■ Les mouvements sociaux qui ont affecté les différentes entreprises étrangères pourraient impacter les IDE et diminuer l'attractivité du Maroc. ■ Les syndicats sont plutôt dans une culture d'affrontement héritée des Français. ■ Le dialogue est la solution pour résoudre les problèmes et atteindre les objectifs. Le Maroc a procédé ces dernières années au renforcement de son attractivité à l'international pour drainer et encourager les investissements étrangers en se basant sur 3 axes : un cadre institutionnel et légal plus attractif pour les investisseurs internationaux, une stratégie de promotion des IDE et une stratégie par secteur pour favoriser et développer la délocalisation. En effet, l'économie marocaine s'est développée et modernisée grâce à une forte volonté gouvernementale, au lancement de différents chantiers d'infrastructure ainsi qu'à la mise en œuvre des réformes améliorant le climat des affaires. Cependant, l'année 2011 a été une année exceptionnelle, forte en émotions et en événements qui ont fait basculer les choses dans plusieurs pays arabes, y compris le Maroc. Parmi ces événements, différents mouvements de contestation et des manifestations dans les principales villes du Royaume. Ces mouvements ne se sont pas limités à la rue avec le Mouvements du 20 février ou même des diplômés chômeurs; la fièvre des manifestations et des grèves a même touché les entreprises des secteurs public, semi-public et privé. Les multinationales et les entreprises étrangères n'ont pas été épargnées par ces mouvements sociaux qui, dans certains cas, ont paralysé leurs activités et causé d'énormes pertes aux entreprises. On se demande à présent si les mouvements sociaux que le Maroc a connus dernièrement pourraient en quelque sort décourager ou impacter les investissements étrangers. D'après Driss Benali, économiste, la réponse est oui, puisque les investisseurs étrangers ne cherchent pas à investir dans des pays conflictuels où les syndicats sont forts et sont encore dans une culture de l'affrontement. «On a hérité des Français la culture de l'affrontement, contrairement au syndicat moderne de type anglo-saxon qui est orienté plus vers le dialogue et la concertation», observe-t-il . Si les investisseurs cherchent à réduire les coûts pour maximiser les profits, les grèves et les conflits sociaux rendent le pays moins attractif. Ils entraînent des conséquences dures sur l'employeur puisqu'ils impactent le coût de production et donc une perte pour l'investisseur. Cependant, il ne faut tout de même pas jeter la pierre aux grévistes comme l'a précisé Driss Benali. «Nous avons un patronat de droit divin et un syndicat de conflit, du coup l'image qu'on peut donner à l'étranger est que nous sommes dans un pays archaïque», a-t-il précisé. Depuis l'indépendance, le droit de grève a été reconnu et consacré par l'article 14 de la Constitution de 1962 qui a été repris par la Loi fondamentale respectivement en 1970, 1972, 1992, 1996 et 2011. Dans la nouvelle Constitution, les articles 8 et 9 prévoient le cadre général et la vocation de l'organisation syndicale; ainsi que les garanties pour l'exercice de ce droit. Ainsi, les organisations syndicales contribuent, entre autres, à la défense et à la promotion des droits et des intérêts socioéconomiques des catégories qu'elles représentent. Si la grève reste la principale, sinon la seule arme que les employés détiennent pour garantir leurs droits et faire plier l'employeur, le patronat et même le gouvernement à leurs exigences revendicatives, il est important de préciser que le dialogue reste la clé pour résoudre les conflits sociaux. Ce qui permettra aussi de préserver la compétitivité de notre pays vis-à-vis des investisseurs étrangers. ■ L.Boumahrou Les priorités du gouvernement pour assurer la paix sociale Sur le plan social, qui revêt une extrême importance vu la conjoncture inhérente, la priorité serait d'assurer la paix et la stabilité sociales. Il y a du pain sur la planche pour le prochain gouvernement qui devra agir sur plusieurs fronts sociaux à la fois. Dans son programme, le parti de la lampe avait insisté sur l'importance d'améliorer les conditions de travail et de vie des couches laborieuses. Parmi les dossiers les plus chauds : le respect des lois sociales, l'augmentation des salaires, la revalorisation des pensions de retraite… Pour garantir une stabilité et une paix socialesle nouveau gouvernement devra honorer ses engagements à savoir la revalorisation du SMIG à 3.000 DH, ou encore le relèvement de la pension minimum de retraite de 1.000 à 1.500 DH. Reste à savoir s'il arrivera à appliquer ses ambitions et s'il en aura les moyens. Tout dépend aussi de la manière dont il va gérer les rendez-vous sociaux et les rapports qu'il aura avec les centrales syndicales.