La baisse de la production d'orange entraîne des pertes d'emplois dans les stations de conditionnement et le transport. L'industrie du jus est menacée par manque de produit à transformer. La tendance que décrient les professionnels du secteur agrumicole depuis quelques années continue à se préciser. La culture des petits agrumes, notamment la clémentine, prend de plus en plus d'importance dans l'agrumiculture. Au jour d'aujourd'hui, les exploitants, attirés par la forte rentabilité de variétés de petits agrumes, abandonnent progressivement l'orange. Dès lors, l'approvisionnement des usines de conditionnement n'est plus assuré que pour deux mois au lieu des 8 à 9 mois, sans compter les journées de travail perdues pour les ouvriers de ces unités, les transporteurs et autres intervenants dans la filière. Kacem Bennani Smirès, Dg de Delassus et Ahmed Darrab, secrétaire général de l'Association des producteurs d'agrumes du Maroc (Aspam), sont formels sur le constat. Le Maroc peut perdre des positions sur les marchés cibles Même si les prévisions de la campagne 2009-2010 ne sont pas encore arrêtées, on estime que pour la partie destinée à l'export uniquement, la production de clémentine atteindra 200 000 tonnes. La variété dite Noor totalisera 70 000 à 90 000 tonnes et l'Afourer 15 000 à 20 000 tonnes. A cela, on devrait ajouter 20 000 t d'autres variétés diverses, soit 350 000 tonnes environ pour les petits agrumes. Dans le même temps, la production exportable d'oranges atteindra 250 000 tonnes alors que, il y a vingt ans, elle constituait les 2/3 du total contre 1/3 pour les petits agrumes. Justement, lors de la campagne 2008-2009, les exportations d'oranges ont porté sur 182 430 tonnes contre 293 510 pour les petits fruits. A en croire les professionnels, d'autres conséquences vont découler de cette inversion de tendance. Est d'abord citée la perte de positions au niveau de l'export, sachant que le Maroc a de sérieux concurrents qui ne sont autres que l'Espagne, l'Egypte, la Turquie et la Grèce. Et, comme l'explique Ahmed Darrab, une position perdue est difficilement récupérable, les clients préférant les fournisseurs plus constants en quantité et qualité. Le deuxième risque est que l'industrie du jus, déjà en sous-activité, est promise à la faillite par manque de matières premières. Pourtant, le contrat-programme signé avec l'Etat prévoit d'exporter 750 000 tonnes d'oranges et de porter la production des petits agrumes à 500 000 tonnes à l'horizon 2018. L'Etat octroie, pour ce faire, une subvention à l'investissement de 12 000 DH par hectare et finance à hauteur de 60% la micro-irrigation. Apparemment sans résultat. Et si les exploitants boudent l'orange c'est parce que les vergers, vieux de plus de 40 ans à 80%, ne donnent plus qu'une moyenne de 18 à 19 tonnes à l'hectare contre 40 à 50 tonnes pour les petits agrumes.