Dotée de fonds supplémentaires, la nouvelle Politique de voisinage vise à favoriser l'enracinement durable de la démocratie et le développement d'une économie solidaire. Concernant le rapport Maroc 2010, le bilan est mitigé. Catherine Ashton, la Haute Représentante pour la Politique étrangère et de Sécurité et vice-présidente de la Commission européenne, et Stefan Füle, Commissaire européen pour l'Elargissement et la Politique de voisinage, ont présenté dernièrement à Bruxelles une stratégie qui vise le renforcement des relations bilatérales et régionales entre l'UE et les partenaires de son voisinage. Dès le lendemain, l'ambassadeur de l'Union au Maroc, Eneko Landabru, avait tenu une conférence de presse à Rabat pour présenter le nouveau package, en présence des ambassadeurs de Hongrie, de Finlande et de Hollande. L'ambassadeur a tenu à préciser que la Politique de voisinage devait être revisitée. «C'est désormais un exercice fait avec les pays partenaires et des décisions ont été prises dans ce sens», a-t-il déclaré. Ce nouveau gap dans les relations entre l'UE et ses partenaires, où le Maroc figure en bonne place, a également précipité les événements qui continuent de secouer le Monde arabe depuis décembre 2010. «La nouvelle offre instaure le principe de différenciation, puisqu'un contrat différent nous lie à chaque pays de la région. Et il est important de noter que chaque pays choisit le niveau qu'il veut insuffler à ce partenariat. L'Union n'impose rien !», a précisé Landaburu. Dotée de fonds supplémentaires, la nouvelle Politique de voisinage (PEV) vise à favoriser l'enracinement durable de la démocratie et le développement d'une économie solidaire chez les partenaires sur la base de davantage de responsabilité mutuelle. «Il y a un certain nombre de dossiers en négcation : l'accord commercial, les produits agricoles et l'accord de pêche qui, j'espère, seront acceptés par le Parlement européen. Ça suit son court. Le ministre marocain du Commerce extérieur va rencontrer le Commissaire européen au Commerce international dans quelques jours pour lancer la négociation sur la libéralisation des services. Là encore, ce sont des négociations qui suivent leur cours également. L'accord de pêche a également été renouvelé pour une année, etc. Toutes ces négociations sont en cours… Toutes les actions menées bilatéralement figurent dans le Plan d'action qui trace la voie sur 5 ans. Avec cette nouvelle offre, il faudra probablement qu'on réexamine ces négociations en vue d'offres nouvelles et de voir si l'on doit intervenir pour appuyer la régionalisation ou si l'on doit appuyer les reformes démocratiques, etc; il est sûr que cela doit être reflété dans le Plan d'action», suggère Landaburu. Pour atteindre ses nouveaux objectifs ambitieux, la PEV sera dotée d'un budget supplémentaire de plus de 1,242 milliard d'euros de dons en complément aux 5,7 milliards déjà alloués pour 2011-2013, auxquels s'ajoutra 1 milliard de prêts additionnels de la Banque européenne d'investissement. Par ailleurs, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) verra ses activités étendues à la Méditerranée avec un volume de prêts potentiel de 2,5 milliards d'euros par an. «Dans cette reformulation des priorités, l'UE sera plus attentive et ouverte sur l'accompagnement de la démocratie et également la société civile des pays partenaires. Puisqu'aucune démocratie n'est possible sans implication de la société», souligne Landaburu, qui tient tout de même à rappeler que l'UE n'impose rien aux pays partenaires. Cela dit, la PEV privilégiera ainsi les partenaires qui s'emploient à approfondir une démocratie durable, dotée d'institutions solides à même de garantir la liberté de vote, la Justice, la liberté d'expression, la sécurité des citoyens et un accès à une fonction publique compétente et intègre. Le nouveau package entend soutenir le développement d'une économie solidaire où les PME, en particulier, peuvent exploiter pleinement leur potentiel commercial, investir et se développer de manière durable, contribuant à réduire les inégalités sociales et régionales, à créer des emplois et améliorer le niveau de vie de tous. Elle offre la perspective d'un partenariat pour la mobilité (Tunisie, Maroc, Egypte) et un appui renforcé au programme d'échange