A 26 ans, Soukaina Hamia a déjà plus d'une décennie d'expérience dans le domaine associatif. C'est au lycée qu'elle rencontre Boubker Mazoz, qui deviendra par la suite son mentor. Mazoz travaillait à l'époque à Dar America et cherchait à donner un nouveau souffle au jumelage des villes de Casablanca et Chicago à travers une démarche plus sociale. Il réunit une cinquantaine de lycéens pour participer au projet d'échange culturel. En 2006, ils participent au sommet international de la jeunesse à Washington et découvrent la diplomatie publique et l'action civique. À leur retour, Boubker Mazoz, voyant leur enthousiasme, les incite à créer une association afin de servir leur communauté. C'est alors qu'Idmaj est née. Soukaina Hamia en est la vice-présidente jusqu'en 2008 lorsqu'elle devient présidente. L'action d'Idmaj débute à Al Hofra un quartier situé à l'extrêmité de Benmsik. Les habitants du quartier sont d'abord méfiants. Mais c'est grâce à leur persévérance que le groupe de lycéens instaurent une relation de confiance et de crédibilité auprès des habitants et auprès des donateurs. Le groupe n'hésite pas à envoyer des lettres à toutes les organisations et les compagnies susceptibles de leur venir en aide. L'association ouvre en 2008 un centre culturel, le premier à Sidi Moumen. Le centre possède une bibliothèque et offre des cours de soutien scolaire aux jeunes du quartier, ainsi que des cours de musique et d'arts plastiques. Après avoir largement ciblé les enfants et les jeunes, Idmaj a lancé une coopérative pour les femmes du quartier Al Hofra, à l'extrémité de Benmsik, leur offrant une formation en couture. Ces femmes viennent aujourd'hui au centre de Sidi Moumen pour utiliser les machines à couture mises à leur disposition. L'aspect relationnel l'intéresse avant tout Des 48 lycéens inscrits au départ, Soukaina Hamia est la seule à être restée active dans l'association malgré la distance. En 2008, elle obtient une licence en communication des organisations. Ses résultats scolaires et les nombreux prix internationaux qu'elle a reçu lors de sa participation à des festivals de théâtre lui valent une bourse offerte par son université pour étudier les arts dramatiques pendant un an en Allemagne, à l'université de Hildesheim. De retour au pays, elle entame une formation bac+4 en management et marketing, en cours du soir. Ce qui lui permet de consacrer ses journées au travail associatif. En 2010, Soukaina Hamia obtient une bourse pour poursuive un master en relations internationales et diplomatie à l'université Al Akhawayn. Intéressée principalement par la diplomatie publique, Soukaina découvre l'aspect beaucoup plus institutionnel de la diplomatie. Loin d'être déçue, elle estime que cette perspective lui servira dans son travail sur le terrain. Mais ce qui l'intéresse avant tout c'est l'aspect relationnel, le besoin de mettre la main à la pâte et de sentir l'impact de son action. Soukaina Hamia souhaite poursuivre un doctorat et faire carrière dans le développement humain. En attendant, elle multiplie les expériences de volontariat à l'étranger. L'année dernière elle a participé à des programmes de volontariat avec des ONG en Inde et en Thaïlande.