Le centre Idmaj offre depuis 2006 une panoplie de services aux enfants, jeunes et femmes de Sidi Moumen et des quartiers avoisinants. Samedi 19 mai. L'association Idmaj procède, comme chaque année, à l'opération Ramadan, qui consiste à distribuer 360 paniers pour les familles les plus défavorisées de ce quartier casablancais. On retrouve parmi les bénéficiaires, 24 gardiens de nuit. «Je suis là depuis le matin en tant que volontaire pour aider Idmaj dans cette opération. Je leur dois beaucoup», nous lance Hassan, la quarantaine. Ces gardiens de nuit ont tous participé l'année dernière à un programme de médiation sociale. Objectif : leur donner des outils afin d'opter pour des pratiques de résolution pacifique des conflits, dans un quartier réputé difficile, voire dangereux. Cours de soutien, arts... Depuis 2006, Idmaj œuvre à changer le visage de Sidi Moumen, un quartier dont l'image colle aux attentats du 16 mai 2003. Idmaj, mais également le centre culturel des Etoiles de Sidi Moumen et le Complexe social Oum Keltoum, s'imposent aujourd'hui comme des acteurs culturels et des espaces d'intégration sociale dans le quartier. Idmaj, la plus ancienne de ces trois structures, est ouverte sur son environnement. Les bénéficiaires du centre viennent de Sidi Moumen, mais aussi de Salmia, Hay Moulay Rachid, Ben Msick, Lahrawiyine, les bidonvilles de Rhamna et Thomas. Dès l'entrée, on voit des enfants jouer dans la grande aire qui sert de terrain omnisport, des volontaires s'activer, des jeunes filles s'entraîner à parler en anglais. Un panneau exhibe la devise d'Idmaj : «Believe in what you do, lead by example and never give up» (Croire dans ce qu'on fait, montrer par l'exemple et ne jamais désespérer). Tout autour de l'aire, des petites pièces abritent différents ateliers: couture et broderie pour les femmes, cours d'alphabétisation. A l'intérieur du bâtiment, on découvre une bibliothèque de plus de 4 400 livres. Cinq classes d'une capacité de 200 élèves sont réservées au soutien scolaire pour les collégiens et lycéens, aux cours d'informatique, de langue (français et anglais), de mathématiques et autres matières scientifiques. Ce sont les jeunes du quartier, des étudiants universitaires en majorité, qui dispensent ces cours. Le centre possède aussi une salle informatique avec 15 ordinateurs. Une salle de spectacle sert de lieu pour des concerts de musique, de cours de danse, de théâtre, de chant, mais également des conférences, des séminaires. De plus, des travaux d'équipement d'un autre centre culturel et communautaire à Sidi Moumen viennent d'être achevés. Il viendra renforcer la capacité du centre Idmaj. L'aventure continue... [tabs][tab title ="Portrait : Selma El Mettichi Enseignante d'anglais à Idmaj"]« Je fais partie de cette association depuis l'âge de huit ans », nous lance Selma El Mettichi, 20 ans, aujourd'hui secrétaire générale adjointe d'Idmaj. Licenciée en littérature anglaise, Selma a été introduite à Idmaj par sa mère afin de bénéficier des cours de soutien scolaire, que l'association facture symboliquement à 10 DH par mois. Elle aura accès, en plus du soutien scolaire, à l'apprentissage des langues, notamment l'anglais. «C'est à Idmaj que j'ai compris que les études étaient d'une grande importance. A Idmaj, j'ai aussi pris conscience que l'espoir m'était permis». Selma va avoir une scolarité exemplaire et devenir une des jeunes filles les plus actives de l'association. Durant son jeune parcours, elle aura l'occasion de rencontrer en 2016 à Marrakech Michelle Obama et Meryl Streep dans le cadre de l'initiative Let girls learn et ira même à Washington rendre visite à la First lady à la Maison blanche. Aujourd'hui, c'est elle qui est en charge du pôle enseignement d'anglais aux adultes à Idmaj ![/tab][/tabs] [tabs][tab title ="Trois questions à...Boubker Mazoz Fondateur de l'association «Idmaj des quartiers»"]Pourquoi avez-vous choisi de travailler à Sidi Moumen ? Notre choix de débuter nos actions à Sidi Moumen n'est pas fortuit. Ce quartier est l'un des plus surpeuplés du Maroc et l'un des plus anciens à abriter des bidonvilles. Il fallait s'y attaquer à la précarité, l'exclusion sociale et la violence. Depuis sa création, Idmaj inscrit ses actions dans une dimension de prévention sociale qui met l'accent sur la protection de la jeunesse contre la victimisation et contre les fléaux sociaux tels que la délinquance, l'addiction ou l'extrémisme. Quelles sont les prestations qu'offre Idmaj à la population ? Cela va du préscolaire au soutien scolaire, en passant par les activités parascolaires, l'apprentissage des langues étrangères. Nous dispensons aussi des modules de volontariat, d'éducation civique, de life skills (compétences de la vie)... Tous ces programmes visent à l'intégration de la population dans le développement de la communauté. Les cadres d'Idmaj sont en grande partie originaires du quartier, est-ce un choix ? Bien sûr. Mon objectif dès le départ était de former des jeunes pour être des leaders et participer au fonctionnement du centre. 90 % du staff est originaire de Sidi Moumen et la plupart étaient des élèves du centre. Ces jeunes se sont distingués par leurs talents, leur sérieux, leur sens des responsabilités, leur sociabilité et prédisposition à venir en aide aux autres. Mon but n'était pas de m'imposer à ces jeunes mais plutôt de les aider et de partager mon savoir, mes expériences ainsi que mes idées avec eux, et de leur donner l'opportunité de réussir dans leurs études, de découvrir leurs talents et de les former pour être des leaders dans leur communauté. [/tab][/tabs]