C'est "une sentence qui nous sidère et à laquelle on ne s'attendait absolument pas. Nous nous attendons à l'acquittement en vue des preuves scientifiques que nous avons présenté à la Cour", a confié, mardi, à 2M.ma Me Myriam Moulay Rchid, l'avocate du gynécologue Mohamed Jamal Belkeziz, condamné, lundi 30 septembre 2019 par le tribunal de première instance de Rabat à deux ans de prison ferme avec interdiction d'exercer pendant deux ans dans l'affaire de la journaliste Hajar Raissouni. Et de s'interroger comment peut-on incriminer un médecin d'avortement alors que l'utérus de la femme ne renfermait pas un fœtus ? "Je ne sais pas du tout si la preuve scientifique a été écartée", a dit l'avocate du gynécologue poursuivi pour avoir pratiqué l'avortement. Pour rappel, le tribunal de première instance de Rabat a condamné Hajar Raissouni, à une peine d'une année d'emprisonnement assortie d'une amende de 500 dirhams pour "rapport sexuel hors mariage" et "consentement à se faire avorter par autrui". La même peine de prison a été prononcée contre son fiancé, un universitaire de nationalité soudanaise, pour "débauche" et "participation à l'avortement". Le gynécologue Belkeziz a été condamné à deux ans de prison ferme avec interdiction d'exercer pendant deux ans. Les autres mis en cause, notamment l'assistance du médecin et l'anesthésiste, ont été condamnés à des peines de prison avec sursis, respectivement de 8 mois et d'un an. Le tribunal a également condamné l'anesthésiste à une peine d'un an de prison avec sursis ainsi qu'une femme à huit mois de prison avec sursis. "Je ne vais pas commenter le jugement, puisque nous l'avons pas encore entre les mains. Nous n'avons eu que le prononcé du verdict hier. Je suis parti ce matin mardi pour faire appel, le jugement n'était toujours pas dans le dossier. Apparemment, il sera prêt le jeudi. Je ne peux malheureusement pas commenter les motifs sur lesquels ce jugement s'est basé. Je ne sais pas si on a écarté la preuve scientifique. Je ne sais pas du tout les motifs sur lesquels le juge s'est basé pour prononcer cette sentence », poursuit Me Myriam Moulay Rchid, contactée par 2M.ma. ."Bien évidemment, nous sommes sous le choc, c'est une sentence qui nous sidère et à laquelle on ne s'attendait absolument pas. Nous nous attendons à l'acquittement en vue des preuves scientifiques que nous avons présenté à la Cour (...) Je ne sais pas du tout si la preuve a été écartée", a-t-elle déploré, avant de d'affirmer que la Défense va interjeter appel du jugement prononcé lundi 30 septembre. Il est à souligner que lors d'une précédente audience, Hajar Raissouni avait nié tout avortement, assurant avoir été traitée pour une hémorragie interne, ce que son gynécologue a confirmé au tribunal. L'affaire Hajar Raissouni a soulevé des débats sur les libertés individuelles dans le Royaume.