République démocratique du Congo. Après l'éruption du Nyiragongo jeudi, 500.000 Congolais de Goma, Est de la RDC, avaient fui au Rwanda. Mais les mauvais souvenirs les font revenir dans leur région sinistrée. Trois jours seulement après le drame, dimanche, sur les 300.000 à 500.000 Congolais déplacés par la violence de l'éruption volcanique, beaucoup avaient déjà entrepris de regagner leur région. Et ce malgré les coulées de lave discontinues qui se déversent encore, dans le lac Kivu, ainsi que les vapeurs toxiques. A cela s'ajoutent les risques d'une nouvelle éruption - plus puissante encore que celle du 17 janvier – que les observateurs de l'ONU, dépêchés sur place, n'ont toujours pas écartés. Selon le ministre rwandais de l'Intérieur Damascene Ntiruhungwa, une nouvelle coulée, la quatrième, a même commencé à émerger du flan nord du Nyiragongo lundi soir. Par ailleurs, la majorité de ces réfugiés étant de Goma, située au bord du volcan, les familles retrouvent leurs habitations complètement détruites par la lave, quand elles n'ont pas été pillées par des groupes armés. Pourquoi une grande partie d'entre eux reviennent-ils alors sur les lieux du sinistre ? Si le Rwanda voisin a été leur principal refuge dans la panique de l'éruption, cette région évoque surtout le souvenir de plusieurs années de guerres et de catastrophes humanitaires. Après le génocide de 1994, la population locale avait vu arriver plus d'un million de Hutus rwandais entassés dans des camps sinistres, entre épidémies, milices et persécution de la part des Tutsis. Aujourd'hui, ces Rwandais font la loi au Kivu (Est), et les habitants se méfient d'eux. Ils préfèrent retourner dans leur ville, Goma, détruite à 40%, plutôt que de rester au Rwanda. «Vous ne convaincrez jamais quelqu'un de Goma de vivre dans un camp de réfugiés, il savent ce que c'est», a expliqué Adolphe Onusumba, chef du RCD-Goma (Rassemblement Congolais pour la Démocratie). Ce retour inconsidéré s'explique aussi par une aide humanitaire tardive. Deux camps d'urgence ont bien été installés par l'ONU, dimanche, le long de la frontière rwandaise, mais seules 5.000 personnes s'y sont présentées. Le Comité International de la Croix Rouge (CICR) a quant à lui livré du chlore à l'une des usines de traitement de l'eau, toute la région étant victime d'une pénurie d'eau potable. François Goermans, porte-parole de l'organisme humanitaire européen ECHO, expliquait pour sa part que l'électricité a été rétablie dans plusieurs secteurs de Goma, tandis que le CICR, avec l'aide des rebelles, a aussi commencé à distribuer des vivres lundi. Les entreprises rwandaises se mobilisent également pour venir en aide aux Congolais, comme c'est le cas pour Electrogaz. La société envoie plusieurs dizaines de milliers de litres d'eau potable par jour, par camions-citernes, dans la région de Gisenyi. Quant aux secours, il leur est difficile pour l'instant d'estimer le nombre de victimes puisqu'aux coulées de lave, se sont ajoutés la sous-alimentation, les gaz et les pillages. Ce qui rend la problématique de l'aide humanitaire encore plus complexe pour des ONG qui ont l'accès difficile dans ces régions.