A la veille de la quatrième et dernière réunion trimestrielle du Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) au titre de l'année 2021, le marché semble unanime à prévoir un statu quo de la politique monétaire, où le taux directeur serait maintenu inchangé à son niveau actuel, soit 1,5%. En l'absence de pressions inflationnistes, la poursuite d'une politique monétaire si accommodante représente le scénario le plus probable, pour soutenir au mieux la reprise de l'économie nationale. Depuis la dernière réunion trimestrielle de la Banque centrale en septembre dernier, les évolutions des facteurs déterminant la conduite de la politique monétaire, tels que la liquidité bancaire, les taux débiteurs et l'inflation, laissent, en effet, présager une stabilité du taux directeur. Liquidité bancaire: BAM remplit son rôle En veillant à satisfaire la totalité de la demande bancaire sur le marché monétaire, BAM remplit pleinement son rôle de régulateur de la liquidité du système bancaire. Une telle réactivité a permis de réduire le déficit de la liquidité du système bancaire à -73,8 milliards de dirhams (MMDH) en moyenne hebdomadaire en octobre. Selon CDG Capital Insight, cette baisse s'explique par une amélioration des Avoirs officiels de réserve qui sont passés à 320,7 MMDH au terme du mois d'octobre et le recul des créances nettes sur l'Etat au cours des mois de septembre et octobre pour à 271,7 MMDH. « Dans ces conditions, BAM a baissé l'encours de ses interventions auprès des banques, passant à une moyenne de 83 MMDH enregistrée en mois d'octobre », précise CDG Capital Insight, notant que le TMP interbancaire, représentant la cible opérationnelle de la politique monétaire, a évolué à des niveaux quasi-identiques au taux directeur (1,5%). Les taux débiteurs ont-ils changé ? La baisse de 75 points de base (Pbs) du taux directeur en 2020 est censée se répercuter sur les taux directeurs, d'une manière à dynamiser la distribution des crédits en faveur des agents économiques. Toutefois, CDG Capital Insight, fait état d' »une transmission incomplète des deux baisses du taux directeur enregistrées en 2020 vers les taux débiteurs, avec une faible reprise des crédits particulièrement ceux destinés à l'équipement ». « Après la baisse de -13 Pbs du Taux Moyen Pondéré Global Débiteur (TMPGD) enregistrée en T2-2021, une légère hausse de 3 Pbs a été enregistrée le trimestre d'après », font remarquer les analystes de CDG Capital Insight. De son côté, BMCE Capital Global Research (BKGR) a fait part d'une amélioration des conditions de financement des agents économiques avec un taux débiteur moyen (des entreprises et des ménages) de 4,35% au T3 2021. Une situation qui s'est traduite par une hausse de +3,1% à 965,7 MMDH, en glissement annuel, de l'encours global du crédit bancaire à fin octobre 2021. En dépit de dérapages à la hausse de l'inflation sous-jacente enregistrés au cours des derniers mois, les analystes écartent toute évolution éventuelle au-delà de la cible théorique de 2%. « Les prévisions d'inflation à moyen terme demeurent en dessous du seuil théorique de 2% reflétant l'absence de pressions émanant de la demande, comme l'illustre le niveau élevé du taux de chômage (11,8% en T3-2021) et la faible progression des crédits », fait observer CDG Capital Insight. Un constat corroboré par BKGR dont les analystes estiment que « la reprise de l'activité économique et l'accommodation des conditions monétaires ne se sont pas traduites par une accélération de l'inflation, se situant à +1,7% en glissement annuel ». « Reste à espérer que la hausse actuelle des prix de pétrole et des matières premières ne s'étalera pas plus longtemps en 2022 pour éviter le risque d'inflation importée et permettre ainsi de tenir la cible des +2% en matière de hausse des prix », souligne BKGR. Aussi, avec l'apparition du nouveau variant Omicron de Covid-19, l'économie nationale se trouve face à de nouveaux défis, impliquant le renforcement du stimulus monétaire et budgétaire pour continuer sur sa lancée.