, ce qui pourrait amener la Banque centrale à maintenir un statu quo». Et de conclure : BAM devrait ainsi trancher entre «une optique de prudence avec statu quo du taux directeur» et la «poursuite d'une politique monétaire restrictive via une hausse de +25 pbs et ce, afin de parvenir à infléchir l'orientation haussière des prix et à cibler une inflation à +2% en 2023».