Ce mercredi 16 octobre, l'opinion publique a été bouleversée, et surtout soulagé, par l'annonce de la grâce royale au profit de la journaliste Hajar Raissouni, condamnée à un an de prison ferme pour « avortement » et « relations sexuelles hors mariage », au même titre que ses coaccusés (son fiancé, son gynécologue et un technicien anesthésiste). Photo : Mounir Mehimdate Depuis, les réactions ont fusé de part et d'autre. Khadija Ryadi, Lauréate du Prix de l'ONU pour les droits de l'Homme en 2013 et ex-présidente de l'AMDH a déclaré à Hespress Fr que « ce ne sont que des choses qui reviennent à la case zéro ». Pour cette militante des droits humains « ces personnes ne devaient même pas être en prison. Donc il faut les dédommager maintenant. Ils ont fait de la prison pour rien. Même au vu de la loi marocaine, il n'y a pas eu d'avortement, ce qui a bien été démontré devant le tribunal. C'est pour des raisons politiques que Hajar était en prison, et que les autres se sont retrouvés avec elle en prison ». Concernant le débat sur les libertés individuelles suite à l'affaire Hajar Raissouni, Khadija Ryadi estime que « le débat a toujours été ouvert, le Code pénal est en cours de discussion. Ça aura été une nouvelle occasion d'en discuter ». « C'est vrai qu'il y a certains groupes qui ont profité de la question pour dynamiser le débat, mais ils ont payé trop cher pour ça. C'est un peu trop pour que les gens fassent de la prison, qu'ils souffrent à cause de ça. Je veux dire qu'ouvrir le débat à cause d'une affaire comme ça, voir des gens souffrir en prison pour rien, n'est pas une chose acceptable, notamment dans le cas de Hajar », a-t-elle martelé. Photo : Mounir Mehimdate Le successeur de Khadija Ryadi à la présidence de l'Association Marocaine des droits humains (AMDH), Aziz Rhali, estime quant à lui, que « si l'affaire de Hajar est close, le débat reste ouvert ». « Je pense que si le dossier de Hajar est clos, celui des libertés individuelles restera toujours ouvert. N'oublions pas que notre mobilisation n'était pas seulement pour Hajar Raissouni, mais aussi pour le débat des libertés individuelles et de l'IVG. La société civile marocaine doit saisir cette occasion et continuer à travailler sur le sujet, c'est une parenthèse qui a été ouverte et qui ne doit pas être fermée par une décision de libération » a déclaré Rhali à Hespress Fr. Selon ce militant des droits humains, la libération de Hajar Raissouni doit s'inscrire dans « une continuité du débat et des discussions, comme ça on n'aura pas demain d'autres Hajar ». Le président de l'AMDH rejoint également Khadija Ryadi sur la question du dédommagement des détenus dans cette affaire. « Je pense qu'il faudrait qu'il y ait des dédommagements. Il y avait une condamnation publique dans le regard de tout le monde. L'état marocain doit prendre en considération ce genre de choses là, éviter une précipitation la prochaine fois et laisser le temps à la justice de faire son travail» a-t-il conclu.