Le PJD avait soutenu le candidat de l'USFP contre celui de l'Istiqlal lors de l'élection du maire de Fès. Cette bataille perdue, le PJD s'est allié à l'Istiqlal pour faire élire un président d'arrondissement. Après l'annonce des résultats des élections communales du 12 septembre dernier, le Parti de la Justice et du Développement a occupé la troisième place dans le classement des partis politiques. Avec neuf sièges, le PJD est devancé par l'USFP qui a récolté 14 sièges et l'Istiqlal qui s'est adjugé vingt-trois sièges au conseil de la commune urbaine de la ville. Juste après l'annonce de ces résultats, les alliances ont commencé à s'effectuer. Résultat de la course: le PJD s'est retrouvé dans le même camp que l'USFP et les autres partis de la gauche socialiste. "Une alliance contre nature", ont crié les détracteurs de ce camp, notamment les istiqlaliens regroupés autour de leur candidat, Hamid Chabat. Ce dernier a fini par remporter le bras de fer. Chabat occupera pendant les six prochaines années le fauteuil du maire de Fès. Ce qui attire l'attention des observateurs, c'est beaucoup moins la victoire sans surprise de Chabat, que l'alliance entre les ennemis de toujours à savoir l'USFP et le PJD. En fait, avant même le 12 septembre, date des consultations, les responsables du PJD, en l'occurrence, le secrétaire général adjoint, Saâd Eddine El Othmani, a souligné que son parti est prêt à collaborer avec tous les partis, y compris l'USFP. Juste après ces déclarations, des responsables de l'USFP ont riposté en disant que le parti de Abderrahmane Youssoufi est disposé à s'allier à toutes les formations politiques excepté le PJD. Voilà qui a donné le ton! En fait, toutes les tractations pour la présidence des conseils communaux où le PJD est présent ont tourné autour de cette rivalité. D'un côté, le PJD et d'un autre côté, l'USFP. L'un barrant la route au second. Sauf à Fès où les élus des deux partis ont déclaré la guerre au même candidat, Hamid Chabat. Les élus du PJD ont ainsi soutenu l'élu Usfpéiste, Filali Baba. Toutefois, pour une fois que les deux formations ennemies s'associent, leur entreprise finit inéluctablement à l'échec. De quoi réconforter les plus extrémistes des deux bords. En fait, la coopération entre les candidats Fèssis du PJD et leurs camarades de l'USFP n'aura été que de courte durée. En fait, le PJD et le Parti de l'Istiqlal ont signé au lendemain de l'élection de Hamid Chabat, un pacte de bonne entente dans lequel les élus du PJD reconnaissaient en Hamid Chabat "the right man in the right place". Cet accord prévoit deux éléments essentiels: d'une part, les élus du PJD allaient se retirer de l'opération d'élections des présidents des conseils d'arrondissements, en contrepartie de l'IStiqlal qui allait voter en faveur du candidat PJD dans l'arrondissement de Saïss. Comme prévu, les deux partis ont fini par coopérer lors de l'élection des présidents des conseils d'arrondissements. Les élus du PJD n'ont pas assisté à l'opération d'élection de plusieurs arrondissements où finalement les candidats de l'Istiqlal ont tous été élus au poste de présidents. Conformément au pacte de bonne entente, c'est Hamid Fettah, coordinateur du PJD dans l'arrondissement de Saïss qui a été élu au poste de président du conseil. Son premier vice-président n'est autre que Ahmed Agharbi, inspecteur istiqlalien dans le même arrondissement. Le cas de Fès est édifiant. Le PJD a montré qu'il était capable de jouer le jeu politique tel qu'il se pratique au Maroc. En politique, les bonnes occasions se présentent rarement et quand c'est le cas, il faut les saisir rapidement. En outre, si un choix politique s'est avéré mauvais, il faut coûte que coûte le transformer en réalisations. Les élus de Fès, malgré leur échec dans l'élection du maire, ont su retirer leur épingle du jeu (contrairement aux usfpéistes) en s'adjugeant au moins un fauteuil de président d'arrondissement, celui de Saïss. Chacun interprète les performances du PJD à sa manière. Certains y voient de l'opportunisme, d'autres de la prouesse. En tout cas, les résultats sont de loin favorables au PJD. Le parti de Abdelkrim El Khatib a réussi à se défaire de l'embargo dont il souffrait depuis le 16 mai. Son image de marque est on ne peut plus reluisante.