Repris de justice, Mohamed, un sexagénaire, a été condamné à deux ans de prison ferme pour escroquerie. Il arnaquait ses victimes, les rêveurs de l'eldorado, en leur promettant des contrats de travail en Espagne. Tribunal de première instance de Casablanca. Le greffier de la Cour appelle l'accusé Mohamed, un sexagénaire, à la barre. «Tu es accusé d'escroquerie. Qu'en dis-tu?», lui a adressé le magistrat de la chambre correctionnelle. Mohamed a nié les faits et a crié son innocence. «Je ne suis pas un escroc» a-t-il lancé. Cependant, les faits consignés dans le procès-verbal ont avancé une autre version des faits. Il promettait à ses victimes des contrats fictifs de travail en Espagne contre une grande somme d'argent. D'abord, Mohamed a été arrêté en flagrant délit après avoir été dénoncé par l'une de ses victimes. Il s'apprêtait à lui voler une somme d'argent de 3.500 dirhams. L'accusé lui a déjà filouté 400 DH contre la préparation du dossier pour le fameux contrat de travail en Espagne. Prudente, la victime a alerté la police quand Mohamed lui a demandée une nouvelle somme d'argent. Pour l'appréhender, la police lui a tendu un piège. La personne qui a alerté la police a fixé un rendez-vous avec Mohamed pour lui remettre l'argent. Recevant le magot, il s'est retrouvé entouré par les limiers. Menotté, il a été conduit au commissariat. Et comme une poignée de poudre, l'information s'est répandue quelques minutes plus tard dans la ville. Ses victimes, une vingtaine environ, ont rué vers le commissariat pour porter plainte. Sexagénaire, marié et père de trois enfants, Mohamed est un repris de justice. Il a déjà purgé, à la prison de Marrakech, une peine d'emprisonnement ferme d'un an pour émission de chèques sans provision. C'est lors de cette expérience carcérale qu'il a appris un autre moyen pour arnaquer les gens et gagner rapidement de l'argent. Une fois relâché, il a quitté la ville ocre à destination de Rabat avant de regagner Casablanca. Inconnu dans la capitale économique, le sexagénaire a commencé à fréquenter quelques cafés du centre-ville et a fait courir la rumeur qu'il est un ressortissant marocain en Espagne et qu'il dispose de plusieurs contrats de travail dans des champs d'agriculture. De bouche à l'oreille, il a commencé à récolter les fruits de l'écho de sa rumeur. «Je suis le représentant d'une société qui dispose de terrains d'agriculture en Espagne », affirmait-il à ses victimes. Il leur présentait des documents pour les convaincre de la véracité de ses propos. Contre chaque dossier, le candidat devait payer entre 400 et 1000 dirhams. « Ce sont les frais de l'envoi du dossier à la société en Espagne », expliquait-il à ses victimes. Il leur a même promis de se charger des passeports. Il leur demandait seulement un extrait d'acte de naissance, une photocopie de la carte d'identité nationale et huit photos d'identité. Il leur expliquait qu'ils doivent lui payer une somme allant de 3.500 à 5.000 dirhams une fois le dossier est accepté. Et il a commencé à collecter de grandes sommes d'argent en convainquant ses victimes qu'ils imigreront une fois leurs cartes de séjour seront établies. Après quoi, il a quitté Casablanca pour d'autres villes marocaines. À chaque ville, il n'hésitait pas à mettre des dizaines de victimes dans son filet pour disparaître par la suite. De retour à Casablanca, il a repris sa délictuelle activité. Seulement, il a mis cette fois-ci la puce à l'oreille de sa première victime. Devant le tribunal, Mohamed a rejeté toutes ces accusations. Mais ses victimes qui ont répondu à la convocation du tribunal l'ont condamné. Leurs témoignages étaient une preuve indéniable qui ne lui a pas permis d'échapper à une peine d'emprisonnement de deux ans de prison ferme. La prison le corrigera-t-il cette fois-ci ?