Le Centre antipoison et de pharmacovigilance du Maroc (CAPM) a recensé 5.826 cas d'intoxications en l'espace de 29 ans. Les adultes et les bébés marcheurs sont les plus touchés par ces intoxications. Les intoxications par les produits ménagers sont fréquentes au Maroc. Le Centre antipoison et de pharmacovigilance du Maroc (CAPM) a recensé 5.826 cas d'intoxications en l'espace de 29 ans. C'est ce qui ressort d'une étude qui a été réalisée du 1er janvier 1980 au 31 décembre 2008, et dont les résultats viennent d'être publiés dans la revue de «Toxicologie Maroc» du CAPM du 3ème trimestre 2011. Parmi les produits incriminés, l'eau de javel arrive en tête avec 65,1% des cas suivie par les déboucheurs de canalisation (23,2% des cas). Dans 76,1% des cas, l'exposition était accidentelle et volontaire dans 23,9% des cas. Ces produits peuvent entraîner des cas d'intoxication mortelle. L'étude précise à ce sujet que les déboucheurs de canalisation ont été à l'origine de 54 cas de décès, l'eau de javel concentrée (5 décès), désinfectant (2 décès). Les intoxications par ces produits sont de provenance urbaine dans 91,5 % des cas et sont survenues à domicile dans 96,8% des cas. Le sexe féminin représente 52,7% des cas avec un sex ratio (H/F) de 0,9. S'agissant des tranches d'âges les plus touchées par ce type d'intoxication, l'étude cite les adultes et les bébés marcheurs avec respectivement 40,5 et 34,3% des cas. Selon le CAPM, cette situation est attribuable au fait que les enfants curieux de nature ont tendance à tout porter à la bouche et à la négligence de la part des parents (produit laissé à la portée des enfants ou récipient facile à ouvrir). Chez les adultes, les accidents surviennent le plus souvent par imprudence (non-respect des consignes d'utilisation, ingestion par méprise après transvasement dans des récipients alimentaires, mélange de produits dégageant des gaz irritants). L'étude des caractéristiques cliniques de ce type d'intoxication a montré que 91,5% des cas étaient symptomatiques. Les affections du système gastro-intestinal étaient les plus rencontrées (46,4%), suivies des affections de l'appareil respiratoire (23,6 %), des affections de la peau et de ses annexes (12,2 %) et des troubles de l'appareil visuel (8,7%). L'étude révèle que les vomissements ont été provoqués à domicile dans 5,6% des cas et le lavage gastrique a été effectué dans une structure sanitaire avant l'appel au CAPM dans 4,4% de cas. Quant aux régions les plus touchées par ce type d'intoxication et ce de 2004 à 2008, Casablanca arrive en tête avec 389 cas, suivie de Rabat-Salé-Zemmour-Zaer (378 cas), Tadla-Azilal (239 cas), Marrakech-Tensift-Al Haouz (211 cas). Si l'on prend en compte l'incidence moyenne durant cette période, on relève une prédominance des cas dans la région de Tadla-Azilal (3,3 pour 100.000 habitants) suivie de la région de Rabat (3,1 pour 100.000 habitants). Face à ces intoxications, le CAPM a relevé plusieurs conduites aberrantes, notamment l'ingestion du lait, les vomissements pratiqués par l'entourage de l'intoxiqué, ainsi que le lavage gastrique pratiqué systématiquement par certains médecins. Le centre ne manque pas de rappeler que toutes ces pratiques sont formellement contre indiquées pour ce type d'intoxication. Dans un soucis de prévention et afin de réduire ce genre d'intoxication, le CAPM appelle à l'élaboration de stratégies basées sur des campagnes de sensibilisation pour le public et à une réglementation plus stricte pour les produits caustiques (étiquetage plus précis, remplacement des composants très toxiques de certains produits par des composants d'action moins nocifs, conditionnement plus hermétique).