Depuis toujours, ils ont mené la vie routinière de partis politiques douillettement “installés” dans la société, s'activant au grand jour, reconnus officiellement, tantôt choyés par le pouvoir, tantôt brimés et empêchés de respirer. Vaille que vaille, ils véhiculent un discours démocratique -ou pseudo démocratique- parmi les citoyens qu'ils ont chargé “d'encadrer”. Parce que la constitution leur assigne le rôle d'encadrer, ils encadraient donc sans qu'eux-mêmes parfois sachent de quoi il s'agissait. Ils tenaient congrès, conseil national, comité central et bureau politique. Bref, ils bougeaient, faisaient semblant et ce fut longtemps tout ce que Driss Basri leur demandait : être la devanture présentable d'une fausse démocratie, à l'usage exclusif du marché extérieur, gros consommateur de brebis et de vessies qui chantaient l'exemplarité du système politique marocain. La pauvreté généralisée, l'analphabétisme, le sous-développement tout cru, faisant le reste, il n'était que naturel que les partis politiques n'aient que peu d'emprise sur les citoyens et que l'abstention fasse des ravages lors des échéances électorales, truquées par ailleurs. On les voit enfin, venir un à un vers le giron du pouvoir qui ne leur veut pas que du bien. Et pendant tout ce temps, pendant ces longues années, l'islamisme fanatique, les extrémistes du “haram”, les sectes et les zaouias, les prêcheurs de tous poils, les muphtis autoproclamés, les théoriciens du suicide et du meurtre, les doctrinaires sans retour, ont pu dans une impunité presque totale, en toute liberté, recruter, endoctriner, conditionner des jeunes en désarroi, cherchant une issue à leur misère et ne croyant au nom d'une foi pervertie que dans le terrorisme religieux et politique. Grottes sombres, cavernes difficiles d'accès, mosquées publiques, et privées, entraînement militaire, confection et maniement d'explosifs, armes blanches, surnoms de guerre, des “convertis” intronisés “émirs”, à croire qu'ils n'ont embrassé l'Islam que pour lui faire le plus de mal possible, des barbes “ointes” du sang des assassinés, des cellules dormantes qui s'éveillent sur ordre et vont semer la terreur et l'effroi au sein de populations bien “encadrées”, croyait-on, jusqu'au 16 mai 2003 ! Et comment les partis politiques auraient-ils pu deviner que le danger était réel, qu'il était là, immense et foudroyant ? Même les appareils de sécurité semblent n'y avoir vu que du feu. Et comme on ne joue pas avec le feu, aurait-on laissé les “jamaâtes” obscurantistes et autodémocratiques, croître et se multiplier pour mieux réussir un jour, à juguler définitivement des “barbus” rétrogrades. Alors quand donc nos partis politiques se décideront-ils au sursaut salvateur et oseront-ils réellement encadrer les citoyens. Pour les protéger.