Mohamed Sammouni : «On se doit d'accompagner les dynamiques sociales». La Vie éco : Vous avez lancé une pétition pour le libre accès à l'espace public. Tout d'abord pourquoi avoir lancé cette pétition ? n Fadae est une initiative de plaidoyer de l'association Racines pour libérer l'espace public et le rendre accessible, surtout pour les mouvements culturels et artistiques. On remarque que, depuis quelques années, les jeunes investissent de plus en plus les places publiques moyennant des expressions artistiques diversifiées: théâtre, cirque... Nous assistons également à une nouvelle vague de musiciens qui performent des concerts improvisés dans la rue, en l'absence de lieux comme les maisons de jeunesse, les théâtres et les maisons de la culture. L'objectif de Fadae est de demander aux autorités publiques tutélaires de l'espace public de se conformer aux dynamiques actuelles de l'espace public marocain et à l'esprit de la Constitution de 2011 qui donne la priorité aux libertés publiques. Est-ce que cette initiative a eu du succès ? Un succès relatif. Nous avons pu sensibiliser les jeunes et les associations travaillant dans le registre du libre accès à l'espace public, à l'importance de mener à terme cette pétition. Mais pour ce qui est des procédures administratives pour pouvoir déposer la pétition auprès du chef du gouvernement, les choses sont plus compliquées. Il faut tout d'abord rassembler 5 000 signatures. Les signataires doivent être inscrits sur les listes électorales. Ils doivent également livrer une copie de leur carte d'identité nationale (CIN) signée. Comment expliquez-vous le nombre relativement réduit des signatures ? Cela s'explique par les conditions sévères pour valider les signatures de la pétition. C'est une tâche très difficile de convaincre le citoyen de signer une pétition et qu'il mette à ta disposition sa CIN, surtout pour une ONG. Que prévoit la Constitution sur ce volet de la pétition ? L'usage de la pétition est un droit constitutionnel, mais le texte ne définit pas les conditions relatives à ce droit. C'est la loi organique relative aux pétitions qui définit les conditions. Rassembler 5 000 signatures est chose normale. Mais que les signataires soient tous inscrits sur les listes électorales et qu'ils fournissent une copie de leurs CIN signées, cela vise à limiter l'accès à ce droit. On aurait pu se suffire de la condition de rassembler les pétitions signées avec les numéros de CIN inscrits dessus.