Du premier regard, on penserait qu'il s'agissait d'un banquier sans cravate. Il porte un costume gris, une chemise blanche et des chaussures noires. Alors qu'en fait, il n'est question que d'un simple escroc. Le voilà qui se tient, en ce jour du mois d'août, dans le box des accusés à la salle d'audience de la Chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Casablanca. Ses victimes occupaient des sièges parmi l'assistance, avant que le magistrat ne leur ait intimé l'ordre de quitter la salle d'audience et d'attendre qu'elles soient appelées pour apporter leurs témoignages. Chacune d'elles parle de somme d'argent qu'elle avait perdue. Deux mille, cinq mille, voire vingt mille dirhams, etc. La contrepartie n'était que de fausses promesses. Seulement, notre jeune homme qui répond au prénom de Zakaria, âgé de trente-cinq ans, nie catégoriquement, devant le magistrat, les accusations qui lui ont été attribuées. Il nie même avoir rencontré l'une de ses victimes qui se sont succédé pour témoigner devant le tribunal. C'est par un pur hasard que l'une d'elles l'avait rencontré dans un café. Une petite conversation s'est engagée entre les deux a été soldée par une offre d'emploi de la part de Zakaria. La victime, un jeune homme de vingt-huit ans, sans emploi, a accepté l'offre qui bien évidemment n'est pas gratis. Zakaria a, en effet, demandé un montant de cinquante mille dirhams, en contre-partie de son entremise. Après marchandage, le montant de trente mille dirhams a été fixé. Il a exigé la moitié de la somme comme avance. Une semaine plus tard, les quinze mille dirhams étaient dans sa poche. Et depuis, il n'a plus donné signe de vie. Pour une deuxième victime, il a soutiré une somme de cinq mille dirhams. Il lui a promis de lui procurer un contrat de travail à Dubaï. La somme exigée était de vingt mille dirhams. Mais, la promesse n'a pas été tenue. À la troisième victime, il a promis une immigration légale vers l'Espagne. Il lui a réclamé cinquante mille dirhams dont il a empoché vingt mille dirhams avant de disparaître. Et ainsi de suite. Une douzaine de victimes qui se sont succédé à la barre pour raconter leurs histoires avec Zakaria. Mais, à chaque fois, lui, il affirmait ne les avoir jamais vues. N'ayant pas tenu compte de ses allégations, le tribunal l'a jugé coupable d'escroquerie et l'a condamné à deux ans de prison ferme.