En convalescence sous haute surveillance au centre hospitalier Mustapha où il reçoit des séances de radiothérapie, l'écrivain incarcéré Boualem Sansal a reçu une visite pour le moins inhabituelle. Selon des sources judiciaires citées par Marianne, des émissaires mandatés par le pouvoir algérien lui ont suggéré d'abandonner son avocat, Me François Zimeray, au profit d'un autre conseil français à la condition expresse que celui-ci ne soit «pas juif.» Les visiteurs auraient fait valoir que cet hypothétique remplaçant pourrait, lui, obtenir un visa pour assister son client. Une justification qui peine à occulter la portée ouvertement antisémite de cette ingérence, révélatrice des méthodes coercitives employées à l'encontre des voix dissidentes. Me François Zimeray, ancien ambassadeur français des droits de l'Homme, n'a pas encore réagi publiquement à ces pressions. Quant à Boualem Sansal, prix de la paix des libraires allemands et figure intellectuelle reconnue, il reste sous le joug d'un régime qui ne tolère ni sa plume ni sa liberté de pensée.