Désormais, nos jeunes bacheliers devront justifier de 620 euros de revenu mensuel pour venir étudier en France, soit 30% de plus qu'auparavant. La France ne veut plus d'étudiants étrangers pauvres ou de condition modeste. Seuls les étudiants fortunés seront en mesure d'y poursuivre leurs études. C'est ce qui découle du décret du ministre de l'intérieur Claude Guéant, publié le 6 septembre au Journal officiel. Le texte juridique durcit les conditions d'obtention ou de renouvellement des visas étudiants en imposant de nouvelles conditions financières. Désormais, nos jeunes bacheliers devront justifier de 620 euros de revenu mensuel pour venir étudier en France, soit 30% de plus qu'auparavant. Jusqu'à présent, il fallait justifier de 460 euros de ressources mensuelles pour obtenir ses papiers. Le ministère de l'intérieur tient toutefois à rassurer les étudiants en précisant que seuls les nouveaux étudiants seront soumis à l'augmentation de ces ressources, que les étudiants déjà en France ne devraient pas craindre ce décret et que les préfectures ne seraient pas trop regardantes. Autrement dit, ce décret sera appliqué avec «discernement» pour cette catégorie d'étudiants. Pour justifier cette hausse, le ministère de l'intérieur invoque deux raisons. La première est la lutte contre l'immigration irrégulière étant donné que le ministère de l'intérieur estime que chaque année une partie des 66.000 visas délivrés aux étudiants étrangers est attribuée à des «faux étudiants». La seconde raison est assez surprenante, cette hausse permettrait de s'assurer que «les étudiants étudient bien» et qu'ils n'ont pas à travailler en parallèle pour payer leurs études. Pour cela, le ministère de l'intérieur s'appuie sur un rapport du ministère de l'éducation nationale qui pointait en 2005 le manque d'argent des étudiants étrangers. Ce durcissement des critères financiers continue de susciter la polémique en France et à l'étranger. Les jeunes étudiants étrangers dans l'Hexagone intensifient la dénonciation de ces nouvelles mesures qui nuisent à l'image de la France. Le décret Guéant a aussitôt été dénoncé par les associations de défense des droits des étrangers et les associations d'étudiants en France. Rappelons que dans un communiqué publié le 13 septembre 2011, l'Union nationale des étudiants de France (UNEF) avait critiqué cette mesure en soulignant qu'«elle s'inscrit dans le durcissement continu des politiques d'immigration que le gouvernement nous impose depuis cinq ans. Immigration choisie, politique du chiffre, les barrières pour séjourner en France se sont multipliées. Chaque année, les étrangers venus pour étudier dans notre pays doivent faire face à une machine administrative implacable qui fait basculer des centaines d'entre eux dans l'irrégularité». D'autres associations, notamment l'UEAF (Union des étudiants algériens de France) et l'UEVF (Union des étudiants vietnamiens en France), avaient également fermement dénoncé cette mesure «qui fait de la fortune personnelle un critère d'entrée sur le territoire». Pour ces associations, cette nouvelle exigence financière n'a pas lieu d'être et doit être retirée au plus vite.