L'affaire de la journaliste Hajar Raissouni, qui a éclaté l'été 2019, a réouvert le débat sur les libertés individuelles au Maroc, et la nécessité de réviser le Code pénal. Son arrestation ainsi que celle de son fiancé, pour relation sexuelle hors mariage et avortement, a également donné suite à la naissance d'un collectif de femmes qui se sont proclamées « Hors-la-loi« . Pour faire entendre leur cause, un manifeste a été co-rédigé par deux militantes féministes, Leila Slimani et Sonia Terrab, demandant ainsi l'abrogation de l'article 490 du Code pénal mais aussi l'article concernant l'avortement. Le manifeste avait rassemblé plus de 15.000 signatures. Un an après son lancement, le mouvement « hors-la-loi » qui a remporté le prestigieux prix de Simon de Beauvoir pour la liberté des femmes, revient dans un communiqué sur ses premières actions, l'apparition de la pandémie du Covid-19 ainsi que le maintien de leur combat « jusqu'à ce que la loi change« . « La première action de que nous avons a été de faire recours aux mesures édictées par la constitution marocaine de 2011 afin d'encourager les citoyennes et citoyens à participer directement à la gestion de la chose publique, nous avons lancé une pétition parlementaires et avec votre implication à toutes et à tous nous avons pu récolter près de 3000 signatures, plus de la moitié du seuil requis« , indique le collectif. S'agissant de la crise sanitaire du coronavirus, son apparition a stoppé net toute action sur le terrain, fait savoir le collectif, qui indique se replier en cette période exceptionnelle sur sa base arrière celle qui fait sa force et son identité à savoir les jeunes et les réseaux sociaux. « C'est à ce moment qu'éclate le scandale de Sofia Taloni et ce sont des milliers de jeunes de la communauté LGBTQ+, en désarroi, qui inondent nos messageries. Plusieurs adolescents sont au bord du suicide. Nous leur offrons une écoute, une orientation, une alternative … Mais c'est insuffisant … Nous nous sentons parfois impuissants« , se désole le collectif. Il poursuit que ainsi que « l'inexistence, dans notre pays du droit, fondamental, de disposer de son corps fait des dégâts ravageurs. Et ses ramifications sont terribles notamment le viol, harcèlement, suicide mais aussi la pédophilie« . Le mouvement « hors-la-loi » estime ainsi que « si les relations sexuelles hors mariage n'étaient pas sanctionnées de prison et que les marocain-e-s disposaient de la liberté de disposer de leurs corps, les cas de pédophilie pourraient être réduits« . Un an après sa création, et au cours de cette année, le collectif indique avoir fait des rencontres inoubliables et qu'il continuera son aventure en libérant la parole, « particulièrement celle des victimes de pédophilie, viol, harcèlement, violences sexuelles, arrestations injustes et à porter leurs voix envers et contre tous » et à se dresser pour l'abrogation des lois liberticides.