Abdelmoughite est condamné par le tribunal de première instance de Casablanca à 2 ans de prison ferme. Il arnaquait ses victimes en leur promettant des contrats de travail à l'étranger. Chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Casablanca. Abdelmoughite clame haut et fort son innocence. Il affirme n'avoir jamais arnaqué personne. Il nie toute relation avec Saâdia, Fatima et Abdelkhalek. Ces derniers l'accusent d'escroquerie. «Monsieur le président, il m'a promis de m'aider à émigrer vers la France. Il m'a expliqué qu'il dispose de contrats de travail», affirme le premier témoin. « C'est lui, Monsieur le président. Il m'a dit qu'il s'appelle Mourad et non pas Abdelmoughite », renchérit le deuxième témoin. Et pourtant Abdelmoughite persiste à nier les faits retenus contre lui.Toutefois, ses déclarations consignées dans le procès-verbal le mettent en cause. Selon ce document, il est le complice d'un escroc notoire qui promet monts et merveilles aux rêveurs de l'eldorado. Il lui amenait des candidats à l'émigration clandestine. En contrepartie, il recevait une commission allant de mille à deux mille dirhams. Après l'arrestation de l'escroc, Abdelmoughite décide de travailler seul. De gauche à droite, il fait circuler une rumeur selon laquelle il a aidé plusieurs personnes à émigrer vers l'Europe. Et les victimes commencent à affluer en grand nombre. Chacun d'eux lui verse des sommes allant de dix à cinquante mille dirhams. Saâdia, l'une de ses victimes, a attesté devant le tribunal qu'elle a fait sa connaissance par l'intermédiaire d'un rabatteur. Ayant quitté l'école très tôt, elle rêvait de regagner l'Espagne. Abdelmoughite lui a promis de trouver un contrat de travail contre trente mille dirhams. Elle lui a versé un acompte de cinq mille dirhams. Dès qu'il a empoché l'argent, il n'a plus donné signe de vie. Quant à Fatima, elle l'a croisé dans un café. Cette fille de joie voulait abandonner son maudit métier et souhaitait gagner sa vie honnêtement. Pour un contrat de travail, elle lui a remis vingt mille dirhams. «Seulement, il n'a pas tenu ses promesses», témoigne-t-elle devant le tribunal. Cette victime de trente-six ans a précisé l'avoir rencontré à maintes reprises pour réclamer son argent. Toutefois, il lui expliquait que son ami français, propriétaire d'une société de nettoyage, ne lui a pas encore envoyé les contrats de travail. Il ajoutait qu'il attendait que les autorités françaises lui signent les documents nécessaires pour accueillir la main-d'œuvre étrangère. Plus tard, elle s'est rendu compte qu'il ne s'agissait que d'une affaire d'escroquerie. Autre victime, Abdelkhalek a déclaré au tribunal qu'il avait rencontré Abdelmoughite dans un bar sis rue de Chaouia. En engageant la conversation, il lui a expliqué qu'il dispose de contrats de travail. Il lui a versé une somme de trois mille dirhams comme acompte. Mais, depuis cette soirée, il ne l'a plus revu. Volatilisé. Après avoir entendu les témoignages des victimes, le président du tribunal donne la parole à l'avocat de l'accusé. Il avait plaidé l'innocence de son client. Il a également ajouté dans sa plaidoirie la possibilité de l'existence d'une autre personne lui ressemblant et qui est responsable de cette affaire d'escroquerie. Cette thèse a été rejetée par le substitut du procureur du Roi qui a requis la peine maximale. Après les délibérations, le tribunal a condamné le mis en cause à deux ans de prison ferme.