Cette année est marquée sur 2 M par le retour du chanteur Abdelouhab Doukkali et de Mohamed Habachi, qui jouent dans une série intitulée «Labass oualou bass». Une première sur TVM : «La Brigade», série policière de Adil El Fadili. Sitcoms, séries policières et même une série de science-fiction marocaine sont au programme. Que préparent les deux chaînes nationales pour le téléspectateur marocain à l'occasion de ce mois de Ramadan ? Force est de constater que les feuilletons et autres sitcoms qu'avaient diffusés les deux chaînes nationales durant le mois de Ramadan de l'année dernière avaient provoqué la déception, voire la colère. Et la critique n'avait été tendre ni avec Aïla mohtarama jiddan (une famille très respectée), sitcom réalisée par Kamal Kamal et présentée en prime time, qui plus est, ni avec Al Aouni, de Saïd Naciri, deux productions diffusées sur 2M. «On nous fourgue n'importe quoi après le ftour, sans aucun respect pour le goût des Marocains…», se plaignaient, en substance, la plupart des téléspectateurs. Nos deux boîtes à images vont-elles se rattrapper cette année ? Si oui, comment ? Sur TVM, d'abord. Une nouveauté (et une curiosité) à découvrir pendant les soirées ramadanesques de cette année : la série policière produite et réalisée par Adil El Fadili (fils de Aziz et frère de Hanan). Elle aura pour titre La Brigade. Des réalisateurs et des acteurs marocains qui s'essayent au genre policier, cela fait sourire. D'autant que les essais policiers de pays à grande tradition cinématographique, comme l'Egypte et la Syrie, ont souvent donné des navets télévisuels notoires. Mais n'anticipons pas et attendons pour juger sur pièce. De quoi s'agit-il précisément ? De quatorze téléfilms de douze minutes chacun, diffusés tous les jours à 21 heures. Laissons Adil El Fadili expliquer lui-même son produit. «Le spectateur marocain, dit-il, est habitué aux séries policières européennes, américaines et égyptiennes, pourquoi ne pas tenter notre chance nous aussi ? Au-delà de l'enquête policière elle-même, nous avons voulu aussi dévoiler le côté social et la nature humaine de la police marocaine. Nos moyens et notre pratique du genre sont limités, certes, mais nous allons essayer de relever le défi». Quant aux bandits, pédophiles et autres tueurs en série, l'équipe d'Adil Fadili va essayer d'expliquer dans la série, «non pas le comment, mais le pourquoi de ce banditisme». Autrement dit, les raisons qui poussent certains à tomber dans la délinquance. Nous allons donc voir comment des acteurs marocains, qui ne manquent pas de talent, vont entrer dans la peau de ces policiers et de ces bandits : Fatima Kheir, Driss Roukh, Saïd Tsouli…, sans oublier Aziz El Fadili, le père du réalisateur. Une autre du clan El Fadili, Hanan, très connue pour des «one man show», reviendra, elle aussi, pendant le Ramadan avec des capsules quotidiennes de 13 minutes, intitulées «El kamera maâkoum» (la caméra est avec vous) qui promettent beaucoup de burlesque. Ces capsules seront diffusées tous les jours après le ftour. Même producteur exécutif, Prodapart, et même réalisateur que la série policière. Après l'épuisement de cette dernière, au bout de 15 jours, la chaîne r'batie, programme un autre téléfeuilleton, Mariansar, réalisé par Leila Triki. Miloud reprend du service Du côté de 2M, on promet d'ores et déjà de nombreuses nouveautés. Bien entendu, les grosses productions égyptiennes seront au rendez-vous, notamment avec les deux stars du cinéma égyptien, Nour Charif, dans un feuilleton intitulé Hadrat Al Mottaham Abi, et Yahya Fakhrani dans Sikkat Al Hilali (la voie de Hilali). Il y aura aussi de la place pour la production nationale. Côté production nationale, il y a d'abord l'humoriste Fahid Abdelkhalek, connu sous le célèbre personnage de Miloud, qui renoue avec la chaîne d'Aïn Sebaâ après une brouille qui a duré deux ans. Boudé par 2M, l'humoriste n'avait alors pas mâché ses mots, accusant sa direction de complot contre lui. Cette année, il y revient pour nous servir des sketchs intitulés Moul taxi (le taximan). Autre nouveauté de ce Ramadan : la chaîne d'Aïn Sebaâ a préparé, pour la première fois de son histoire, une série de science-fiction intitulée Al Bouâdou Al Akhar (L'autre dimension), signée par le jeune réalisateur Mohamed Al Kaghat. Les rôles principaux sont confiés à quelques stars de la télé comme Rachid El Ouali, Samia Akariou, Abdallah Didan et d'autres. Trois autres productions jugées «importantes» par les responsables de la chaîne sont aussi au programme. La première est signée par le réalisateur Chafik S'himi et a pour nom Wajaâ trab (la douleur de la terre). Il s'agit d'une interprétation marocaine de la monumentale œuvre d'Emile Zola, La Terre, qui sera diffusée une fois par semaine, à savoir tous les lundis. Il y a ensuite Khali Amara (oncle Amara), une sitcom écrite par Brahim Ali Boubakdi, le frère de l'autre Boubakdi, la réalisatrice. La réalisation, qui a duré un mois (35 épisodes en tout), porte la signature de Abderrahim Salfouni, réalisateur de la célèbre émission de Choumicha Chhiouat bladi. Salfouni a déjà fait ses preuves comme réalisateur des émissions «Ouaqaeâ» et «Point de vue». La sitcom