Le journaliste Taoufik Bouachrine, patrondirecteur de publication du quotidien « Akhbar Al Yaoum », a été condamné vendredi 25 octobre, par la chambre criminelle près de la cour d'appel à Casablanca, à 15 ans de prison ferme pour « traite d'êtres humains, abus de faiblesse, viol et harcèlement sexuel ». Un jugement « sévère » et « dur » pour certains, à l'encontre de Taoufik Bouachrine, mais « pas assez ferme» pour d'autres. En tout cas, la condamnation d'un « aussi bon éditorialiste« , a suscité énormément de réactions, voire un « choc » dans le milieu de la presse mais aussi chez une grande partie de la société marocaine qui suivait son affaire. Pour le président de l'Association Marocaine des droits humains (AMDH), Aziz Rhali, il s'agit d'«un geste illogique et absurde de la part de l'Etat marocain ». Selon lui, et alors que tout le monde s'attendait « à un geste clément qui pourrait alléger la peine, il ferme encore une fois la porte devant la liberté de la presse ». « Tout le monde s'attendait après la grâce Royale au profit de Hajar Raissouni à ce qu'il y ait une certaine ouverture vers la liberté de la presse. Mais malheureusement, c'est une condamnation très dure surtout qu'elle porte sur deux volets. Il y a le premier volet qui est 15 ans de prison et le second volet que sont les amendes qui avoisinent 1 milliard de centimes. C'est comme s'il l'avait été condamné à la peine capitale », a confié à Hespress Fr le patron de l'AMDH. Taoufik Bouachrine, qui a pris la parole devant la cour d'appel de Casablanca avant la dernière séance de son procès, s'attendait également à un « acte de clémence et de miséricorde » comme pour Hajar Raissouni, qui travaille dans son journal, et qui a profité de la grâce Royale, alors qu'elle était poursuivie pour « relations sexuelles hors mariage et avortement« . Il s'est également excusé auprès des plaignantes, qui, selon lui, « se sont retrouvées au milieu d'une guerre qui n'est pas la leur » tout en « pardonnant » celles qui ont témoigné contre lui. A la fin de l'audience, le journaliste a exprimé sa « peur » mais pas de la prison, mais pour le sort de la liberté d'opinion et de la presse au Maroc. « J'ai peur, c'est vrai, mais la prison n'est pas ma préoccupation première, l'important est ailleurs. C'est une affaire de liberté d'opinion et de liberté de la presse. Toute une génération est concernée, celle qui a défendu la réforme de la justice, et le jugement que vous rendrez aujourd'hui constituera un document de référence en la matière », a-t-il notamment dit. Lire aussi: Bouachrine : Sa peine et ses amendes revues à la hausse