Traitement des dossiers de malversation et de mauvaise gestion En dehors du procès des responsables et clients de la Banque populaire, plusieurs dizaines d'autres dossiers sont instruits par la Justice. Ce processus ne saurait exclure le traitement d'autres affaires. La loi doit s'appliquer, désormais, à tous. Tout semble indiquer que le procès de Abdellatif Laraki, ex-PDG de la Banque populaire, prévu le 2O septembre prochain, ne sera que pure formalité. Transféré de la Cour spéciale de justice à la Cour d'appel de Casablanca, le dossier instruit ne risque pas de traiter de lourdes charges retenues contre les accusés y compris Hicham Aït Menna et Mohamed Benkirane, respectivement client de la banque et ex-directeur de la succursale parisienne. Et pour cause, les concernés ont réglé à l'amiable une partie des dettes dues à la banque et entre-temps, bénéficiant de la liberté provisoire. Abdellatif Laraki a usé de son savoir-faire en matière de lobbying pour marquer quelques points. L'ex-PDG a un moral au beau fixe et ne se retient pas de l'afficher en public lors de ses somptueuses sorties nocturnes. En effet, aucune suite n'a été donnée à l'audit effectué par son successeur à la tête du Groupe Banques populaires Noureddine Omary. Désigné pour redresser la barre à une banque qui chavirait et qui a longtemps pâti de la gestion approximative d'une direction générale laxiste, le nouveau responsable a amplement collaboré avec une brigade de l'Inspection générale des Finances qui a épluché les comptes de la BP et établi, selon des sources concordantes et dignes de foi, un rapport accablant. En fait, c'est un véritable pot aux roses qu'auraient découvert les irréductibles inspecteurs de l'IGF et devant lequel les dossiers instruits à la Cour spéciale de justice ne représentent qu'une broutille. Par conséquent et comme le veut la procédure, ce rapport est soumis aux plus hauts responsables du ministère, seuls habilités à déclencher les processus administratifs et judiciaires qui s'imposent. Or, dans ce cas précis, il s'avère que trois ans après, aucune suite n'a été donnée à ce rapport qui continue à moisir dans les tiroirs. Une situation paradoxale qui contredit, franchement, la tendance prise par la justice dans notre pays prompte à instruire d'innombrables dossiers relatifs à la mauvaise gestion dans certaines entreprises et institutions publiques. Ce rapport, sortira-t-il un jour des méandres de l'administration pour suivre son chemin normal, en ces temps, menant à la justice? Personne ne le sait. Mais tout porte à croire que la célérité qui prévaut dans d'autres dossiers ne se manifeste pas pour ce cas. Alors que penser dès lors des affirmations catégoriques du ministre de la Justice qui ne cesse de répéter qu'il n'y aura aucun répit pour les voleurs ? En tout cas, l'opinion publique suit méticuleusement le processus d'assainissement en cours et ne s'empêchera pas de dénoncer tout laxisme constaté par rapport aux dilapidations des deniers publics. Car, il ne saurait y avoir, désormais, d'impunité ni de justice à double facette.