passera t-elle en prime time ? On ne le sait pas encore. En tout cas, son histoire, comme nous la raconte Mohamed Khiari, son producteur et l'un de ses principaux interprètes, fait dans la dérision. Elle montre un homme, Khali Amara, ancien combattant, qui, en prenant de l'âge, devient un homme irascible, cupide, qui n'a d'autre souci que de s'enrichir. Il bâtit une maison et, pour gagner plus d'argent, la partage entre une soixantaine de locataires. Tout ce beau monde se trouve donc logé dans les mêmes lieux et endure les désagréments de la promiscuité et l'enfer d'un voisinage difficile : c'est la bagarre quotidienne. L'idée principale, selon Mohamed Khiari, est «une dénonciation de l'habitat anarchique et un appel au bon voisinage.» Il y joue lui-même le rôle du neveu (Lamkhantar) de l'oncle Amara, interprété, lui, par Hassan Midiaf. Le neveu, qui débarque de la campagne pour assister son oncle dans ses affaires, s'avère un arriviste incorrigible. Il n'a d'yeux que pour sa cousine Najiba qu'il convoite pour le mariage, et qu'il «obtient». Son autre ambition est de faire main basse sur le pactole de son oncle. C'était sans compter avec ce dernier, un vieil homme au seuil de la sénilité, mais qui n'a rien perdu de sa verve et de sa ruse. Tous les projets du neveu tombent à l'eau. Les autres acteurs de la sitcom s'appellent Souad Sabir (Habiba), la sœur de l'oncle Amara, Fatima Regragui (Oum Al Ghait), son épouse. M'faddel Lahrizi, l'interprète d'Oummi Lharnounia, qui avait joué, dans les années cinquante aux côtés de l'emblématique Bouchaïb Bidaoui, est aussi de la partie dans cette sitcom. Hommage à Mohamed Reggab La troisième production programmée par 2M est la série réalisée par Hassan Rhenja, Labass oualou bass, d'après un scénario du talentueux scénariste et dialoguiste Youssef Fadil. Celle-ci sera la surprise (agréable ou désagréable, on jugera en temps utile…) des prochaines soirées ramadanesques. Toujours est-il que le casting a retenu une brochette de comédiens de talent appartenant à quatre générations, dont, surprise, le chanteur et compositeur Abdelwahab Doukkali, qui sera d'ailleurs la vedette. C'est son premier rôle au petit écran, après quelques essais cinématographiques sans lendemain dans les années 1960 : dont Al Hayatou Kifah (vaincre pour vivre), tourné à une époque où le cinéma marocain faisait ses premiers pas. Les spectateurs marocains, les plus âgés s'en souviennent, s'étaient rués sur les salles obscures (très abondantes en ce temps-là) pour voir ce film, plus par curiosité que par conviction. Produite en 34 épisodes, la série Labass oualou bass raconte l'histoire d'une famille d'émigrés marocains qui choisit de retourner vivre au bled, une fois que l'âge de la retraite a sonné. Un retour non sans surprises et rebondissements. La famille est composée d'un couple, interprété par Abdelouhab Doukkali (le père) et Malika Omari (la mère). Et de deux enfants : un garçon de 22 ans et une fille de 20 ans, interprétés respectivement par Mustapha Atrassi et Fatine El Youssoufi, deux révélations de 2M lors de l'émission «Quinze ans quinze talents». Malgré son âge, le père, qui garde un goût prononcé pour les affaires, veut en monter une dans son pays natal. Le fils, amoureux du cinéma, passe des concours pour devenir comédien. Quant à la fille, elle s'investit dans l'associatif et se passionne pour le mouvement de défense des droits de la femme. La surprise de cette série est le retour sur les plateaux de l'acteur Mohamed Habachi, après une éclipse de 25 ans. Amina Rachid, quant à elle, incarne la voisine des ex-immigrés, une menteuse, effrontée, source de tous les problèmes. La série est une production 2 M, gérée par Touria Jabrane, qui s'est aussi occupée de la direction des acteurs et du casting. 70 acteurs participent à la série. Détail important : trois acteurs de Labass oualou bass avaient joué dans Hallaq derb al foqara (Le coiffeur du quartier des pauvres) de feu Mohamed Reggab. Il s'agit, en plus de Mohamed Habachi, qui joue dans cette série un rôle principal, de Khadija Khammouli et Hamid Najah qui y font de petites apparitions. De même, on y trouve comme auteur du scénario, le scénariste, dramaturge et metteur en scène Youssef Fadel, qui avait écrit le scénario de l'emblématique film de Reggab sorti en 1982, et le livre Haschish, consacré comme meilleur écrit en langue arabe par le Grand prix Atlas de l'an 2000. Est-ce par simple coïncidence que se sont trouvés rassemblés des acteurs qui ont joué il y a un demi-siècle dans le film de Reggab? «C'est plutôt voulu, selon Touria Jabrane, pour rendre hommage au réalisateur Mohamed Reggab. C'est aussi voulu qu'on rassemble sur un même plateau quatre générations d'acteurs : depuis Abdeljabbar Laouzir, Mohamed Habachi, jusqu'à Amal Al Atrach et Fatine El Youssoufi, en passant par Amina Rachid et Fatima Regragui.» Et que vient faire Abdelouhab Doukkali dans cette série, lui le chanteur et compositeur ? «En le conviant, lui et Habachi, à participer à cette série, on a voulu créer l'événement. Mais il faut savoir que Doukkali, avant de devenir chanteur, avait fait ses premières armes dans le théâtre et le cinéma», répond Touria Jabrane.