En dépit de la stagnation du marché français, presque toutes les destinations ont enregistré un taux d'occupation honorable. Agadir et le Nord ont refusé du monde, tandis que Marrakech regrette la non-programmation de Kounouz Biladi. L'été 2006 aura été un bon cru pour l'hôtellerie marocaine. Les principales destinations touristiques nationales auront connu une affluence qualifiée de «significative», en dépit du tassement du marché français qui reste le principal pourvoyeur de touristes pour le Maroc. Pourtant, la plupart des tour-opérateurs qui travaillent sur ce marché destination estiment avoir fait une bonne saison d'été. «Certes, explique Jean Jacques Boucher du groupe FRAM, le mois de juillet a été moins bon que celui de l'année dernière, mais août a été très bon et septembre s'annonce aussi intéressant». Le recul des arrivées de touristes français durant le mois de juillet est expliqué par ce professionnel en partie par le déroulement de la Coupe du monde en Allemagne et par une certaine érosion du pouvoir d'achat en France, qui a obligé les gens à faire des choix. Le Souss a profité du bon comportement des marchés espagnol, italien et anglais En revanche, pour le groupe Accor, qui a une clientèle internationale plus diversifiée, la retenue des Français a été largement compensée par les autres nationalités. Selon Marc Thépot, DG d'Accor Maroc, juillet et août ont été très bons avec des taux d'occupation de 68% et 82%, pour un parc hôtelier de 22 établissements, soit plus de 3 000 lits. En termes de nuitées, la progression a été de 2,5% en juillet et de 5% en août, alors que le chiffre d'affaires a évolué de 17% pour le premier mois et de 19% pour le second, le tout par rapport aux mêmes périodes de l'année précédente. S'agissant de ce chiffre d'affaires, Marc Thépot explique que sa progression notable s'explique par une appréciation du prix moyen du fait que de plus en plus de touristes étrangers réservent directement leur hôtel via Internet et ne passent donc plus par les TO. Une telle tendance est encouragée notamment par l'accessibilité aux vols aériens sur le Maroc, et par leur plus grande fréquence. Ceci étant, si le Maroc est devenu une destination de choix comme le confirment de nombreux professionnels, les arrivées touchent de manière inégale les stations ou les régions touristiques nationales. Cet été, c'est Agadir qui a fait le plein, à tel point que les nationaux qui ont l'habitude d'y séjourner à cette époque de l'année ont eu du mal à trouver une chambre de libre. Il est vrai, comme l'affirme le président du CRT d'Agadir, Saïd Sqali, que «les nationaux ont toujours été considérés comme une roue de secours par les hôteliers de la ville». Il en veut comme preuve l'absence remarquable de messages publicitaires ou de promotion à l'adresse de ces derniers durant la période estivale. «Et pour cause, dit-il, le moins chanceux des hôtels avait un taux de remplissage de 80%». La capitale du Souss a profité du retour en force des touristes provenant des marchés espagnol, italien et anglais essentiellement, à partir desquels de nombreux vols ont été organisés par les compagnies aériennes de ces pays qui recommencent à bien programmer la destination. Marrakech a souffert de la réduction des fréquences des compagnies aériennes En revanche, Marrakech, bien qu'elle soit devenue une destination en vogue toute l'année, aura souffert cet été de la réduction des fréquences des compagnies aériennes, se plaint Abdellatif Kabbaj, président du CRT de la ville. Le taux de fréquentation aura selon lui baissé de quelque 7% en juillet et autant en août comparé à celui de l'été précédent. Certains hôteliers de la ville vont même jusqu'à regretter que l'opération Kounouz Biladi, pour attirer les nationaux, ait été supprimée cette année. Comme quoi, les nationaux ne sont pas une roue de secours seulement pour Agadir et qu'ils doivent être considérés comme une clientèle à fidéliser et à traiter de manière plus professionnelle, au même titre que les étrangers, avec des offres adaptées. Cela dit, et en l'absence d'une opération promotionnelle, c'est le nord du pays, non encore commercialisé par les TO, qui a été cette année la destination favorite des Marocains. Au total, le tourisme est sur un nuage, et l'on espère qu'il s'y maintiendra pour être à l'heure au rendez-vous de 2010.