Le capital humain a joué, durant la dernière décennie, un rôle déterminant dans la réforme de l'administration marocaine. D'importants efforts ont été consentis, dans ce sens, afin de doter l'administration marocaine de compétences nécessaires ainsi que d'améliorer la situation matérielle de l'ensemble des fonctionnaires. C'est dans cette optique que le ministère des finances a soumis à l'examen un rapport détaillé sur la situation des ressources humaines au Maroc. Ce document, inscrit dans le cadre du projet de loi de Finances pour l'année budgétaire 2013, fait la lumière sur certains aspects méconnus de l'évolution des effectifs de la fonction publique au cours des 10 dernières années. Des recommandations sont ainsi relevées afin de rectifier le tir et d'améliorer le rapport de la masse salariale au PIB, de rééquilibrer les dépenses de l'Etat, ainsi que de réduire certains écarts d'ordre géographique et gendérique. Se référant au rapport des ressources humaines, tel qu'il est présenté au Parlement, l'effectif budgétaire global du personnel de la fonction publique marocaine a enregistré durant la dernière décennie (2003-2012) une augmentation totale de 5,68 %, soit une évolution annuelle moyenne de 0,62 %. En effet, l'effectif budgétaire à ce jour est de l'ordre de 883.916 personnes contre 836.365 observé en 2003. De même le taux de couverture effectif-population active est de 5,53%, marquant une stabilité comparativement à 2003. La période 2003-2012 a connu une création croissante des postes budgétaires juste après l'opération du départ volontaire. Ainsi, leur nombre durant la décennie a atteint 137.646 dont 71 % créés entre 2008 et 2012. Compte tenu de cette donne, le rapport tire une conclusion importante, incitant à «déployer davantage d'effort pour la stabilisation des effectifs de l'administration marocaine tout en adoptant une politique de recrutement étudiée et ciblée pour les années à venir pour assurer la bonne marche du service public et répondre aux nouveaux défis de l'administration». En analysant la répartition des créations des postes entre 2003 et 2012, on relève la domination de quatre départements stratégiques, à savoir l'éducation nationale (38%), l'intérieur (30%), la santé (11%) et l'administration de la défense nationale (7%). «Cette répartition affiche l'effort considérable déployé par le gouvernement pour accompagner les stratégies sectorielles et les besoins urgents de certains départements en ressources humaines afin de répondre aux prestations sociales et aux urgences des chantiers importants ouverts», relève-t-on dudit rapport. En 2012, 33% des postes budgétaires créés ont été affectés à l'éducation nationale, 29% à l'administration de la défense nationale, 18% au ministère de l'intérieur et 12% répartis entre les départements de la santé, de l'enseignement supérieur, de la justice et de l'économie. Par grade, la catégorie des grades classés aux échelles 10 et plus représente 60,25% des effectifs budgétaires. S'agissant du taux d'encadrement actuel, il se situe aux alentours de 60%. «Un taux qui devrait être amélioré afin de répondre aux objectifs de modernisation de l'administration et du recentrage sur ses missions régaliennes», indique-t-on dans le rapport. Par répartition géographique, le document relève une forte concentration des fonctionnaires civils de l'Etat au niveau de l'axe Casablanca-Rabat-Kénitra, soit 37% de l'effectif global civil. Par ailleurs, l'administration marocaine connaît une faible proportion des jeunes. Ainsi, 13% des fonctionnaires ont moins de 30 ans au moment où 60% des effectifs de la fonction publique se situent entre 40 et 60 ans. L'analyse de la pyramide d'âge permet de prévoir les départs à la retraite de 35,57% des personnels civils dans les 10 prochaines années, 62,43% dans les 20 prochaines années et 88,22% dans les 30 prochaines années. Notons que la représentativité féminine dans l'administration publique reste faible, soit 31% de l'effectif global. En vue d'améliorer ce taux, le rapport invite les responsables à entreprendre des mesures incessantes afin d'être en phase avec les principes fondamentaux de la nouvelle Constitution prônant la parité entre les hommes et les femmes. «Cet objectif peut être atteint à travers, notamment, des efforts visant l'amélioration du taux de scolarisation de la fille principalement en milieu rural», conclut le rapport.