La pérennité des TPE est aujourd'hui menacée par la crise. Ce segment d'entreprises a subi un arrêt temporaire ou définitif de ses activités durant le confinement. Résultat : une baisse du chiffre d'affaires inédite et des faillites en cascade. Cependant, le PLF 2021 n'inclut pas des mesures destinées à la reprise économique des TPE-PME qui subissent encore les effets de la récession due à la crise sanitaire. Le gouvernement pjdiste réaffiche ainsi son intention de ne pas donner de coup de pouce au centre névralgique de l'économie marocaine. Contacté par Barlamane.com, Abdellah El Fergui, président de la Confédération marocaine de TPE-PME, dénonce « l'inaction » du gouvernement face à l'urgence de la mise en place de mécanismes permettant la résurrection des TPE défaillantes. « Le soutien aux TPE empêchera la disparition de nombreuses entreprises et, par conséquent, le maintien des emplois, l'un des axes les plus importants du plan de relance », a-t-il indiqué. Intelaka : le taux de réalisation du programme a atteint 70.37%, un chiffre trompeur ? Le ministre du Travail et de l'Insertion professionnelle, Mohamed Amekraz, a annoncé, mardi 20 octobre devant la Chambre des conseillers, que le programme Intelaka (NDLR : qui cible les entrepreneurs qui veulent créer leur entreprise ou ayant une entreprise qui n'a pas plus de 5 ans et un chiffre d'affaires qui ne dépasse pas 10 MDH) a pu redémarrer vers juin et juillet, après avoir été suspendu en raison de la pandémie. Ainsi, quelque 9 500 entreprises ont bénéficié de ce programme, dont 2 000 en milieu rural. Le responsable a également noté que cet accompagnement a permis la création de 1 372 postes d'emploi et de 1 173 TPE et activités génératrices de revenus. Selon ce bilan, le taux de réalisation du programme a atteint 70.37%. Toutefois, le président de la Confédération marocaine de TPE-PME estime qu'il s'agit de chiffres « gonflés et trompeurs qui ne collent pas à la réalité du terrain ». « Il n'y a pas eu de réponses aux multiples demandes formulées par les porteurs de projets ni les entreprises, dont l'activité ne dépasse pas cinq ans (...) Je pense que le redémarrage effectif du programme Intelaka ne sera possible qu'à partir de janvier prochain à la suite de l'entrée en vigueur du nouvel exercice budgétaire », souligne-t-il. Les doléances de la Confédération marocaine de TPE-PME restent lettre morte à chaque exercice budgétaire Jusqu'à présent, l'Exécutif n'a pas encore proposé de programme de relance spécifique aux TPE qui ont été largement oubliées lors de l'élaboration du PLF 2021, défend Abdellah El Fergui. « Aujourd'hui, le débat public autour du PLF passe sous silence la question de la toute petite entreprise. D'ailleurs, cette année, nous avons refusé de déposer nos propositions puisque nos doléances restent lettre morte à chaque exercice budgétaire », mentionne-t-il. D'après lui, le gouvernement et ses différents partenaires, notamment le patronat et la Banque centrale, favorisent les grandes et moyennes entreprises pour la relance économique, alors que celle-ci requiert de faciliter davantage l'accès des TPME à la fois au financement et à la commande publique. Il rappelle, dans ce sens, qu'il a tenu plusieurs réunions avec le Chef du gouvernement pour débattre des différents dispositifs d'accompagnement des activés de la TPE, tels que le programme de financement pour les TPME et autoentrepreneurs, l'accès aux marchés publics ainsi que l'augmentation du plafond du microcrédit, tout en présentant des propositions susceptibles de donner un nouveau souffle aux TPE. Saad Dine El Otmani n'a, toutefois, jamais tenu ses promesses, notamment l'élaboration d'une loi qui définit les TPE. D'ailleurs, le ministre des Finances a relevé (NDLR : en février) le plafond du chiffre d'affaires de la TPE de 5 à 10 MDH à l'occasion du déploiement du programme d'appui et de financement des entreprises. Et ce, « sans s'être concerté avec la Confédération au préalable. Les TPE sont ainsi les éternelles oubliées des mesures de relance et de croissance ». Est-il nécessaire de doter la TPME d'un « Small Business Act » ? Le président de la CGEM, Chakib Alj, a souligné, le 24 septembre dernier, la nécessité de mettre en place un « Small Business Act » pour assurer à la TPE davantage d'accessibilité à la commande publique avec des incitations et des garanties appropriées. A ce titre, soulignons qu'en février 2019, le ministre de l'Économie et des Finances, Mohamed Benchaâboun, avait annoncé la préparation de ce mécanisme qui repose sur deux axes, à savoir l'amélioration du climat des affaires et la mise en œuvre de politiques, de mesures incitatives et de programmes d'accompagnement en faveur des entreprises, spécifiquement les TPE, dans l'objectif d'améliorer leur compétitivité. M. El Fergui note qu'aujourd'hui la Confédération et les entrepreneurs qui chapeautent les TPE ignorent qui, entre la CGEM et le MEFRA, sera amené à élaborer ce SBA et qu'ils ne valideront, en aucun cas, ce mécanisme étant donné qu'ils n'ont jamais été impliqués dans le processus de son élaboration. D'ailleurs, il souligne que ce Small Business Act se rapproche à l'ancienne stratégie nationale pour la TPE. Il s'agit d'une feuille de route, qui a été présentée le 17 mai 2017 qui s'articule autour de 4 axes. Le premier porte sur les mesures fiscales (l'élargissement de l'assiette notamment via l'intégration du tissu des TPE). Elle prévoit également la révision des coefficients appliqués du forfait ainsi que l'instauration d'une comptabilité simplifiée. « Une stratégie qui est restée, malheureusement, en jachère. Avec l'arrivée de MHE, une stratégie d'accélération industrielle a vu le jour et qui a été dotée d'un budget de 20 MMDH au grand dam de la TPE, jetée aux oubliettes (...) », a-t-il conclut avec amertume.