Le gouvernement Akhannouch affiche désormais son intention de se passer de la subvention du gaz butane et de la remplacer par l'octroi d'aides directes via les allocations familiales. Qui seront les bénéficiaires? Quand est-ce qu'elles seront octroyées surtout quelles sont tributaires de la sortie tant attendue du Registre social unifié? Ne voulant pas s'aventurer dans un démantèlement risqué de la subvention du gaz pouvant mettre à mal la paix sociale, le gouvernement tient à affirmer que cette démarche reste conditionnée par l'octroi des aides directes au profit des ménages vivant dans la précarité. «À partir de cette année (2023), nous allons allouer 20 milliards de dirhams (MMDH) aux aides directes au profit des ménages vivant dans la précarité », a affirmé le ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaa, précisant que les aides directes se feront via les allocations familiales conformément à la loi-cadre sur la protection sociale. Lekjaâ a souligné que ces aides directes cibleront «les familles ayant des enfants en âge de scolarisation, soit 7 millions d'enfants, ou les familles vulnérables, mais sans enfants éligibles aux critères de scolarisation, soit 3 millions de familles». À ce propos, il a annoncé qu'une fois ces familles «commenceront à recevoir les aides directes, nous entamerons le démantèlement progressif de la compensation». Pour plus d'efficacité budgétaire Le ministre délégué a noté que cette démarche vise à garantir plus d'efficacité des aides publiques d'autant plus que les dépenses relatives à cette subvention ont bandit de 70% au cours des neuf premiers mois de 2022, ramenant la moyenne de subvention à 97 dirhams par bombonne de gaz de 12 kg. Cependant beaucoup de questions s'imposent avec acuité quant à la mise en place des transferts financiers directs à plus forte raison que la mise en place du Registre social unifié (RSU) tarde à voir le jour. À ce titre, le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a indiqué devant les deux chambres du Parlement lundi dernier que son équipe a l'intention d'accélérer la cadence de travaux en vue de sortir le RSU à horizon 2023 au lieu de 2025. Un préalable sans lequel la mise en place d'aides directes sans autres critères que celui du mérite, «ne laissant aucune latitude à la réalisation de bénéfices personnels ou électoraux», ne peut avoir lieu. Lire aussi: PLF 2023: les chiffres à retenir du grand oral d'Aziz Akhannouch Il s'avère également que ce projet risque de se heurter à d'énormes difficultés, notamment, en termes de financement. Le gouvernement compte sur l'amélioration de la contribution des grandes sociétés réalisant un bénéfice net supérieur à 100 millions de dirhams (MDH). Ces sociétés seront assujetties à un taux de 35%, y compris celles exerçant des activités en situation de monopole, selon Lekjaa. Or, il s'agit d'une démarche qui n'est pas sans risque. Certains observateurs craignent que cette mesure ne pousse à plus de morcèlement des sociétés. Le gouvernement ambitionne donc de consacrer le principe de solidarité sociale et de la neutralité fiscale, sauf que l'enfer pourrait être pavé de bonnes intentions.