Selon le dernier numéro «Toxicologie Maroc» du CAPM du 4ème trimestre 2010, 19.204 cas et 73 décès ont été recensés de 1980 à 2008. Les femmes sont les plus touchées avec 64,1% des cas. Les intoxications médicamenteuses constituent au Maroc la deuxième cause d'intoxication après les intoxications alimentaires. 19.204 cas ont été déclarés au Centre antipoison (CAPM) de 1980 à 2008, soit 21,9% de l'ensemble des intoxications. Le nombre de décès s'élève quant à lui à 73 soit, 0,5% des cas. C'est ce que relève le dernier numéro de sa publication officielle «Toxicologie Maroc» du 4ème trimestre 2010. Dans 18.175 cas, l'intoxication était due à un seul médicament. Parmi les médicaments les plus incriminés arrivent en tête de liste ceux du système nerveux (59,6% des cas) avec en tête le bromazepam ( 1578 cas). Selon le CAPM, sa grande implication dans les intoxications médicamenteuses s'explique par sa vente illégale dans le marché de contrebande. Viennent ensuite les médicaments du système respiratoire avec 9,1% des cas. Dans cette catégorie, la cyprohéptadine est la plus impliquée. Ce médicament, qui représente près de 5% du chiffre d'affaires des ventes en pharmacie au Maroc, pose un réel problème de mésusage chez certaines femmes marocaines qui désirent prendre du poids. Dans les familles médicamenteuses incriminées, figurent les médicaments du système génito-urinaire (6,9% des cas) et du système digestif et métabolisme (6,2% des cas). Par ailleurs, le CAPM indique que le grand nombre de décès est causé par le colchicine. Les décès enregistrés chez des jeunes adultes et adolescents sont tous le résultat d'un suicide. A ce sujet, le CAPM recommande l'élaboration d'une étude sérieuse pour examiner les causes profondes qui mettent ce médicament à la portée de la population. Parmi les causes des autres décès, il convient de relever l'intoxication au phénobarbital, un barbiturique lent, responsable de décès si la prise en charge est tardive. Les cas de décès suite à l'ingestion de ce médicament ont tous été liés à une détresse respiratoire. D'autres cas de décès ont été dus aux benzodiazépines. Dans 52,3% des cas, l'exposition était volontaire. Le CAPM note que les femmes sont les plus touchées avec 64,1% des cas. A noter que les intoxications médicamenteuses sont de provenance urbaine dans 92,8% des cas et sont survenues à domicile dans 96,7% des cas. L'incidence cumulée sur 5 ans a montré que les déclarations provenaient d'abord de la région de Rabat-Salé- Zemmour-Zaer (15,5 pour 100.000 habitants) suivie de la région du Grand Casablanca (6,8 pour 100.000 habitants). Dans ce rapport, le CAPM déplore le faible nombre des déclarations , en comparaison avec les autres pays. En France, par exemple, l'incidence annuelle des intoxications médicamenteuses serait de 151.000 cas et 2.000 décès. Une situation qui s'explique par l'absence de notifications et le faible taux de consommation des médicaments par les Marocains ( 400 DH par habitant annuellement). Les intoxications au Paracétamol Les intoxications par le Paracétamol sont fréquentes chez l'enfant. Le CAPM a enregistré 110 cas chez des enfants de moins de 10 ans sur une période de 29 ans. Il s'agit fréquemment d'erreurs médicamenteuses : erreur de prescription, illisibilité de l'ordonnance, erreur lors de la délivrance en pharmacie… Cela dit, l'erreur la plus fréquente est celle commise par les mamans qui, affolées par l'état fébrile de leur enfant, lui administre du Paracétamol suppositoire destiné à l'adulte au lieu du suppositoire forme pédiatrique. Parfois, elles associent d'autres médicaments qui contiennent du Paracétamol. Dans les heures qui suivent le surdosage, l'enfant est asymptomatique ou présente des troubles digestifs bénins. Ce qui ne doit pas rassurer les parents car une insuffisance hépatite aiguë s'installe de manière silencieuse et ne se révèle que deux à trois jours après l'intoxication. A ce stade, l'insuffisance hépatique devient irréversible et peut évoluer vers le décès.