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Affaire Raissouni : Un sit-in dénonce une "violation caractérisée des droits humains"
Publié dans Hespress le 03 - 10 - 2019

L'affaire Hajar Raissouni a poussé des dizaines de Marocains à battre le pavé en protestation contre une « injustice manifeste », après la condamnation de la journaliste à une année de prison ferme pour « relations sexuelles hors mariage et avortement illégal ». Ainsi, de nombreuses personnalités publiques ont pris part à un sit-in de solidarité avec la jeune femme, mais également avec son coaccusé, Dr Belkziz, médecin gynécologue condamné à une peine de 2 ans de prison ferme, assortie d'une période d'interdiction d'exercer de 2 années.
« Liberté pour Hajar Raissouni », « Unité, Solidarité, ce que nous voulons aura lieu », « Sauver une vie n'est pas un crime« , tels sont les messages écrits et scandés par ceux qui ont participé à ce rassemblement.
Nombreuses personnalités et figures de militantisme ont fait le déplacement pour réclamer la liberté de Hajar, et de ceux qui ont été victimes d'une loi « qui ne respecte pas les libertés individuelles ».
Photos Mounir Mehimdate
Au premier rang et munie de sa pancarte, la co-fondatrice du Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles, Betty Lachgar qui mène un long combat pour la dépénalisation de l'avortement, n'a pas raté l'occasion pour rappeler le fond du problème, celui de la loi 490, une loi rétrograde selon elle, qui touche à la liberté de chacun et particulièrement des femmes.
"Nous sommes là suite à cette injustice, à savoir les chefs d'accusation et la condamnation de Hajar Raissouni. Nous sommes là en tant que féministes parce que nous luttons pour les libertés individuelles, celle des femmes en général. Nous luttons particulièrement pour les droits sexuels et reproductifs des femmes", a-t-elle déclaré au micro de Hespress FR.
"Notre priorité c'est le droit des femmes à disposer de leur corps parce que notre corps n'est pas une priorité publique. Notre corps n'appartient ni au public, ni aux politiques ni à personne d'autre. Nous sommes libres, nous avons un libre arbitre et c'est essentiel de transmettre ce message », estime la militante.
Un règlement de compte
L'incarcération de la jeune femme a rapidement suscité de nombreuses réactions, et chacun y est allé de son analyse. Certains y ont vu une attaque personnelle à la ligne éditoriale du journal Akhbar Al Yaoum et son fondateur, Taoufik Boucharine, condamné en novembre 2018 à une peine de 12 ans de prison ferme pour, entre autres chefs d'accusation, traite d'êtres humains et viols.
D'autres estiment qu'il s'agit d'un règlement de compte politique, compte tenu du lien parenté de la journaliste avec Ahmed Raissouni, l'un des maîtres à penser du mouvement islamiste marocain, ancien président du Mouvement unicité et réforme (MUR), la branche prédicatrice du PJD, et président de l'Union mondiale des oulémas musulmans depuis novembre 2018.
Un avis qui semble partagé par de nombreuses personnalités publiques présentes, à commencer par le journaliste marocain Ahmed Reda Benchemsi, qui a un avis très tranché sur la question.
"Je pense que cette affaire a plusieurs dimensions mais je dirai avant tout que c'est une affaire politique avant d'être une affaire de mœurs. Bien sûr il y'a une dimension de mœurs qui est importante. Mais je pense que la dimension qui prime c'est la dimension politique parce que cette affaire ressemble fort à un règlement de comptes", estime-t-il.
"Hajar Raissouni a aussi été inculpée pour relations sexuelles hors-mariage et pour avortement. L'Etat s'est servi de lois qui sont à la base liberticides et injustes pour régler un compte politique donc il y'a deux problèmes en un : Il y'a cette loi qu'il faut réformer et il y'a cet Etat profond qui continue à régler ses comptes avec les dissidents d'une manière absolument injuste donc c'est une violation caractérisée des droits humains et des libertés individuelles », a-t-il ajouté.
"Le procureur a dit que cette arrestation n'avait aucun rapport avec le métier de Hajar Raissouni alors pourquoi ont-ils posé des questions sur son travail? Sur son oncle qui est un leader d'un mouvement islamiste?", s'est-il interrogé, affirmant que l'avortement « souvent pratiqué » au Maroc ne peut pas être tabou.
Ce que l'on réclame ce n'est pas une révolution
Pour le directeur de la communication de l'ONG Human Right Watch pour la région MENA, il s'agit simplement de formulations qui devraient être remises en question. "Une affaire comme ça devrait nous ouvrir les yeux sur la loi qui est en retard mais ce n'est pas un sujet que la société refuse. La société est tout à fait prête à faire face à ce qui est pratiqué tous les jours. Ce que l'on réclame ce n'est pas une révolution c'est simplement remettre les lois avec la mentalité qui a changé depuis longtemps" .
A l'instar de Benchemsi, Khadija Ryadi, Lauréate du Prix de l'ONU pour les droits de l'Homme en 2013 et ex-présidente de l'AMDH a aussi décrit ce procès comme « politique ». Cette dernière décrit ce procès comme « un instrument de répression ».
"Nous sommes ici pour dénoncer ce procès, qui est un procès politique, instrumentalisé par des lois rétrogrades, qui sont sujettes à de nombreuses critiques notamment par les associations des droits des femmes et des droits humains qui revendiquent une abolition", a-t-elle déclaré à Hespress FR.
"Nous considérons que cette arrestation estbitr araire et que cette détention doit prendre fin et que Hajar doit être libérée ainsi que toutes les personnes qui sont arrêtées avec elle", juge la militante qui continue d'élever la voix contre ce qu'elle appelle « une décision despotique ».
Les médecins au plus bas
En demandant justice pour Hajar Raissouni, les participants de ce sit-in n'en oublient pas pour autant de soutenir Dr Belkziz le gynécologue poursuivi dans le cadre de cette affaire. Si sa famille était au premier rang, elle n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet.
De nombreux confrères et consœurs du médecin ont fait le déplacement, tous munis d'une pancarte sur laquelle on peut lire le message « Sauver une vie n'est pas un crime« . Au micro de Hespress FR, l'endocrinologue et diabétologue, Jamila Ghandi a fait part de ses craintes depuis cette affaire, estimant que tout les médecins se retrouvent désormais dans une situation délicate.
"Depuis cette affaire, les médecins ne pensent qu'à une chose, sauver leur peau. Un gynécologue devra désormais se poser la question lorsqu'il reçoit une femme qui saigne, va-t-il l'aider ou la laisser mourir? Dans les deux cas il sera emprisonné", a-t-elle déclaré.
"Les preuves ont été apportées par son avocate qui affirme que ce n'est pas un avortement mais une fausse couche. Il a sauvé une vie et se retrouve avec deux ans de prison et deux ans d'interdiction d'exercice. Je n'ai même pas de mots pour décrire la situation", ajoute-elle visiblement très bouleversée par cette incarcération.
"Au delà de la gynécologie, tous les médecins se demandent comment ils vont continuer à faire leur travail si il n'y a pas de loi qui les protège", conclut-elle.


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