d'étudiants et de chercheurs, vu le succès enregistré par le programme Erasmus. «Le dialogue a été difficile sur l'accord de réadmission qui n'a pas été conclu. Notre position politique de l'époque était que sans conclusion de cet accord, il est très difficile d'améliorer la mobilité. Aujourd'hui, il y a une nouveauté : tout pays qui accepte de conclure un accord de réadmission et combat l'émigration clandestine, bénéficiera d'un appui plus important de la part de l'UE à l'émigration légale et une facilitation de l'octroi de visas pour certaines catégories professionnelles», précise l'ambassadeur de l'UE à Rabat. Enfin, il y a lieu de noter que la nouvelle Politique de voisinage entend renforcer le partenariat oriental et de la Méditerranée du Sud au travers d'initiatives cohérentes dans des domaines tels que le commerce, l'énergie, le transport … Le rapport Maroc 2010, mi-figue mi-raison Le rapport pays Maroc de l'année 2010, également publié aujourd'hui, dresse un bilan factuel des réalisations et des défis qui restent à relever par le Maroc pour saisir pleinement les opportunités de cette nouvelle offre de l'UE. Le rapport pays Maroc couvre les développements de la coopération et des réformes pour l'année 2010. Il est pertinent pour identifier les défis à relever dans cette nouvelle phase du partenariat. Il revient sur les avancées réalisées dans les relations UE-Maroc en 2011, notamment le sommet de Grenade, la réunion de la Commission parlementaire mixte, le rapprochement du Maroc avec le Conseil de l'Europe, la signature des accords agricoles et de règlement des différends ainsi que du mémorandum sur la participation du Maroc aux agences et programmes de l'UE. Sur le plan économique, le rapport souligne la poursuite par le gouvernement de la mise en œuvre des réformes structurelles. Il met en exergue l'importance des efforts budgétaires en faveur des secteurs sociaux. Les défis sociaux restent cependant cruciaux pour asseoir une économie solidaire. En matière de démocratie et de protection des libertés fondamentales, le tableau est contrasté pour 2010. Certains points soulevés ont fait l'objet d'annonce de réformes en 2011 comme l'appel à assurer l'indépendance de la Justice et la mise en œuvre des recommandations de l'IER, deux volets couverts par la révision de la Constitution lancée en mars 2011. D'autres points prennent un relief particulier dans le contexte de la communication, comme l'importance de la réforme de la Justice, la lutte contre la corruption ainsi que les atteintes à la liberté de la presse et de manifestation, et la nécessité de définir un nouveau code de la presse. «Nous nous réjouissons de voir que certains points figurant dans ce rapport ont fait l'objet de décisions en 2011, notamment la réforme du code la presse…», conclut Landaburu. I. B. * Manifestations, arrestations de Rachid Ninni… : Eneko Landaburu se prononce « En politique, il faut non seulement prendre très au sérieux les paroles des responsables, mais il faut également prendre au sérieux les actes et la concrétisation de ces paroles. Il est vrai que sont bienvenues les nouvelles prérogatives données à l'Instance Centrale de Prévention de la Corruption, après avoir tant débattu de ce phénomène… Bienvenue au Conseil de la concurrence fort qui puisse réguler les mauvaises pratiques de monopole, de dumping … Bienvenue également à ce qui a été annoncé par Khalid Naciri, le ministre de la Communication, concernant la réforme du code de la presse… Cela dit, il faut qu'on voit les faits. Nous avons constaté qu'il y a un journaliste, quelles que soient ses opinions et quoi qu'on pense de lui, qui est inculpé sur la base du code pénal et non pas du code de la presse. Et ça nous gêne et nous l'avons dit. D'ailleurs, des parlementaires européens sont venus ici dernièrement et ont fait part de cette gêne aux différentes instances. Ça nous gêne également de voir les manifestations pacifiques réprimées. Il faut qu'on juge non seulement sur les paroles, mais également sur les actes. Et c'est justement là l'intérêt de notre offre présentée récemment à Bruxelles. Cette offre veut aider et accompagner tous ceux qui veulent réellement prendre en chanrge la réalité avec des décisions politiques et des instruments pour les mettre en œuvre ».