La Commission Spéciale sur le Modèle de Développement (CSMD) a entamé, ce jeudi à Rabat, ses auditions des différentes forces vives de la nation, incluant les partis politiques, les syndicats, le secteur privé et les associations et ce, dans un esprit d'ouverture et de construction commune. Suivant un calendrier bien défini, la commission Benmoussa a inauguré ces séances d'écoute par des rencontres avec le Parti de la Justice et du Développement (PJD), l'Union socialiste des Forces populaires (USFP) et le parti de l'Istiqlal (PI), autant d'interlocuteurs devant, au même titre que tous les autres, apporter leurs contributions et partager leurs expériences et réflexions. PJD et valeurs sociétales C'est ainsi que représenté par Slimane El-Amrani, Mohamed Touil, Mohamed Naji et Driss Skelli, le PJD a ouvert le bal, en estimant que le nouveau modèle de développement doit être basé sur la promotion des valeurs sociétales, la consécration du choix démocratique et la bonne gouvernance. Selon son secrétaire général adjoint, Slimane El Amrani, le parti de la lampe, a mis en avant lors de cette consultation, des propositions s'articulant autour de trois thèmes principaux, à savoir « la nécessité de s'appuyer sur l'ensemble des valeurs sociétales inclusives et authentiques, la consécration du choix démocratique et le renforcement du système de gouvernance« . « Nous ne pouvons envisager un nouveau modèle de développement distingué, qui rompt avec les dysfonctionnements du modèle actuel et ses limites, sans se référer aux valeurs sociétales inclusives et authentiques« , a-t-il indiqué, soulignant, à cet égard, « la nécessité de passer outre toute dimension traditionnelle dans tout modèle de développement, à travers la consécration des valeurs sociétales authentiques« . Le deuxième thème des propositions du PJD, adoptées par son Secrétariat général le 12 mars dernier, porte sur « la nécessité d'aller de l'avant et jusqu'au bout » dans le choix démocratique, a expliqué El Amrani, mettant l'accent sur l'importance de conférer aux élections la place qui leur échoit et d'œuvrer au renforcement des partis politiques et à la consolidation de leur rôle, eu égard à leur contribution au renforcement des institutions de l'Etat. Pour ce qui est du troisième thème, a-t-il dit, il porte sur la nécessité de renforcer le système de gouvernance, comme stipulé par la Constitution et ce, vu l'importance de ce volet dans la redynamisation du développement et la lutte contre l'économie de rente. Le chantier d'élaboration d'un nouveau modèle de développement est d'une importance capitale, au moment où le Royaume entame une nouvelle décennie, après les deux dernières caractérisées par une dynamique de développement en dépit du déficit enregistré dans plusieurs secteurs,a poursuivi le responsable PJDiste. Pour conclure : « Le Maroc a toujours fait montre de sa capacité à relever les défis et à demeurer un modèle distingué de stabilité politique et institutionnelle et source d'inspiration dans un espace régional instable« . USFP et la garantie de l'équilibre des pouvoirs Pour sa deuxième séance la CSMD a reçu la délégation USFPiste, conduite par le premier secrétaire du parti, Driss Lachgar, et comprenant également Khaoula Lachgar, Hamid Jmahri, Mehdi Mezouari, Tarik El Malki, Machij El Karkri et Ahmed Aked. S'exprimant à l'issue de cette rencontre, Lachgar a précisé que « l'USFP a élaboré sa vision du nouveau modèle de développement autour de cinq principaux axes, dont le plus important est le renforcement de la démocratie en tant que condition essentielle pour la réalisation du développement« . Et d'ajouter que le parti a présenté plusieurs propositions dans le cadre de l'axe institutionnel, notamment en ce qui concerne la garantie de l'équilibre des pouvoirs et de l'acquittement de leurs rôles conformément à la constitution, et la réussite du renouvellement des élites et des compétences politiques, partant du principe: « pas de démocratie sans partis et pas de partis sans citoyens engagés dans l'action partisane« . Conformément au projet socialiste et démocrate adopté par l'USFP, le parti considère « fondamentale » la question de la modernité, tout comme la question de l'égalité, qui permet à la moitié de la société de jouer pleinement son rôle, a fait valoir Lachgar, notant que le parti entend clarifier, plus tard par le biais d'une note, les cinq principaux piliers de sa vision du nouveau modèle de développement, à savoir les piliers institutionnel, économique, social, sociétal et culturel. PI et la nécessité d'investir dans l'humain Dernier parti à être consulté lors de cette première journée d'écoute, l'Istiqlal qui était représenté par son secrétaire général, Nizar Baraka, outre Chiba Mae El Aynane, président du Conseil national du Parti, Karim Ghellab, membre du Comité exécutif et président de la commission du parti, chargée du modèle de développement. Pour le PI, « le nouveau modèle de développement doit rompre avec l'économie de rente et des privilèges et adopter une gouvernance basée sur l'efficacité et la globalité ». « Le modèle de développement actuel a atteint ses limites et on ne peut pas continuer sur les mêmes politiques, d'où la nécessité de ruptures principales pour accéder au nouveau modèle de développement« , a indiqué Nizar Baraka au sortir de cette séance. Il a, dans ce sens, relevé l'importance de se focaliser sur « la rupture liée au passage d'une société de l'économie de rente et de privilèges vers une société où tous ses membres jouissent des mêmes droits et obligations« , ainsi que sur le « passage de la gouvernance basée sur clientélisme et le favoritisme vers une gouvernance basée essentiellement sur l'efficacité, le ciblage, la globalité et l'inclusion dans les politiques appliquées« . « Le renforcement de la cohésion sociale et la réduction des disparités territoriales et sociales« , doit également être pris en compte lors de la conception du nouveau modèle de développement, a-t-il dit. Baraka a, de même, souligné la nécessité d'investir dans les ressources humaines et de renforcer les capacités des entreprises, des institutions, des partis politiques, de la société civile et des syndicats, jugeant aussi nécessaire de gérer les ressources rares d'une manière raisonnable, en l'occurrence l'eau, l'immobilier et les ressources financières afin d'avoir un rendement plus important et économiser la consommation de ces ressources vitales, pour le bien des générations futures. Pour rappel, la CSMD organisera également une série de réunions de terrain pour écouter les citoyens et les différentes composantes de la société marocaine, en vue de consolider l'esprit d'interaction et d'ouverture qui caractérise son travail.