Certaines plumes se sont spécialisées dans le brossage quotidien de tableaux lugubres d'un Maroc où l'on dirait qu'il ne se passe rien de bon. Chaque jour on a droit à un papier incendiaire dont l'auteur ne doit jamais voir «la vie en rose» ou se serait ligué avec un genre d'esprit malthusien qui se complait dans le scepticisme, le cynisme et le pessimisme. Cela dit -sans nulle exagération, car c'est là un avis recueilli de la bouche de plus d'un lecteur- il y a de ces écrits qui, à la longue, vous donnent à penser qu'ils sont le produit d'un parti pris figé. Une prise de position qui se refuse à la reconnaissance du changement positif qui pourtant s'opère sous nos yeux. Certes, il y a matière à critiquer. Il y a des dérapages à dénoncer et des mentalités sclérosées qui ne se départissent pas d'habitudes surannées. La persistance de ces boulets qui entravent quelque part le développement social, politique et économique ne justifie guère le négationnisme absolu. L'ouverture politique du pays a permis, entre autres, l'ascension des mouvements revendicatifs et des actes de dénonciation. C'est sain et personne ne peut contester le droit à la contribution à l'effort de redressement de torts qui fleurissaient dans un contexte autrefois favorable. Mais, il est de mauvaise foi de donner à croire que les indélicatesses et autres mauvaises habitudes sont nées d'aujourd'hui. Au moment où la société civile internationale reconnaît et loue la percée réalisée au Maroc en matière de droits de l'Homme, de réformes et de chantiers…; au moment où le Maroc a réussi à occuper un statut privilégié qui s'appuie sur sa stabilité et sa propension au changement positif, des voix s'obstinent à ne rien déceler en cela qui vaille la peine d'être souligné. A ceux-là, il convient de riposter. Alors que des sommités internationalement reconnues pour la profondeur de leur analyse et l'objectivité de leur jugement sans appel, souscrivent sans ambages à l'intense effort déployé par le Maroc en vue d'aller de l'avant dans la voie des réformes et du développement… et érigent le Maroc en exemple à suivre pour nombre de pays, c'est à ce moment de l'Histoire que nous avons à essuyer des pamphlets où il n'est question que de dénigrement et de dénégation. Il est des supports journalistiques qui excellent dans des commérages de basse facture dans le souci unique de se frayer une place au soleil. Ils ont même été jusqu'à affirmer, sans cligner de l'œil, que le Maroc est une forme de dictature, en dépit de l'existence (sic) des parties politiques et de la presse indépendante. «Le Makhzen est là, la dictature n'est pas loin, elle cohabite infailliblement avec» a-t-on pu lire dans un quotidien arabophone. Voici un constat simpliste qui invite à la dérision, outre qu'il porte une charge de harcèlement et un brin de suffisance. Dans l'imaginaire populaire et celui des élites, la dictature est synonyme de tyrannie. La tyrannie, elle, est l'expression de la folie des grandeurs. Elle revêt des aspects réductibles de l'individu, confisquant sa liberté d'initiative et d'expression, et inhibant sa volonté d'évoluer en adéquation avec les facteurs de son humanité. Ce qui existe au Maroc, aujourd'hui, est en puissance ce qui a cours dans n'importe quelle démocratie. La dictature suppose l'impôt d'un diktat. Elle se passe des institutions et assoit son pouvoir par «le fer et le feu» conjugués au totalitarisme. Elle ne tolère d'aucune manière aucune forme de contre pouvoir. Elle bride tout élan d'émancipation et brime toute expression revendicatrice. Elle ne tolère ni la critique, ni l'immixtion dans les affaires publiques. Franchement, est-ce le cas au Maroc?