«La fabrication de la figure de la victime dans la communication des ONG de défense des droits de l'homme», est le sujet choisi par l'ancienne épouse du pratiquant de kickboxing Zakaria Moumni, empêtré dans un scandale d'extorsion de fonds, pour son mémoire de master. Taline Sarkissian, ancienne épouse de Zakaria Moumni soupçonné d'escroquerie, avait publié un mémoire de master intitulé «La fabrication de la figure de la victime dans la communication des ONG de défense des droits de l'homme». Elle l'avait soutenu en 2018. Afin d'internationaliser son cas, le couple Moumni avait contacté «plusieurs organisations de défense des droits de l'homme» ainsi que des activistes qui, selon toute vraisemblance, auraient été bernées par le cas de ce binôme controversé. La liste des soutiens de Zakaria Moumni est incroyable, évoquée par ce dernier lui-même : «Eric Goldstein, Brahim Elansari, Jean-Marie Fardeau (HRW), Khadija Ryadi (AMDH), Ayad Ahram (ASDHOM), Annie Delay, Samira Bouslama, Agathe Battistoni, Sirine Rached, Geneviève Garriguos (Amnesty International), la FIDH, l'ACAT, Mohammed Jaite et tous les autres membres de l'AMDH Paris. La directrice du centre Primo-Levi à Paris, Sibel Agrali, et tous les membres de ce centre, l'Association de défense des droits de l'homme au Maroc (ASDHOM), l'Association marocaine des droits humains (AMDH), les Amis de l'AMDH-Paris, le Forum marocain Vérité et Justice – Section de France (FMVJ-France), l'Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), l'Association des Marocains en France (AMF), La Voie démocratique (VD), le Parti de l'avant-garde démocratique et socialiste (PADS-Fédération d'Europe), le Forum pour la solidarité et la citoyenneté des Marocains à l'étranger (FSCME), le Parti socialiste unifié (PSU), AFD-France.» Encore plus incroyable, le mémoire de Taline peut être, d'une certaine manière, l'anti-livre qu'elle avait co-écrit avec son mari son 2015, où elle raconte : «Je me souviens de ma joie quand le premier rapport d'Human Rights Watch, condamnant la torture, le faux procès et l'incarcération de Zak est sorti en avril 2011, suivi de celui d'Amnesty International en juin. Chaque parution était une victoire. Chaque rapport d'une ONG reconnue était un argument supplémentaire pour intéresser les journalistes. Même s'il n'était pas simple de parler de violation des droits de l'homme au Maroc, tant le pays jouissait d'une image idéalisée dans les médias français. Je m'en suis rendu compte au fil des mois, quand les ONG m'ont expliqué que le Royaume gérait sa communication comme une entreprise, via un bureau de presse installé à Paris.» Partout la propagande des ONG, se décorant elle-même de tous les noms, promet aux (faux) opprimés l'émancipation et le redressement de leurs griefs. Elles ne se préoccupent que de s'attaquer à l'image du Maroc. Le soutien accordé à Moumni était un fait factice et violent, destiné, depuis des années, à vicier le développement de la bonne image du Maroc et à la plonger peut-être dans un mal sans remède. Elles assignent ainsi à leur action humanitaire un but tout politique. Le processus, bien rôdé, le raconte lui-même dans son livre L'Homme qui voulait parler au roi (Calmann-Lévy, 240 pp, 2015), afin de coopter des soutiens pour sa cause. «Ce soir-là, j'ai surfé sur Internet jusque tard dans la nuit, épluchant les annuaires des principales associations de défense des droits de l'homme, repérant les noms, les adresses qui pourraient m'être utiles, et j'ai commencé à envoyer des e-mails. Je me souviens que maître Jamaï m'avait transmis le contact d'Eric Goldstein, le directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch, et que Larbi m'avait conseillé de joindre la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) ainsi qu'Amnesty International et l'Association des droits de l'homme au Maroc (ASDHOM). On m'avait également communiqué les coordonnées de l'ACAT (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture).» Plus loin, Taline narre : «Mon premier objectif a été d'alerter toutes les organisations internationales des droits de l'homme pour qu'elles se saisissent du cas de Zak. Je me souviens de ma joie quand le premier rapport d'Human Rights Watch, condamnant la torture, le faux procès et l'incarcération de Zak est sorti en avril 2011, suivi de celui d'Amnesty International en juin. Chaque parution était une victoire. Chaque rapport d'une ONG reconnue était un argument supplémentaire pour intéresser les journalistes. Même s'il n'était pas simple de parler de violation des droits de l'homme au Maroc, tant le pays jouissait d'une image idéalisée dans les médias français. Je m'en suis rendu compte au fil des mois, quand les ONG m'ont expliqué que le Royaume gérait sa communication comme une entreprise, via un bureau de presse installé à Paris.» Plus loin : «Peu à peu, il m'a aussi décrit ses codétenus, jeunes pour la plupart et qui se retrouvaient souvent en prison pour des agressions mineures, 80 % de vols à l'arraché. Il y avait aussi deux types condamnés à de lourdes peines, voire à perpétuité (…) Sur le moment, Zak a choisi de m'épargner et s'est surtout confié à Florence Beaugé, la journaliste du Monde, à Samira Bouslama, d'Amnesty International ou à Brahim Elansari, d'Human Rights Watch.» Plus loin : «Le verdict devait être rendu le 22 décembre et sans même attendre le résultat, j'ai acheté le billet d'avion de Zak pour Paris. Après une telle audience, mon mari serait forcément de retour pour Noël. Quelques jours auparavant, le 8 décembre, Patrick Baudouin, qui n'était pas encore son avocat mais agissait en tant que président d'honneur de la FIDH, avait envoyé une lettre au roi lui demandant la libération de Zak. Human Rights Watch, Amnesty International, l'AMDH, la FIDH, toutes les ONG ont fait de même.»