L'Algérie continue de faire parler d'elle par ses décisions liberticides et son inhumanisme notoire. L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, figure emblématique de la littérature et fervent défenseur de la liberté d'expression, en est la dernière victime. Incarcéré depuis la mi-novembre, l'homme de lettres, âgé de 75 ans et gravement malade, vient de quitter l'hôpital pour retourner en prison. Une situation qui suscite l'indignation internationale et souligne une fois de plus les pratiques répressives du régime algérien. Mardi matin, lors d'une interview accordée à Sud-Radio, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a confirmé cette information. Selon lui, Boualem Sansal a été réadmis en détention « dans les environs d'Alger » après avoir reçu des soins hospitaliers. Cette confirmation repose sur des échanges directs entre Paris et l'épouse de l'écrivain, qui continue de lui rendre visite hebdomadairement. Pourtant, les autorités algériennes ont refusé toute demande de visite consulaire, un affront diplomatique qui en dit long sur l'état des relations entre les deux pays. La santé de Boualem Sansal est au cœur des préoccupations. Jean-Noël Barrot n'a pas caché son inquiétude : « Nous sommes en contact constant avec son épouse et ses avocats, qui nous transmettent les rares informations disponibles », a-t-il déclaré. Malgré son âge avancé et son état de santé déclinant, l'écrivain reste sous le joug d'un système judiciaire oppressif, qui semble étranger à toute considération humanitaire. Lire aussi : Boualem Sansal : Une résolution du Parlement européen dénonce la répression en Algérie Boualem Sansal est poursuivi sur la base de l'article 87 bis du Code pénal algérien, un texte controversé qui assimile toute critique du régime à un acte terroriste. Ce cadre juridique flou permet aux autorités de réprimer toute voix dissonante sous prétexte de préserver la sûreté de l'Etat. En réalité, il s'agit d'une arme politique, utilisée pour museler les intellectuels et les opposants. Le cas Sansal n'est pas passé inaperçu sur la scène internationale. Le Parlement européen, réuni en session plénière jeudi dernier, a adopté une résolution avec une majorité écrasante de 533 voix pour et 24 contre. Cette résolution exige la libération immédiate de Boualem Sansal ainsi que celle d'autres détenus politiques en Algérie. Ce signal fort réaffirme la volonté des démocraties occidentales de ne pas fermer les yeux sur les abus du régime algérien. En France, la question a été abordée par plusieurs membres du gouvernement. Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a qualifié Boualem Sansal de « prisonnier politique » et d'énième « otage d'un régime autoritaire incapable de tolérer la critique ». Ces paroles résonnent avec les appels à la solidarité lancés par la communauté littéraire et des ONG internationales, qui dénoncent un système répressif au service d'une élite politique hermétique à toute réforme. Un régime acculé par ses contradictions L'arrestation de Boualem Sansal, justifiée officiellement par ses propos lors d'une interview au média français Frontières, reflète la peur du régime face à toute remise en question de son narratif historique. L'écrivain y avait notamment souligné le tracé colonial des frontières algéro-marocaines, un sujet sensible que le pouvoir algérien considère comme un tabou. Pourtant, il ne s'agit que d'une réalité historique, largement documentée, mais qui contrarie le discours officiel prôné par Alger. Dans ce contexte, la répression contre Sansal s'inscrit dans une stratégie plus large visant à étouffer toute critique interne ou externe. Ce choix politique, combiné à une gestion autoritaire des affaires publiques, contribue à isoler davantage l'Algérie sur la scène internationale. Les conséquences économiques et diplomatiques de cette posture se font déjà sentir, dans un contexte où le pays peine à trouver des alliés fiables.