Le PJD (Parti de la Justice et du Développement) fait-il toujours peur ? L'état de santé de cette formation se mesurera à l'aune des prochaines élections communales. Le test du 12 septembre aura certainement un sens même si le PJD a proclamé d'avance son intention de ne pas couvrir l'ensemble des élections. Un rendez-vous sur lequel il misait, il y a quelques mois encore, pour partir à la conquête des communes du pays où il est faiblement représenté (justes quelques conseillers ici et là). Le PJD (Parti de la Justice et du Développement) fait-il toujours peur ? L'état de santé de cette formation se mesurera à l'aune des prochaines élections communales. Le test du 12 septembre aura certainement un sens même si le PJD a proclamé d'avance son intention de ne pas couvrir l'ensemble des élections. Un rendez-vous sur lequel il misait, il y a quelques mois encore, pour partir à la conquête des communes du pays où il est faiblement représenté (justes quelques conseillers ici et là). Plus que la fonction parlementaire, la démocratie locale est un excellent marchepied pour les islamistes dès lors qu'il leur permet d'être en contact permanent, officiellement et à visage découvert, avec la population. Mais les événements dramatiques du 16 mai en ont décidé autrement. Ils ont non seulement chamboulé les calculs de Ramid et de ses amis, mais ils ont sérieusement mis en difficulté un parti qui était avant cette date promis à un bel avenir politique. Les convulsions provoquées à l'intérieur de la citadelle islamiste légalisée autant par les attentats-kamikazes de Casablanca que par les propos tenus quelques jours avant le 16 mai par l'ex-chef du MUR (Mouvement unicité et réforme) au sujet de l'institution du Commandeur des croyants ont révélé beaucoup de choses jusqu'ici insoupçonnées. À savoir la mainmise réelle du Mouvement sur les structures du PJD. En effet, le leader de ce dernier, Abdelkrim El Khatib, a découvert qu'il cautionnait “à l'insu de son plein gré“ un jeu politique clair-obscur dont il ne maîtrisait pas toutes les données. Piquant une colère noire, M. El Khatib est allé jusqu'à traiter Ahmed Raïssouni d'imbécile. Il a beau vouloir reprendre les choses en main, il ne tardera pas à réaliser que le parti qu'il croyait tenir était inféodé aux idéologues du MUR. Ahmed Raïssouni, par qui le scandale est arrivé, se sentira dans l'obligation de démissionner de la présidence. Mais il continue, en grand manitou islamiste, à gérer les affaires du MUR. C'est son mouvement avec certaines figures ayant la double casquette (PJD et MUR) qui a la haute main sur les candidatures aux prochaines communales. Les personnes accréditées par le PJD, on s'arrange pour les exclure selon une procédure démocratique de façade au profit des candidats estampillés MUR. C'est le MUR qui prépare donc les élections communales et non le PJD. C'est le MUR qui maîtrise l'appareil et non le PJD. Le véritable patron c'est Ahmed Raïssouni et non Abdelkrim El Khatib. Le PJD n'existe donc que pour fournir l'étiquette politique aux militants du MUR. Abdelkrim El Khatib accepte-t-il de continuer à servir de marque de fabrique au mouvement qui a phagocyté son parti et trahi sa confiance ? Le nationaliste qu'il est et qu'il restera est interpellé plus que jamais. Maintenant que des divergences de fond ont éclaté au grand jour entre le parti et le mouvement, il est obligé d'en tirer les conséquences. À trop vouloir faire de la politique là où il convient de faire jouer sa sagesse coutumière, le docteur Abdelkrim El Khatib risque de mettre en jeu sa propre crédibilité.